samedi 27 février 2010

Elie G. Humbert - Ici et maintenant est une blessure



…. Il y a un autre type d'expériences qui est dans la relation à l'autre.
Vous voyez, quand on se situe dans cet ici et maintenant, si vous laissez aller votre émotion, si vous laissez aller votre sentiment, si vous laissez aller vos affects, qu'est-ce que vous allez trouver ?

Si vous suivez la ligne de votre douleur, vous avez l'impression que cette douleur vous vient parce que vous n'avez pas réussi ceci ou cela, parce que vous n'avez pas été compris ou comprise par telle ou telle personne, parce que vous n'avez pas trouvé la réponse, parce que vous n'avez pas trouvé l'être aimé.

Mais au-delà, quand on suit jusqu'au bout la ligne de sa douleur, on est très surpris de se retrouver bébé, bébé qu'on a laissé tout seul dans une pièce, un soir, bébé qui a été comme laissé de côté. Et c'est tellement étonnant, justement en partant de cet ici et maintenant qui se fait mal, en suivant nos souffrances et en ne se laissant pas arrêter par les paravents auxquels elles s'accrochent, qui sont notre entourage, en apparence, qui sont actuels, de découvrir que notre douleur va à cet état d'abandon.

Vous savez qu'on a parlé du traumatisme de la naissance - ça a été très discuté, je ne sais pas s'il y a un traumatisme de la naissance à proprement parler, enfin il y aurait beaucoup à dire là-dessus - mais ce n'est pas ça. La douleur qu'on retrouve c'est celle d'être seul, dans l'état d'abandon.

Et par rapport à ça, toujours en suivant la ligne des affects qui nous animent, suivez maintenant la ligne de votre désir. Qu'est-ce qu'on désire? Qu'est-ce que c'est ce désir? C'est celui qu'il y ait quelqu'un d'autre pour nous. C'est celui d'atteindre une espèce d'harmonie et que ce quelqu'un soit un autre être ou que ce soit Dieu ou que ce soit le monde. Ce désir c'est un désir d'union, de fusion, de totalité et pas seulement de totalité isolée. C'est un désir de totalité dans une harmonie, dans une correspondance. C'est ça qu'on désire. Quand on suit la ligne de notre désir et quand on l'écoute, qu'est-ce qu'on retrouve? On retrouve notre mère et on n'y échappe pas. Et ne croyez pas que ce soit un préjugé de psychanalyste.

Suivez maintenant la ligne de votre demande. Qu'est-ce qu'on demande? On demande d'être aimé? Ce n'est pas vrai. On demande d'être préféré. Encore tout récemment, j'entends une amie qui dit à son mari: « Mais, enfin, est-ce que ce n'est pas la chose la plus légitime du monde? La seule chose que je te demande c'est que tu me dises que tu m'as choisie. » Mais c'est atroce. Oui, c'est atroce. Pourquoi? (C'est tellement naturel, hein?) C'est atroce parce que vous demandez à un compagnon ou à une compagne d'être au service de votre blessure narcissique et il ou elle n'a vraiment pas été fait pour ça. Mais, encore ça, ça serait seulement une erreur. Mais pourquoi atroce? Parce que tant que vous lui demandez ça vous ne le ou la rencontrerez pas. Ce qui est atroce, c'est qu'il y a un leurre, il y a le leurre le plus naturel du monde.

Et, quand cette femme disait ça à son mari, je vous assure qu'elle était profondément dans ce qu'elle disait, profondément sincère et que ça lui paraissait profondément essentiel. Et elle se trompait et elle était trompée par sa demande parce que, tant qu'elle demandera à son mari de la choisir et de lui dire « je te préfère », son mari n'existera pas pour elle. Il sera seulement la mère qu'elle n'a pas eue et qu'elle ne pouvait pas avoir parce que la mère non plus n'avait pas à retenir l'enfant en le choisissant, en le préférant et que la mère devait bien l'abandonner, qu'elle devait bien le laisser partir et le laisser partir avec sa blessure.

Et ça signifie que cet ici et maintenant est une blessure.

C'est une des pratiques, une des voies par lesquelles on se retrouve: regardez où vous souffrez, regardez où est cette blessure, sentez-la et vous serez ici. Ça n'ira plus courir vers quelqu'un d'autre. Ça n'ira plus attendre. Ça n'ira plus demander cet autre, autre qui va s'occuper de moi, autre qui va me répondre, autre qui va venir, autre qui va me rencontrer. Cet autre-là, non. Non, non. Là, dans cette espèce de blessure. ...


Elie G. Humbert - La dimension d’aimer - Editions Cahiers Jungiens de Psychanalyse



dimanche 21 février 2010

souffle... par lullaby... / figer l'instant....

Jack Kornfield - Etre un processus tissé dans la trame de la vie


Selon Boudha, la vie humaine se compose d'une série de processus perpétuellement changeants : un processus physique, un processus psychique, un processus de mémoire et de reconnaissance, un processus de pensée et de réaction, un processus de conscience.

Ils sont dynamiques et ininterrompus, et nous n'y trouverons pas un seul élément que l'on pourrait désigner comme notre moi immuable. Nous sommes, nous-même, un processus tissé dans la trame de la vie, sans séparation.


Jack Kornfield


samedi 20 février 2010



La vie est un vaste mystère avec des possibilités incroyables.
Nous faisons tous ce « voyage de la vie» ensemble :
en ce sens-là, nous nous ressemblons tous.


Toutes les personnes du monde ont de la valeur (cette valeur est intrinsèque),
et elles sont acceptables telles qu'elles sont.

Chacun fait le meilleur choix selon sa perception du moment.
Personne n'aurait pu réagir différemment
de ce qu'elles ont fait aux situations du passé.


Néanmoins chacun est totalement libre
de choisir comment réagir à tout moment.


Nous limitons nos choix possibles
parce que nous sommes (ou une partie de nous même est) « en sommeil. »

Quand nous intégrons que nous avons de la valeur
et que nous sommes acceptables tels que nous sommes,
nous sommes capables de percevoir d'autres choix,
et de choisir ce qui est bon pour nous :
nous devennons ainsi libres d'évoluer dans n'importe quelle direction.



Extrait d'un texte lu sur Internet



samedi 6 février 2010

Yvan Amar - Non pas aider ... servir


Dans la relation d'accompagnement :
... Il n'est pas question d'aider l'autre! C'est peut-être la notion d'aide qui est à revoir. Aider ... La première fois que j'ai utilisé ce mot avec Chandra Swami - j'avais dix neuf ans -, il m'a dit : «Pas aider, servir». C'est très différent. Servir, c'est reconnaître que l'autre est en train de grandir là où il est, et c'est le servir là où il se trouve. Et c'est nous obliger, nous, à une écoute de ce dont il a besoin, là où il est maintenant, sans jamais lui imposer ce que nous avons reconnu pour nous-mêmes. Ce qui est une preuve de générosité, de tolérance, sinon d'amour, c'est de ne pas imposer à l'autre ce qui n'est pas encore sa reconnaissance à lui.

Dans la relation de couple :
... D'autant plus que c'est un partenaire que nous avons choisi, et ce n'est pas par hasard : nous avons quelque chose à vivre avec lui, en général. Il faut lui donner le temps, l'accompagner, et vraiment voir s'il y a là justement le témoignage de ce que nous, nous appelons de l'amour, et en tout cas assumer cette relation, même si ça n'a été que par intérêt émotionnel. Car, au-delà de cet intérêt émotionnel, cet être va nous apprendre, si nous l'y autorisons, énormément de choses sur nous. Je le dis toujours : on épouse sa faille, on épouse son travail.
On met du temps à le reconnaître, certains changent plusieurs fois de partenaire avant de le reconnaître, mais c'est toujours la même faille qu'on épouse !

Yvan Amar - La pensée comme voie d'éveil - Editions Le Relié Poche


mardi 2 février 2010

Deux amants
une seule ombre

Les soirs de pleine lune par flow.
Quand l'arbre
se met du parfum
la lune est pleine