lundi 16 mai 2011

Koos Zondervan - La souplesse d'être...

Koos Zondervan est un disciple de Jean Klein. Il enseigne le Yoga Tantrique selon la tradition non duelle du Yoga du Cachemire enseigné par Jean Klein.


À sa naissance, l'être humain a la capacité de se développer selon un très grand nombre de possibilités. Mais certains facteurs vont progressivement limiter et conditionner son évolution. Le lieu de sa naissance, ses conditions de vie, son hérédité biologique et karmique, son éducation, la société dans laquelle il grandira vont déterminer sa façon de penser, de sentir et d'agir.

Très tôt, la construction d'un moi nécessaire à son intégration sociale en fera un être qui se différenciera du Tout dans lequel il vivait immergé jusqu'alors. Cette construction d'un moi sera forcément restrictive et entraînera une double identification au corps et à la pensée : «Je suis moi». Affirmation qu'il lui faudra sans cesse réitérer face à un monde ressenti comme extérieur. Cette identification se fixera peu à peu grâce à la mémoire, elle s'attribuera un passé, une histoire, un projet, des goûts et des dégoûts.

En un mot, elle va créer une personne. Et c'est ainsi que cette ouverture totale à la vie qui était présente à la naissance va se trouver progressivement submergée par toute une panoplie de conditionnements et de défenses. Elle se retrouvera finalement à l'arrière-plan, là où la conscience siège encore en son état naturel, sans aucun attribut. Jean Klein nomme cette conscience non objectivée l'ultime Sujet.

Ainsi l'être humain, identifié à son moi, va devoir pour sa survie résister à toutes sortes d'agressions et s'affirmer sans cesse. Le sentiment de peur, initialement lié à la survie du corps, va s'étendre à la survie du moi. Il contribuera à conditionner la personne et à émousser la sensibilité originelle. De la sorte vont se créer des schémas de comportement et des programmations mentales qui iront se répercuter jusque dans le corps, engendrant au fil du temps raideurs, tensions, dysfonctionnements et douleurs diverses. Ce processus finira par inhiber le corps d'énergie, source de la vitalité. L'éveil du corps d'énergie va restituer au corps physique une disponibilité qui permettra aux tensions engrammées de se libérer par strates successives, selon l'ordre inverse de leur apparition, des plus superficielles aux plus profondes. Dans ce but, il s'agira de prendre conscience, par une observation très fine, de la façon dont nous réagissons aux événements...

Grâce à la prise de conscience de nos fonctionnements, nous pouvons nous rendre compte des effets que produisent sur nous les différents événements de notre vie : effets sur nos humeurs, sur nos sentiments, nos pensées ainsi que sur notre corps. Nous sommes affectés par ce qui nous arrive dès lors que nous ramenons l'événement à notre personne, ce qui est le plus souvent source de conflits. Nos actions sont alors entachées d'une charge émotionnelle qui agite constamment le mental.

Lorsqu'en revanche il nous arrive de considérer la situation d'un point de vue non identifié au moi, force est de constater que le résultat est tout autre. Nous agissons alors de façon simplement fonctionnelle, au mieux de nos possibilités, sans que les événements laissent de trace en nous.

Il est des moments d'émerveillement, d'étonnement, de béatitude ou d'urgence où la situation ne se réfère pas à notre personne. Dans ces moments, nous agissons spontanément suivant l'impulsion de notre cœur et le mental reste absolument libre de toute tension.

Nous découvrons ainsi que nous avons le choix de nous positionner face aux évènements d’une façon personnelle ou non personnelle et que, suivant ce choix, leurs effets sur nous –mêmes et par conséquent sur notre environnement en seront bien différents. Nous avons pris l’habitude de nous identifier à notre personne, oubliant par là que nous pouvons nous situer autrement. Le yoga du Cachemire est un moyen privilégié pour retrouver cette souplesse d’être.


Koos Zondervan - Le Yoga Tantrique - Editions Almora -




samedi 14 mai 2011

Steven Harrison - La fin du vouloir

Steven Harrison est écrivain et conférencier américain reconnu sur les thèmes de l'éveil de la conscience et des relations humaines.


Le dépendant regarde l'objet et pense, «je veux» et « je ne devrais pas». La tension de ce monde divisé ne peut se résoudre que temporairement en se laissant aller à l'objet du désir. Mais le dépendant se retrouve à nouveau devant le « je veux» et « je ne devrais pas». Et encore et encore, il se laisse aller.

Faisons-lui suivre un programme de réhabilitation. À présent il entend uniquement « je ne devrais pas», si fort, que le «je veux» en est étouffé. Il est libre de la dépendance, mais le prix en est une éternelle négation du «je veux», la suppression de l'élan à faire l'expérience. Le dépendant est libre de l'habitude destructrice, mais il est dans la non-expression, la non-manifestation et il n'est pas comblé. À présent la dépendance est au «je ne devrais pas», et il doit s'y laisser aller aussi fréquemment qu'autrefois il se laissait aller à ses désirs.

Et si nous faisons disparaître le conflit, si nous retirons le «je ne devrais pas» ? Tout ce qui reste est le «je veux». Le «je veux» est conduit à acquérir, à posséder, à faire l'expérience des choses. Le «je veux» est centré sur le moi, il ne se soucie pas du monde environnant car il n'y a plus de «je ne devrais pas». Le «je veux» prend et prend sans relâche. Il se nourrit sans fin de l'objet de sa convoitise sans jamais être rassasié. Il consomme, jusqu'à ce que dilaté, et surchargé, il s'effondre sous ses propres excès.

À présent, retirons le «je» du «je veux». Ôtons le centre de la perspective, l'identité de l'impulsion. Le vouloir sans le «je» qui lui est attaché ne peut trouver de direction. Il est sans l'intelligence de savoir quoi dévorer. Il n'y a pas de «je ne devrais pas» pour lui fournir des indices car il n'y a plus de «je». Le vouloir ne retire aucune joie de l'abandon à ses désirs car sa nature est de vouloir, pas d'avoir. Sa nature est de vouloir, pas de faire l'expérience des choses. Vouloir n'a ni passé ni futur. Il ne peut se souvenir de ce qu'il cherche, ni pourquoi il cherche. Ce n'est pas le vide en quête de plénitude, la dépression en quête de bonheur. Ce n'est pas la solitude en quête d'une relation. C'est vouloir. Simplement vouloir. Continûment vouloir.

Il n'y a rien à faire pour ou avec vouloir. Il existe de façon inhérente dans sa propre nature.

Nous avons écarté «je ne devrais pas» du «je veux - je ne devrais pas» du dépendant et avons trouvé laisser-aller et destruction. Mais nous avons continué par le retrait du «je». Et là, nous sommes parvenus à un espace où le vouloir existe mais n'a pas d'activité, pas d'expression, pas de pouvoir et il ne cause aucun mal.

Nous découvrons que l'addiction n'est pas une addiction à nos désirs, mais une addiction à nous-mêmes. Le désir n'est pas le problème. "Nous-mêmes"est le problème.

Le désir sans identification, sans «moi» n'a aucune force. La dépendance, sans le dépendant, n'a aucune expression et donc n'appelle aucune suppression.

Si le centre, le «moi», quitte l’arène de la dépendance, il n’y a pas de combat. «Devrait» et «ne devrait pas» demeurent mais il n’y a rien pour leur fournir de l’énergie. C’est l’épuisement de la dépendance et l’épuisement de «moi».


Steven Harrison - Etre Un, se trouver dans la relation - Editions Accarias L'originel -


lundi 9 mai 2011

Jean Yves Leloup - Notre manière propre d'incarner la vie, l'amour...


Chacun de nous est un chemin, ce qui est demandé à l'un n'est pas demandé à l'autre. On ne demande pas à un pommier de faire des figues, on demande à un pommier de donner des pommes, au figuier de donner des figues.

La seule chose qui nous est demandée et que demande la Vie en nous, c'est de produire nos propres fruits, les fruits de notre propre sève, le chant de notre propre cœur, la marche de notre propre Vie.

On fait souvent de nous des arbres artificiels, un peu comme les sapins de Noël. Nous ne donnons alors pas les fruits de notre arbre mais d'autres fruits, qui viennent d’ailleurs. Ils sont certes brillants, appétissants et beaux à voir mais ils manquent de sève et de saveur. Il nous arrive ainsi d'en avoir assez d'être un sapin de Noël et de vouloir être enfin un arbre bien planté en terre, pour porter enfin nos fleurs et donner nos propres fruits, tournés la lumière.

Pour cela, il nous suffit de savoir quelle est notre manière propre d'incarner la vie, l'amour... À chacun de devenir le nom, le secret qu'il est, de révéler cette forme particulière que prend l’être, la Vie en lui. Chacun de nous est un chemin unique, celui que prend l’Amour pour éclairer le monde. Chacun de nous est une forme unique, particulière que prend la Vie pour éclairer la terre.


Jean Yves Leloup - L'assise et la marche - Editions Albin Michel