lundi 22 décembre 2008
Krishnamurti - Présence du Soi ...
Qu’est-ce que la vigilance ? Elle suppose une observation dénuée de tout choix - il faut juste observer, sans rien interpréter, traduire ni déformer. Or cela n’est possible tant qu’il existe un observateur qui s’efforce d’être attentif. Êtes-vous capable d’être attentif, vigilant, de sorte que lorsque vous observez, l’observateur s’efface au profit de l’observation pure ?
La Présence n’a pas de commencement et elle n’a pas de fin. C’est nous qui la quittons, par le seul mouvement de la pensée vers un objet et encore, il ne s’agit jamais que d’un déplacement de l’attention, car nous ne pouvons pas sortir en réalité de nous-même. Le soi ne se quitte pas lui-même, alors même qu’il est recouvert par le masque des objets et alors même qu’il se croit perdu dans les objets. Il n’y a strictement rien à faire pour être présent, car être présent c’est être. C’est l’idée même de devoir faire quelque chose qui éloigne de l’être.
La Présence est plus que la vigilance. Elle n’est pas une vigilance redoublée par la réflexion que lui apporterait la pensée. Elle précède la pensée, elle est la Vie même, se tenant en elle-même, dans la coïncidence sans faille avec Soi, la vie qui cohére avec soi absolument et s’éprouve au sein de l’être. Elle n’est pas le résultat d’un exercice qui serait appelé «lucidité».
Elle n’est pas un résultat du tout. Elle ne se distingue pas d’un pouce de celui qui l’éprouve. En sorte que toute évocation de la Présence comme d’un objet, nous la fait invariablement manquer.
Il n’y a pas «la» Présence à «soi». Il y a la Présence du soi. Il n’y a pas plus «la» Présence et «l’être», car la Présence est Présence de l’Etre. Tous ces mots désignent la même unité dans le mariage du cœur et de la Présence.
Krishnamurti
samedi 20 décembre 2008
Erik Sablé - Epanouir la fleur de l'intériorité...
Erik Sablé décrit avec grande simplicité ce qu'est le mental, comment le comprendre et savoir ce qu'il est. Il nous amène à entrer dans l'intimité des mécanismes du " moi " à l'origine du flux des pensées errantes et à découvrir ce qui se joue derrière les apparences en démystifiant le jeu du mental. Qu'est-il ? D'où vient-il ? Que cherche-t-il ? De cette exploration et clairvoyance, pourra naître un silence qui n'est pas le produit d'une tension, mais qui vient naturellement de l'intérieur, comme une " grâce ".
En réalité, il s'agit d'effectuer une prise de conscience «sur le vif» des mécanismes du moi, et pour cela d'ouvrir ses sens intérieurs pour explorer les multiples nuances de la pensée, des sentiments, des sensations ; d'épanouir la fleur de l'intériorité ordinairement voilée par les préoccupations quotidiennes.
C'est un peu ce que préconisait le Bouddha, mais nous avons notre propre chemin à faire, libre et nu, loin de toute emprise religieuse, même la plus noble.
Nous sommes dans notre petit laboratoire intime. Pour cela pas besoin d'instruments compliqués. Notre attention suffit. Tout est là, immédiatement présent. Nous sommes installés dans un certain état de recueillement, de Présence à soi, de silence. Car, paradoxalement, c'est le silence qui permet de saisir en profondeur le «bruit» des pensées. Elles se révèlent «par contraste», en quelque sorte, comme des vagues de cette eau paisible qui nous enveloppe lorsque nous sommes établis dans un certain silence.
Tout est dualité dans le devenir : la lumière se détermine toujours par rapport à l'ombre, et le mental révèle son fonctionnement lorsqu'il apparaît sur le fond silencieux de l'être immobile. C'est ainsi que pourront se révéler les secrets de la pensée. C'est seulement une fois établit dans le silence et le vide que l'on pourra comprendre le «moi».
C'est d'ailleurs pour cela que les psychologues occidentaux demeurent toujours à la surface et ne peuvent avoir une vision juste des mécanismes qui se jouent dans les profondeurs de la psyché. Il leur manque cette distance, ce «point d'appui», intérieur, ce fond de silence.
Ce recueillement et cette distance naissent et se développent par l'attention au souffle. C'est-à-dire en prenant conscience du parcours de la respiration à travers le corps. L'esprit se pose sur le souffle, tout en demeurant présent, centré, recueilli au coeur de lui-même, et la pensée se trouve rejetée à la périphérie. Elle devient un épiphénomène se jouant à l'extérieur, sans que le «je» de la Présence soit emporté.
Par l'attention au souffle, un espace de silence se développe et le «moi» peut maintenant être observé de la même manière qu'on observe une table ou une chaise. Le moi est «objectivé», posé à l'extérieur, comme on pose un objet pour le percevoir et en comprendre le mécanisme.
En fait, il se produit un curieux dédoublement du regard. Nous sommes conscients de ce fond de Présence et en même temps des pensées qui émergent et se déploient dans l'espace mental. C'est une subtile division entre la part témoin qui observe et celle observée. Car, en apparence du moins, il existe bien deux formes de conscience. D'une part la Pure Présence d'être, lumineuse et claire ; d'autres part, la conscience égotique, intrinsèquement liée aux modifications mentales. Et c'est en s'appuyant sur la première que l'on peut prendre suffisamment de distance avec la «seconde» pour la connaître.
Il est donc nécessaire, à la fois, de ne pas se laisser emporter par le flux de l'agitation mentale, sans être, cependant, complètement absorbé dans des états d'intériorisations, ce qui nous empêcherait de percevoir le jeu des pensées. Nous devons toujours «maintenir la distance» qui rend possible la pratique de notre investigation. «Si la conscience-témoin qui examine est trop forte, la conscience "moi" disparaît».
Les états de concentration ou l'esprit est focalisé, centré, conduisent à l'absorption du Samadhi. Mais la vigilance nécessaire pour percevoir les mécanismes du «moi» est très différente. C'est un état d'attention globale, non centré, ou la conscience est simplement présente à elle même, sans être fixée sur rien de particulier, attentive aux pensées et aux émotions qui surgissent sans les juger, sans les accompagner, en demeurant simplement en retrait.
Peu à peu, nous saisissons de plus en plus clairement ce qu'est le «moi». Il se profile à la surface des pensées et se révèle étroitement lié au flux mental. Il ne se laisse pas facilement percevoir, mais on peut réussir à le repérer et tenter de l'isoler du mouvement des pensées auquel il est intimement lié.
En fait cette perception du «moi» n'est pas possible au moment même ou se produit l'identification, lorsque la conscience n'est plus présente à elle-même, mais immédiatement après, nous pouvons prendre le recul nécessaire et nous remémorer la pensée passée. Nous pourrons alors saisir intuitivement ce qu'est le «moi», le «je» individuel.
Nous verrons notamment que le «moi» n'a pas d'existence «en soi», en dehors des pensées. Dès qu'on tente de l'isoler, il se dissipe «comme un rêve au réveil», « une bulle illusoire», un fantôme. Plus précisément, il apparaît comme un «effet de perspective», un pli de sa psyché sans réalité véritable. Cette prise de conscience sera déjà un grand pas dans la découverte de son fonctionnement, de son rôle dans l'alimentation des pensées.
Erik Sablé - Les mécanismes du Moi et le silence intérieur - Editions Devy
jeudi 11 décembre 2008
Osho - Le Rythme Intérieur de l'Être
www.osho.com
De temps en temps, dans le cours d'une vie ordinaire, cela se produit : alors que vous vous éveillez le matin, tout semble parfait. Les oiseaux chantent, l'air est embaumé, le soleil se lève et soudain vous sentez que tout est tranquille. Pendant un moment vous n'êtes plus séparé, vous sentez une grande joie monter en vous sans aucune raison. Vous vous sentez soudainement vibrant, complètement régénéré, chez-vous. Peut-être est-ce le profond sommeil et repos de la nuit, peut-être est-ce ce magnifique matin, le chant des oiseaux, l'air frais, la rosée sur l'herbe brillant sous le soleil matinal, peut être est-ce tout ceci qui crée le contexte. Non pas par votre effort mais par accident, vous êtes en harmonie avec vous-même et avec l'existence.
Cela se passe toujours simultanément : chaque fois que vous trouvez l'harmonie en vous-même, vous trouvez également l'harmonie avec l'existence.
L'harmonie a deux aspects : l'individuel et l'universel. Si l'individu est en harmonie alors il n'y a aucune raison pour qu'il ne soit pas en harmonie avec le Tout. Si tous les conflits en vous ont disparus, même pour un seul instant, dans cet instant vous faites partie du Tout, vous n'êtes plus une île, vous n'êtes plus séparé. Tous les murs ont soudainement disparus, vous n'êtes plus emprisonné.
Si vous regardez en arrière vous pouvez vous souvenir de quelques moments… et ce seront ces moments où vous étiez détendu, ce seront ces moments où il n'y avait aucun désir particulier dans votre mental, où vous n'étiez pas préoccupé, où vous n'étiez pas tendu, où, d'une certaine façon, vous étiez, simplement.
Observez avec minutie ces moments accidentels, soudains, parce que la clé secrète y réside. Si cela se passe dans un état de relaxation, lorsque vous êtes détendu, sans tension, alors vous pouvez créer le contexte ! Vous pouvez vous détendre. Si cela vous arrive lorsque vous nagez, alors vous pouvez nager et créez le contexte ! Si cela vous arrive lorsque vous courrez ... continuez à courir, continuez à courir, soudainement ça arrive…
Vous continuez encore et encore… et vous venez en contact avec la couche cosmique. C'est la source de la vie et c'est inépuisable. Lorsque vous êtes en contact avec cette énergie, une joie immense commence à vous remplir, une extase formidable se fait sentir sans aucune raison.
Cela peut vous arriver pendant que vous faites l'amour, cela peut vous arriver lorsque vous écoutez de la musique, cela peut vous arriver lorsque vous êtes simplement allongé sur votre lit à ne rien faire. Cela peut vous arriver lorsque vous peignez, absorbé, complètement absorbé dans la peinture ou encore, Cela peut arriver de mille et une façons. Observez, à chaque fois que cela se passe, à chaque fois que cet incroyable moment béni vous vient, lorsque le divin frappe à votre porte, observez dans quel contexte cela se produit. Soyez vigilant ! Regardez autour, dans quel espace cela se produit, alors vous avez la clé. Lorsque vous serez capable de créer ce contexte, cet espace, le moment viendra à nouveau.
Vous ne pouvez pas le faire se produire, mais vous pouvez vous rendre disponible pour qu'il se produise. Vous ne pouvez pas le forcer mais vous pouvez créer tout ce qui est nécessaire pour que ça arrive. Ce n'est pas une action de votre part, cela se produit ; cependant vous pouvez jouer un rôle important. C'est ainsi que toutes les techniques de méditation ont été développées, c'est comme cela que le Yoga est venu à l'existence. Cette harmonie est présente en vous parce que sans elle, vous ne pouvez pas vivre.
Cette musique est déjà là en vous comme un courant souterrain parce que cette musique est votre connexion avec le Tout. Si elle cesse, vous mourrez.
Vous êtes vivant, c'est une preuve suffisante que la musique se joue. La seule chose est d'aller profondément dans votre être et de trouvez où elle se produit.
Osho - Extrait de : The Fish in the Sea Is Not Thirsty
jeudi 4 décembre 2008
Voilà ce qui me semble être
l’amour inconditionnel,
en cette époque
et en ce temps.
Ce n’est pas trouver une croyance
ou un procédé
qui vous rendra heureux.
Mais avoir la force
et le courage de demeurer présent
dans ce que vous vivez
de quoi qu’il s’agisse.
Non pas en tant que victime,
non pas en redresseur de tords
non pas comme un évangéliste
de quelque idée, de quelque technique, de quelque foi.
Mais simplement demeurer présent.
Richard Moss - Paroles des deux mondes - Editions du Rélié
lundi 1 décembre 2008
Eric Baret - Laisser le corps parler, dans le silence ...
www.bhairava.ws
Le corps doit être écouté, aimé. Aimer veut dire ne rien savoir, ne rien vouloir. Vous êtes nu de toute compréhension, de toute intention, et vous laisser le corps parler. Pour que le corps parle, il faut le silence. Tant que vous savez quelque chose, le corps se tait. Revenez à ce silence de volonté, de savoir. Dans ce silence, à sa manière, non à la vôtre, le corps vous parlera. Vous laisserez le concept corps et une chaleur, une fraîcheur, une vibration, une tactilité éclot.
Au début, cela se présente comme une forme de tension, de lourdeur, de densité. Petit à petit. si vous n'en faites rien, cette tactilité va se transformer. D'autres couches plus élastiques, radiantes vont se présenter. C'est le début d'un voyage sans fin. Quand vous n'êtes qu'écoute, ce n'est pas vous qui faites le voyage : le corps voyage en vous.
Vous ne pourrez plus jamais penser que le corps ne réagit pas, ni qu'il est séparé de l'environnement. Ce que vous allez découvrir d'extraordinaire, dans le corps, c'est qu'il n'y a pas de séparation, et que ce que vous appelez votre corps est un concept. Ce doit être un ressenti, sinon c'est juste une idée philosophique. Telle est l'exploration : le corps se déroule en vous et vous amène cette évidence de première main.
Ecoutez sans dynamisme, avec une grande intimité. Au début, le corps est tension, densité, mémoire, et vous allez vite vous ennuyer. A ce stade, n'essayez pas de continuer : allez vous promener, coiffez votre chien, téléphonez à votre amoureux. Un autre jour, le corps va de nouveau se rappeler à vous. Sentez ce manque de vie.
Ecoutez... Peu à peu, quelque chose va s'éveiller. Un nouveau fonctionnement, non psychologique, s'impose, l'environnement laisse place au ressenti. Le secret est caché là. On ne peut pas le trouver. Il ne se révèle que lorsqu'on a les mains libres.
Au début, vous imaginez explorer le corps et, un jour, vous verrez qu'il s'est passé tout à fait autre chose. Cela doit rester caché, ce n'est pas conceptualisable, c'est expérimental…
L'important est la facilité de vivre. Seul notre savoir est difficile. Quand vous vous familiarisez avec un non-savoir, vous êtes toujours adapté, aucune situation n'est dérangeante, ce qui vous gêne ne vous affecte plus psychologiquement.
Eric Baret - Corps de vibration, corps de silence - Editions Almora
jeudi 27 novembre 2008
Osho - L'amour est un état d'être
www.osho.com
L'amour c'est le rayonnement, le parfum qui se dégage quand on se connaît soi-même, quand on est soi-même. L'amour c'est une joie débordante. L'amour c'est quand vous avez vu qui vous êtes ; alors il ne reste rien d'autre que de partager votre être avec les autres.
L'amour c'est quand vous avez vu que vous n'êtes pas séparé de l'existence. L’amour, c'est quand vous avez ressenti une unité organique, orgasmique avec tout ce qui est.
L'amour n'est pas une relation, l'amour est un état d'être. Cela n'a rien à voir avec qui que ce soit d'autre. On n'est pas "en amour", on est amour. Et bien sûr, quand on est amour, on est "en amour"; mais c'est un résultat, un sous-produit, ce n'est pas la source.
La source, c'est que l'on est amour. Et qui peut être amour? Il est certain que si vous n'êtes pas conscient de qui vous êtes, vous ne pouvez pas être amour. Vous serez peur.
La peur, c'est juste l'opposé de l'amour. Souvenez-vous en, la haine n'est pas l'opposé de l'amour, comme les gens le pensent ; la haine, c'est l'amour à l'envers, ce n'est pas l'opposé de l'amour.
Ce qui est véritablement l'opposé de l'amour, c'est la peur. Dans l'amour on s’élargit, dans la peur on se rétrécit. Dans la peur on se ferme, dans l'amour on s'ouvre. Dans la peur on doute, dans l’amour on fait confiance. Dans la peur on se sent seul, dans l’amour on disparaît ; c'est pourquoi il n'est plus du tout question de solitude. Quand on n'est pas, comment peut-on se sentir seul? Alors ces arbres, ces oiseaux, les nuages, les étoiles sont toujours en vous.
L’amour, c'est quand vous avez connu votre ciel intérieur.
Méditez, dansez, chantez, et allez de plus en plus profondément en vous. Ecoutez les oiseaux plus attentivement. Regardez les fleurs avec étonnement, émerveillement. Ne vous remplissez pas de savoir, ne mettez pas d'étiquettes aux choses. C'est cela le savoir : le grand art d'étiqueter chaque chose, de tout catégoriser.
Apprenez des gens. N'ayez pas peur, cette existence n'est pas votre ennemie. Cette existence vous materne, elle est prête à vous soutenir de toutes les manières possibles. Faites confiance, et vous vous mettrez à ressentir en vous une nouvelle montée d'énergie ; cette énergie c'est l'amour. Cette énergie veut bénir l'existence toute entière, car dans cette énergie on se sent béni. Et quand vous vous sentez béni que pouvez-vous faire d'autre que bénir l'existence toute entière ?
L’amour est un profond désir de bénir l’existence toute entière.
Osho - Aimer vivre - Editions Almasta
mardi 25 novembre 2008
Jean Yves Leloup - L'éveil du coeur
Jean Yves Leloup, prêtre orthodoxe transmet dans ce passage un aspect de la tradition de la pratique méditative et de prière de l'hésychasme (paix et silence) en nous situant la place essentielle du cœur dans toute démarche spirituelle.
Avoir un coeur ce n'est pas seulement se centrer sur une partie du corps, c'est une certaine façon d'être, de voir, de respirer avec le coeur. Le propre du coeur c'est de tutoyer toutes choses, de vivre non pas dans un monde d'objets, mais dans un monde de présences. La prière hésychaste a pour but cet éveil du coeur ; cette sensibilité à la présence de Dieu en toutes choses.
Avoir un cœur ; c'est être centré, sortir de la dispersion du mental, des pensées qui vont et qui viennent. Le cœur a une fonction d'intégration de la personnalité - intégrer la fonction vitale et la fonction intellectuelle - d'où cette expérience «faire descendre l'intellect dans le cœur», le pacifier, le centrer, faire du cœur l'organe même de la conscience, une conscience non ratiocinante, plus intuitive qu'analytique, perception globale des êtres et des choses dans leur caractère à la fois fugace et éternel, perception aimante qui permet de mieux «voir» ce qui est.
Par cette «descente» de l'esprit dans le cœur qui n'est pas un mouvement spatiotemporel, mais un acte d'intégration, une façon de centrer la pensée, de cordialiser sa conscience, nous nous rapprochons du cœur du Christ et de son regard «non juge» sur tout ceux qu'II rencontrait. A cette «descente» de l'esprit nous pourrions ajouter la «remontée de l'énergie vitale» dans le cœur, qu'il s'agisse de la pulsion génitale ou d'une autre pulsion.
Le cœur est cette faculté qui va transformer l'élan aveugle de la pulsion en énergie d'amour, la dimension animale de l'homme n'est pas niée mais c'est dans le cœur qu'elle se personnalise, l'homme n'est pas qu'un animal doué de raison, c'est aussi un animal capable d'amour, c'est-à-dire capable de respect, et c'est dans le cœur que la libido accède à cette dimension.
Si le cœur est absent, l'amour n'est que le frottement de deux épidermes, une extase douloureuse de caniches, il n'est pas rencontre de personnes.
Jean Yves Leloup - Ecrits sur l'Hésychasme - Editions Albin Michel
lundi 24 novembre 2008
Vision sur écran de l’imaginaire :
Sur le sable, deux traces de pas sont en mouvement :
ceux d’un homme et ceux de Dieu.
L'homme sourit.
Puis son sourire s'évanouit dès que repassent devant ses yeux
les premiers temps d'orage et de malheur de son existence.
Toujours prête à prendre le relais de la tristesse,
sa colère monte lorsqu'il constate que,
dans ces périodes douloureuses,
il n'y a plus qu'une seule trace de pas sur le sable.
"Évidemment, c'est là que Dieu nous lâche", maugrée-t-il.
Une voix lui répond :
"Tu n'as encore rien compris ; dans ces moments-là,
Dieu te portait dans ses bras".
Inspiré de H. Gougaud
mardi 18 novembre 2008
lundi 17 novembre 2008
Charles Genoud - Intimité sensorielle
Charles Genoud conduit des retraites dans les traditions vipassana et tibétaines. L'extrait est tiré d'une retranscription d'un enseignement donné à Paris.
www.vimalakirti.org
Nous utiliserons donc la présence au corps : sa densité, sa température, sa qualité vibratoire, pour ancrer notre présence. Il se peut que dans l'expérience sensorielle de la présence au corps se produisent des fluctuations dues, par exemple, au mouvement de la respiration : une plus grande densité par moment, une moins grande à d'autres, dans certaines zones corporelles. Il est également possible de leur être présent, d'être à chaque instant avec l'expérience qui surgit.
Aucune expérience sensorielle n'est extérieure à notre champ de méditation. Si, ayant choisi d'être présent aux sensations corporelles, j'entends le chant des oiseaux, ce n'est pas une distraction, ce n'est pas un obstacle à la méditation, c'est simplement une autre expérience dans l'instant présent : celle de l'audition du chant des oiseaux, comme ce pourrait être celle du son d'une cloche. Chaque expérience sensorielle n'est vécue que dans l'instant présent.
Et, ce qui nous intéresse, n'est pas de faire l'inventaire des oiseaux qui se trouvent dans le parc, mais la qualité de présence dans chaque expérience sensorielle. C'est elle qui nous relie à nous-même, qui permet le développement de l'intimité. Non le fait de connaître le nom des oiseaux, mais celui d'être relié à l'expérience sensorielle d'entendre. Non l'inventaire des tensions que j'ai dans les épaules (c'est un autre travail), mais l'expérience de la qualité de présence dans les sensations corporelles.
Il s'agit donc de rester à chaque instant en intimité avec nous-même, au moyen des expériences sensorielles. Cela signifie qu'il n'y a rien à changer, rien à manipuler. Dans l'instant présent il est impossible de changer quoi que ce soit. Pour changer quelque chose, transformer, la durée est nécessaire, il faut introduire le futur. Donc, rien à changer, rien à transformer, seulement se relier à chaque instant à l'expérience sensorielle qui surgit.
vendredi 7 novembre 2008
Jean Letschert - Ame soeur, inspiratrice et révélatrice
Jean Letschert est artiste, philosophe et écrivain. Il évoque dans ce passage comment le féminin, "la muse" est pour lui source d'inspiration et comment "l'âme sœur" peut être révélatrice d'une spiritualité où se conjugue si bien Eros et quête intérieure. Un point de vue intéressant pour continuer à enrichir le questionnement de la présence du Féminin en Soi, dans la relation et dans le monde.
«Si tu peux comprendre l’âme d’une femme, tu connaîtras le monde et ce qu’il y a derrière le monde».
La vie spirituelle est un perpétuel devenir. Sa trajectoire sinueuse avance indéfiniment vers une spiritualisation de plus en plus intense et vivifiante des formes simples de notre vie quotidienne.
Le maître spirituel, pour ceux qui en ont connu un dans la chair, doit se transformer en maître intérieur. Cette métamorphose se produit comme un lent «fondu enchaîné» au cours duquel l'apport spirituel du maître extérieur se dissout dans la substantifique moelle de la conscience, apportant la sève nourricière d'où émergera un corps de vérité qui envahira, peu à peu, l'être tout entier. Tel est le vrai travail de la quête. Le maître intérieur est cette présence infaillible qui témoigne de l'authenticité dont nous avons fait nôtre les enseignements du maître extérieur.
Là encore nous pourrons observer à quel point une présence féminine agit souvent comme miroir du maître intérieur, le stimulant et le mettant à l'épreuve, exigeant sans cesse de lui qu'il émerge plus souvent à la surface de nous-mêmes, afin d'étendre ce corps de vérité au-delà des limites existentielles. Devenir un maître intérieur à fleur de peau.
La désacralisation institutionnelle de la vie que nous impose le monde moderne a fait oublier à l'homme qu'il existe des muses, et qu'elles sont bel et bien parmi nous. Si le maître spirituel est un modèle de sagesse, la muse est un modèle de la grâce à laquelle aspire l'âme. Sa fonction consiste à conduire l'âme vers le logos par le canal de l'éros. L'ascétisme pur et dur, souvent dépourvu de poésie et d'esthétique, refoule généralement ce processus cependant naturel, rejetant toute intervention de la muse en tant que catalyse à l'expérience de la béatitude. L'ascétisme peut ainsi devenir une névrose parmi tant d'autres. Une spiritualité qui conduirait à la réconciliation des contraires se doit d'envisager méthodiquement la conjugaison harmonieuse de l'ascétisme et de l'érotisme. La prédominance salutaire du féminin dans mon destin spirituel m'aura sans doute préservé de me retrouver tel un reclus solitaire, vivant loin du monde, des hommes... et des femmes.
À plusieurs reprises, la muse s'est faite chair dans ma vie, et aujourd'hui elle s'est faite« âme sœur». Depuis quelques années, mon maître intérieur se mesure à la qualité de la présence de cet être aimé, prenant conscience que le baromètre de nos niveaux spirituels se trouve au centre de la spiritualité conjugale. Si nous sommes tous nés d'un couple, il m'apparaît que les exercices spirituels à la fois les plus exaltants et les plus périlleux se vivent au sein de la vie de couple, où tous les masques et les derniers subterfuges de l'ego tombent littéralement. Nous pouvons, pendant des années, apprendre un rôle par cœur sans comprendre le sens qui l'anime, notre vie dite «spirituelle» peut très bien n'être qu'un vulgaire plagiat d'un enseignement sublime. La constante présence de l'âme sœur est l'interlocuteur infaillible qui nous oblige de sortir du rôle pour entrer dans l'actualisation.
Inspiratrice et révélatrice, mon âme sœur met désormais en forme et en musique les murmures de mon maître intérieur, donnant à son éveil la plus belle raison de ne plus m'assoupir. Ce féminin, au départ insondable et mystérieux, est devenu une réalité au quotidien, dehors comme dedans. A travers elle toute ma spiritualité s'incarne et s'actualise, et tout ce que je croyais avoir intégré, elle parvient à me le faire redécouvrir et réaliser sous des angles nouveaux, plus proches de la simplicité du réel. L'exigence de son amour est le plus purificateur des filtres magiques. Mais, par l'amour qui nous lie, je sais qu'elle désire ardemment que je comprenne la profondeur de son âme, et que la mienne luise comme le jour dans le secret de sa nuit. Par sa liberté d'être femme et sa dignité d'être mère, elle me fait chaque jour reconnaître le monde comme une continuité indissociable de l'Esprit.
Et par sa transparence et sa vérité, au travers de ce qu'elle est, j'aperçois, enfin, ce qu'il y a derrière le monde.
Jean Letschert - Le Couple Intérieur - Editions Albin Michel
mardi 4 novembre 2008
Jean klein - Le corps, expression de notre totalité ...
«Le yoga, c'est de s'asseoir correctement,
d'agir correctement, de se comporter correctement, dans l'instant même.
C'est d'être approprié à la situation dans toute votre action mentale et physique.
Le yoga, c'est d'être uni avec le présent».
Le travail corporel débute avec la conviction qu'il n'y a rien à accomplir ou à devenir. C'est seulement une façon de faire connaissance avec ce que nous considérons comme établi, notre corps, nos sens et notre mental. Cela nous amène d'abord à connaître ce que nous ne sommes pas, et, finalement, ce que nous sommes fondamentalement devient clair. Alors le corps, les sens et le mental sont une expression de notre totalité.
Le corps est les cinq sens et les cinq sens sont le corps, mais en général les cinq sens sont conditionnés. Pour vous, le corps est plus ou moins une image construite dans votre cerveau, et ce n'est donc pas le corps réel qui se réveille le matin mais une série d'images qui viennent à vous… Lorsque les cinq sens sont libres de la mémoire, vous sentez que le corps est principalement fait de couches de sensation. Encourager la sensation corporelle vous donne un avant-goût de votre sensation globale. Cela vous ramène également à l'équilibre de votre corps dans sa totalité. La sensation globale va au-delà de la forme physique du corps. Elle se répand dans l'espace environnant. C'est cette sensation d'expansion qui aide à annihiler l'image de soi puisque l'ego n'est qu'une contraction, une fraction. L'expansion est le «non-état» sans ego. Dans l'expansion il n'y a pas d'isolement. C'est l'amour.
Et l'outil qu'on utilise dans cette approche corporelle, c'est une «écoute» profonde, libre d'interférence mentale. Grâce à cette écoute les couches subtiles paralysées de l'énergie corporelle peuvent se déployer. En travaillant par l'écoute sans volonté ou but à atteindre, le corps trouve son état originel de légèreté, d'expansion, de transparence et l'harmonisation naturelle de l'énergie. En travaillant avec le corps dilaté, on parvient au mental dilaté. Le corps-mental dilaté est le seuil de notre être réel, la conscience sans objet.
Au début, il semble que l'accent soit mis sur le corps, mais à la fin l'accent est mis sur l'écoute eIle-même, qui est réceptivité, ouverture, notre nature véritable dans laquelle le corps et le mental existent.
Ce que vous appelez votre corps n'est qu'une enveloppe dans laquelle vit un corps subtil. Ce corps intérieur est une énergie subtile, la force vitale qui soutient le corps physique. Toute notre sensibilité dépend de cette force vitale. De manière paradoxale, bien que le corps subtil réside dans le corps physique, il rayonne au-delà de lui et rencontre l'environnement. Ainsi le corps dans sa totalité a une extension bien plus grande que ce que l'on croit en général. Comme le corps physique est au cours de votre vie de plus en plus conditionné par l'effort, il devient un nœud de tensions et de contractions qui paralyse l'expression du corps subtil. Son rayonnement est gêné et le corps physique est coupé de son environnement. Lorsque cette force vitale est obstruée, il y a un vieillissement prématuré du corps physique qui se manifeste d'abord par une diminution de la sensibilité et de l'énergie. Dans le corps naturel en bonne santé chaque cellule est pénétrée par la vie.
Notre approche est donc de ramener l'énergie corporelle à sa pleine expression, comme c'est le cas dans la petite enfance. En étant conscient de cela, elle retrouve un fonctionnement complet. Donc, la première chose que nous faisons dans notre travail corporel est d'éveiller le corps énergétique, d'en faire un objet de conscience. Cette énergie est ressentie, c'est une sensation. C'est cela que je nomme sensation corporelle. Lorsque la sensation de l'énergie est pleinement vivante, elle amène une modification de la structure physique. Toute autre tentative de changer le corps provient de la volonté, du mental, et c'est une violence.
Dans tout mouvement c'est le corps énergétique, le corps vital, qui bouge et qui entraîne le corps physique. L'accent dans notre enseignement à ce niveau n'est donc pas mis sur la posture ou sur la structure physique, mais sur cette sensation corporelle. Lorsque le corps vital est éveillé, toute la structure musculaire est détendue et une réorchestration de l'énergie s'effectue. Chaque sens n'est plus limité à son organe physique mais s'étend au corps entier. Dans cette sensation globale tous les sens participent. Le fait d'être dans l'expansion vous mène automatiquement au-delà de l'idée d'être une entité séparée. Le travail corporel est une façon de vous amener à l'union avec tous les êtres.
Jean Klein - Qui suis-je ? La quête sacrée - Editions Le Relié Poche
dimanche 2 novembre 2008
Michel Random - Le mystère au féminin ...
Michel Random est philosophe et écrivain.
Dans un texte « Les ultimes recommandations de Dieu à Adam et Ève », Michel Random écrit : «Je donne à Ève le pouvoir sur les trois mondes, le ciel, la terre et le monde souterrain. Ainsi, par elle se transmettra l’initiation des trois mondes. En ce sens elle restera toujours un mystère pour toi (Adam) à qui je donne le ciel et la terre mais non le monde souterrain. Car de même qu'elle donne la vie, Ève transmue la vie. La transmutation est le passage d'un état à un autre. Mais pas plus que le mystère de l'enfantement ne t'est donnée la vision des mystères de la mort. Eve, seule, peut franchir le pont obscur de l’indicible. Tu seras pour elle le guerrier, le protecteur et l'enfant. Ne tente pas de la réduire, ni par la force, ni par la coutume, ni par la loi. En Ève, la vie et le désir ne sont qu'un. Enfreindre ce statut, c'est menacer la vie».
Les femmes doivent se reconnecter à leur puissance féminine et principalement au troisième monde, le monde souterrain. Elles seules y ont accès. Dans le dualisme masculin-féminin, on évacue toujours cette notion alchimique de l'être. Et pourtant, la vie porte un sens, les choses ont été créées avec une conscience divine qui introduit, dans l'ordre du monde, le mystère même de la vie, de la création, de la mutation vie-mort. Et la femme a le pouvoir d'assumer cette mutation, c'est-à-dire d'affronter la vie et d'affronter la mort, le visible et l'invisible. Et cette fameuse peur du féminin, implicite chez beaucoup d'hommes, vient du fait qu'ils n'arrivent pas à assimiler ce mystère. Il faut dire aux hommes : «Oui, le mystère féminin est fermé, mais il n'est pas impur. Toute l'Initiation, à travers des millénaires, a été transmise par les femmes, elles étaient les maîtresses de l'Initiation».
Dès que l'homme crée une opposition, il sépare le ciel et la terre, il désincarne le processus vivant. Dès que l'on dissocie l'être de son mystère, on ne comprend plus le féminin. Le refus du mystère et celui du féminin sont une même chose. On veut contrôler ce qu'on ne comprend pas, donc restreindre la femme à son rôle d'épouse, de mère ou encore d'objet sexuel. La sexualité féminine effraie. Encore aujourd'hui, la femme est ressentie comme un être équivoque, sinon démoniaque, un être dangereux qui à tout moment peut vous glisser des peaux de bananes. Aux yeux de certains hommes, toute femme cache une sorcière. C'est ce qui justifie un terrorisme direct ou caché à l'encontre des femmes. Dans les religions traditionnelles, pourtant, la femme était vénérée dans tous ses aspects, y compris dans les rites religieux. En fait, le féminin est par essence sacré. C'est le sens de la hiérogamie. Le roi prêtre tient son pouvoir du féminin.
Le pouvoir féminin octroie le sacerdoce du visible et de l'invisible. Le masculin fait vibrer le mystère, mais il ne peut l'assumer qu'à travers le féminin. Il peut participer au mystère... mais il n'est pas femme! Cet aspect alchimique du féminin se retrouve dans les mythes.
Dans le shintô, il existe le couple créateur : Asanami et Isanaki. À sa mort, Asanami descend aux enfers, dans le monde souterrain. Isanaki veut la suivre. Mais il est interdit au masculin d'assister au mystère alchimique de la désagrégation et de la mutation de la vie à la mort et de la mort à la vie. L'homme est fait pour être un guerrier, un combattant, un Don Juan à la rigueur, mais il n'est pas fait pour aborder les sources de la vie et de la mort. Voyant qu'Isanaki l'a suivie, Asanami, furieuse, va le chasser.
Le mystère de la vie signifie que tout être est en résonance avec l'univers. Par exemple, on peut entendre aujourd'hui le son des planètes enregistré par la Nasa. C'est une fabuleuse et indicible pulsation. Mais ce son, cette vibration, est très proche du son qu'entend le bébé dans le ventre de sa mère, c'est aussi une pulsation semblable à la pulsation cosmique. L'enfant et la mère sont donc étroitement reliés au monde cosmique. L'homme n'est plus conscient de son union au monde cosmique, alors que la femme, par ses cycles biologiques et psychiques, y demeure étroitement liée. Cette relation cosmique détermine le mystère féminin…
L'homme n'aura jamais accès à ce monde, sauf s'il réalise son être, sa plénitude, l'amour au sens de respect. L'amour réalise la fusion parfaite.
Michel Random - Le féminin au secours du vivant - Extrait de "Le couple intérieur " Editions Albin Michel
Dans un texte « Les ultimes recommandations de Dieu à Adam et Ève », Michel Random écrit : «Je donne à Ève le pouvoir sur les trois mondes, le ciel, la terre et le monde souterrain. Ainsi, par elle se transmettra l’initiation des trois mondes. En ce sens elle restera toujours un mystère pour toi (Adam) à qui je donne le ciel et la terre mais non le monde souterrain. Car de même qu'elle donne la vie, Ève transmue la vie. La transmutation est le passage d'un état à un autre. Mais pas plus que le mystère de l'enfantement ne t'est donnée la vision des mystères de la mort. Eve, seule, peut franchir le pont obscur de l’indicible. Tu seras pour elle le guerrier, le protecteur et l'enfant. Ne tente pas de la réduire, ni par la force, ni par la coutume, ni par la loi. En Ève, la vie et le désir ne sont qu'un. Enfreindre ce statut, c'est menacer la vie».
Les femmes doivent se reconnecter à leur puissance féminine et principalement au troisième monde, le monde souterrain. Elles seules y ont accès. Dans le dualisme masculin-féminin, on évacue toujours cette notion alchimique de l'être. Et pourtant, la vie porte un sens, les choses ont été créées avec une conscience divine qui introduit, dans l'ordre du monde, le mystère même de la vie, de la création, de la mutation vie-mort. Et la femme a le pouvoir d'assumer cette mutation, c'est-à-dire d'affronter la vie et d'affronter la mort, le visible et l'invisible. Et cette fameuse peur du féminin, implicite chez beaucoup d'hommes, vient du fait qu'ils n'arrivent pas à assimiler ce mystère. Il faut dire aux hommes : «Oui, le mystère féminin est fermé, mais il n'est pas impur. Toute l'Initiation, à travers des millénaires, a été transmise par les femmes, elles étaient les maîtresses de l'Initiation».
Dès que l'homme crée une opposition, il sépare le ciel et la terre, il désincarne le processus vivant. Dès que l'on dissocie l'être de son mystère, on ne comprend plus le féminin. Le refus du mystère et celui du féminin sont une même chose. On veut contrôler ce qu'on ne comprend pas, donc restreindre la femme à son rôle d'épouse, de mère ou encore d'objet sexuel. La sexualité féminine effraie. Encore aujourd'hui, la femme est ressentie comme un être équivoque, sinon démoniaque, un être dangereux qui à tout moment peut vous glisser des peaux de bananes. Aux yeux de certains hommes, toute femme cache une sorcière. C'est ce qui justifie un terrorisme direct ou caché à l'encontre des femmes. Dans les religions traditionnelles, pourtant, la femme était vénérée dans tous ses aspects, y compris dans les rites religieux. En fait, le féminin est par essence sacré. C'est le sens de la hiérogamie. Le roi prêtre tient son pouvoir du féminin.
Le pouvoir féminin octroie le sacerdoce du visible et de l'invisible. Le masculin fait vibrer le mystère, mais il ne peut l'assumer qu'à travers le féminin. Il peut participer au mystère... mais il n'est pas femme! Cet aspect alchimique du féminin se retrouve dans les mythes.
Dans le shintô, il existe le couple créateur : Asanami et Isanaki. À sa mort, Asanami descend aux enfers, dans le monde souterrain. Isanaki veut la suivre. Mais il est interdit au masculin d'assister au mystère alchimique de la désagrégation et de la mutation de la vie à la mort et de la mort à la vie. L'homme est fait pour être un guerrier, un combattant, un Don Juan à la rigueur, mais il n'est pas fait pour aborder les sources de la vie et de la mort. Voyant qu'Isanaki l'a suivie, Asanami, furieuse, va le chasser.
Le mystère de la vie signifie que tout être est en résonance avec l'univers. Par exemple, on peut entendre aujourd'hui le son des planètes enregistré par la Nasa. C'est une fabuleuse et indicible pulsation. Mais ce son, cette vibration, est très proche du son qu'entend le bébé dans le ventre de sa mère, c'est aussi une pulsation semblable à la pulsation cosmique. L'enfant et la mère sont donc étroitement reliés au monde cosmique. L'homme n'est plus conscient de son union au monde cosmique, alors que la femme, par ses cycles biologiques et psychiques, y demeure étroitement liée. Cette relation cosmique détermine le mystère féminin…
L'homme n'aura jamais accès à ce monde, sauf s'il réalise son être, sa plénitude, l'amour au sens de respect. L'amour réalise la fusion parfaite.
Michel Random - Le féminin au secours du vivant - Extrait de "Le couple intérieur " Editions Albin Michel
mardi 28 octobre 2008
Paule Salomon - Couple intérieur et désir de Soi ...
www.paulesalomon.org
L'orsqu'un homme s'agenouille devant une femme, il la consacre archaïquement comme une déesse. Il la vénère, elle lui transmet le sens de la vie, il voit en elle une essence spirituelle. Il se comprend en tant qu'homme comme celui qui a besoin d'elle et lui reconnaît cette vertu.
Y a-t-il une femme qui acceptera de me donner la main sur cette terre et à m'aider à faire mon parcours de complémentarité ? Sans elle, je suis un arbre sec ; avec elle, je reverdis. Tant que l'homme tourne autour de la femme, fasciné par elle, il n'a pas encore fait son choix, il est prisonnier de la nécessité du fusionnel, il n'est que le fils de cette femme. L'orsqu'il se ceint de l'épée, qu'il vient à nouveau s' agenouiller devant elle, son acte prend un autre sens. C'est non plus un besoin primaire mais une reconnaissance, et d'onc aussi une naissance à lui-même.
La Dame debout est reliée au Ciel et à sa masculinité intérieure. L'homme agenouillé est relié à la Terre. C'est déjà un échange de polarités. La femme sans armes est vulnérable extérieurement et forte intérieurement, l'homme en armes est fort extérieurement mais, en mettant un genou en terre, il se connecte à sa vulnérabilité intérieure, à sa féminité universelle.
Dans cette image, il y a le symbole d'une unité intérieure et extérieure. Nous sommes tous hommes et femmes à la recherche de notre partie manquante. La difficulté du couple vient de ce que nous cherchons en dehors de nous ce qui s’ouvre en dedans. Nous tentons de faire l'unité avec l'autre alors que nous ne pouvons pas réellement y parvenir sans avoir avancé dans notre propre unité intérieure. En d'autres termes, chaque femme doit progresser dans son couple intérieur pour pouvoir espérer progresser aussi dans son couple extérieur.
Pendant longtemps, nous sommes à l'égard de l'autre sexe dans un phénomène d'attraction-répulsion. Nous le jugeons, nous ne l'acceptons pas, nous ne le comprenons pas, nous n'avons pas assez de ressources intérieures, de potentiel de joie pour ne pas vivre l'étranger en l'autre, bien que nous sachions qu'il est aussi le même.
C'est au moment où l'homme dans le couple contacte sa vulnérabilité et la femme sa puissance qu'un véritable échange peut commencer. Derrière tout appel du désir, derrière toute attraction de l'autre sexe, se trouve un désir d'unité et un désir de Soi. La fidélité à soi-même demande de cultiver l'état amoureux non plus comme un rapt, une dépossession de soi, mais comme la permanence d'un état intérieur qui change la manière de se positionner face à l'autre.
Il y a une différence entre tomber amoureux et devenir amoureux. Celui qui tombe amoureux est victime de ses propres projections, aussi positives soient-elles, il délègue des qualités d'âme qui sont les siennes et qu'il ne reconnaît pas comme telles, qui ne s’épanouissent pas en joie de vivre.
En les posant à l'extérieur, il se donne une chance d'avancer, mais il peut aussi stagner ou se perdre. Ce n'est qu'en les faisant siennes qu'il devient fort. Celui ou celle qui se laisse grandir en amour perd la tête volontairement, reconnaît la valeur d'un état d'être, fait d'ouverture, de bascule des pôles entre actif et réceptif, lunaire et solaire et se donne à l'autre, tout en sachant ne pas se perdre.
Dans l'acte sexuel, l'homme manifeste sa puissance et, au moment de l'éjaculation, entre dans sa vulnérabilité. La femme, qui était d'abord dans sa vulnérabilité, entre alors dans sa puissance et reçoit la vulnérabilité de l'homme. Cette inversion des pôles est sans cesse en action entre l'homme et la femme et se trouve à la base de leur harmonie. Chacun se développe en allant chercher chez l’autre les racines d'un comportement. C'est l'alternance solaire-lunaire.
L'orgasme est un des endroits charnières où l'énergie bascule chez l'un et chez l'autre. De la puissance extérieure à la vulnérabilité intérieure chez l'homme. De la vulnérabilité extérieure chez la femme à la puissance intérieure.
Le tantrisme propose à l'homme de contrôler son éjaculation, de chercher à développer une rétention. Pour certains, il s'agit là de trouver une technique de respiration ou de squeeze, mais en profondeur, la rétention vient de la détente donc de l'acceptation profonde de l'autre. Il n'y a plus de combat, plus de peur que l'autre jouisse avant moi, que l'énergie se retire, que le plaisir soit volé. L'homme ne cherche p]us seulement ce plaisir en spasme. L'éjaculation n'est plus son maître. Il propose même à sa partenaire de prendre le contrôle sur son éjaculation. Dans une conception patriarcale, la femme accepte et l'homme impose, la femme se donne et l'homme prend. Dans une conception libératrice, l'homme se donne et la femme reçoit et inversement, la femme se donne et l'homme reçoit. Inspir et expir. Au bout de l'inspir et au bout de l'expir, il y a deux temps précieux qui n’appartiennent ni à l'inspir ni à l'expir. Ces deux temps de suspension sont reliés au non-agir, à l'unité, à la fusion. De la même manière il y a un temps où donner et recevoir fusionnent.
Paule Salomon - Bienheureuse infidélité - Editions Le Livre de Poche
samedi 25 octobre 2008
Nos décisions ne changent pas la direction générale de notre voyage d'âme. Son programme finit toujours par se faire reconnaître. Mais elles changent les délais et les gens qui en font partie. Les paysages qui défilent seront les mêmes, mais en fonction de notre vitesse, de nos envies de prendre le chemin des écoliers, on arrivera quelquefois plus tard que prévu à un croisement, et les compagnons de route seront différents.
Arouna Lipschitz, écrivaine
jeudi 23 octobre 2008
Au coeur de ta présence ...
Ce texte m'a été transmis et j'y puise très souvent la source de ma confiance en la vie et en l'Amour. C'est un moment de recueillement et de contemplation que de me laisser traverser par ces mots. Je l'offre à tous ceux qui pourront aussi y trouver résonance et foi. L'Amour vit au travers de nous, il n'y a pas d'effort. Juste de la présence et un Oui à ce qui est.
De ton absence dans le visible
à ta présence dans l'invisible
il est tout un voyage à vivre
pour pouvoir un jour cueillir
au coeur de ton absence
le fruit réel de ta présence.
Délice d'un pur Amour....
Et pouvoir vivre à jamais
libre de tout manque...
Pouvoir enfin au coeur de ton absence
laisser chanter mon âme ivre de ta présence.
Au coeur de mes manques de toi
à l'extérieur de moi
j'aspire par la force de mon plus profond désir
à pouvoir métamorphoser ce qui fait si mal
en un parfum divin
afin d'être unie à toi
au coeur de l'Essence-Ciel.
Inconnu sur internet
samedi 18 octobre 2008
Lee Lozowick - Masculin ou féminin dans la souplesse de la relation...
Lee Lozowick est "instructeur spirituel" américain contemporain. Il aborde le Tantra comme une possibilité de se connaitre, de rencontrer les éléments qui constituent notre monde souterrain, d'en passer par eux pour effectuer une transformation authentique et radicale de sa vie personnelle et de couple. Son style d'écriture, parfois surprenant, dans une certaine forme directe, abrupte même, nous invite à nous rendre à l'essentiel.
Cet extrait pose comment les énergies féminines et masculines peuvent se jouer en souplesse dans la relation en se laissant faire par le mystère du présent de l'amour.
Il nous faut être un peu plus souples. L'idéal serait d'être, suivant le besoin du moment, masculin ou féminin. Cependant, selon ce que nécessitent les circonstances, trop peu de personnes sont assez souples pour être ou masculines, ou féminines.
En fait, il s'agit là d'une perspective qui terrifie beaucoup de gens. La plupart des hommes qui s'essayent à être masculins n'y arrivent pas vraiment, et ils ne réussissent pas plus à être féminins, même si la situation le requiert.
Quant aux femmes, la majorité d'entre elles s'essayent à être féminines et sont incapables d'être masculines si la situation le nécessite. Lors de la relation sexuelle, l'homme peut être masculin ou féminin, et la femme peut-être féminine ou masculine. Vous pouvez oublier si vous êtes féminin ou masculin lorsque vous abordez la relation sexuelle avec l'idée que vous pouvez être l'Homme ou la Femme.
A ce moment-là, vous pouvez simplement être l'événement qui se déroule, l'interaction des énergies spontanées. A ce moment-là, l'orgasme devient un ancien projet, juste bon à étouffer l'énergie. Vous pouvez ne plus vous soucier de l'orgasme car ce que vous êtes en train de faire est meilleur.
Lorsque vous êtes profondément dans le jeu des interactions de l'énergie, vous oubliez que vous êtes un homme, ou une femme, et à qui vous faites quoi. Vous êtes tout bonnement dedans. S'investir aussi loin dépasse les limites du plaisir momentané de l'orgasme ; et c'est à partir de là que vous pouvez continuer.
Alors, une joie délicieuse transcende l'état d'esprit comparatif. L'extase consume la dualité de l'accouplement.
Lee Lozowick - L'alchimie de l'amour et de la sexualité - Le Relié Poche Editions
Cet extrait pose comment les énergies féminines et masculines peuvent se jouer en souplesse dans la relation en se laissant faire par le mystère du présent de l'amour.
Il nous faut être un peu plus souples. L'idéal serait d'être, suivant le besoin du moment, masculin ou féminin. Cependant, selon ce que nécessitent les circonstances, trop peu de personnes sont assez souples pour être ou masculines, ou féminines.
En fait, il s'agit là d'une perspective qui terrifie beaucoup de gens. La plupart des hommes qui s'essayent à être masculins n'y arrivent pas vraiment, et ils ne réussissent pas plus à être féminins, même si la situation le requiert.
Quant aux femmes, la majorité d'entre elles s'essayent à être féminines et sont incapables d'être masculines si la situation le nécessite. Lors de la relation sexuelle, l'homme peut être masculin ou féminin, et la femme peut-être féminine ou masculine. Vous pouvez oublier si vous êtes féminin ou masculin lorsque vous abordez la relation sexuelle avec l'idée que vous pouvez être l'Homme ou la Femme.
A ce moment-là, vous pouvez simplement être l'événement qui se déroule, l'interaction des énergies spontanées. A ce moment-là, l'orgasme devient un ancien projet, juste bon à étouffer l'énergie. Vous pouvez ne plus vous soucier de l'orgasme car ce que vous êtes en train de faire est meilleur.
Lorsque vous êtes profondément dans le jeu des interactions de l'énergie, vous oubliez que vous êtes un homme, ou une femme, et à qui vous faites quoi. Vous êtes tout bonnement dedans. S'investir aussi loin dépasse les limites du plaisir momentané de l'orgasme ; et c'est à partir de là que vous pouvez continuer.
Alors, une joie délicieuse transcende l'état d'esprit comparatif. L'extase consume la dualité de l'accouplement.
Lee Lozowick - L'alchimie de l'amour et de la sexualité - Le Relié Poche Editions
vendredi 17 octobre 2008
jeudi 16 octobre 2008
Dans la vie, nous avons besoin d'un minimum de courage pour faire des choix.
Mais comme il n'est pas bon de se décider de manière impulsive,
une certaine dose d'indécision est nécessaire,
le temps d'évaluer correctement la situation
ou de consulter des gens plus avisés que nous.
Jusqu'à un certain point, l'indécision est donc utile.
Mais une fois le pour et le contre pesés,
il faut avoir la force de se décider,
quels que soient les problèmes éventuels auxquels on devra faire face."
Mais comme il n'est pas bon de se décider de manière impulsive,
une certaine dose d'indécision est nécessaire,
le temps d'évaluer correctement la situation
ou de consulter des gens plus avisés que nous.
Jusqu'à un certain point, l'indécision est donc utile.
Mais une fois le pour et le contre pesés,
il faut avoir la force de se décider,
quels que soient les problèmes éventuels auxquels on devra faire face."
Dalaï-Lama
dimanche 12 octobre 2008
Maitre Eckhart : L'énergie tourbillonnante pleine de vie...
L'évocation de ce passage nous permet de nous poser au centre d'un paradoxe, celui de ce déploiement d'énergie vers l'extérieur et vers soi même, où nous pourrions, mal vécu, nous perdre et nous disperser mais où, bien vécu, nous pouvons y cultiver et déployer notre puissance d'être en relation. L'énergie de présence se ressent dans le cœur de la spirale, là où l'immobilité et le silence nous surprennent alors que le mouvement est dans sa surprenante et imprévisible force d'expansion. Le retour à soi est alors porteur de l'intensité de cette dynamique.
Maitre Eckhart ne parle pas seulement de fondre, mais aussi de brûler et de bouillonner. Tous ces termes font penser à une accumulation phénoménale d'énergie maintenue pourtant dans un total équilibre et sous parfait contrôle. C'est là un secret qui se laisse entrevoir aussi dans tout l'univers, ainsi que dans nos propres vies. Quand nous agissons et quand nous nous répandons dans le monde et dans nos relations avec d'autres personnes, cela provoque une perte et une dissipation d'énergie.
Mais apprendre à se répandre tout en demeurant au-dedans et détaché, parvenir à être en même temps en mouvement et en repos, voilà ce que la vie spirituelle est avant tout ; elle nous apprend que nous sommes de vraies personnes, de vrais participants à la vie tourbillonnante, brûlante et pleine d'énergie. Vivre de cette façon signifie être infatigable, car cela produit une accumulation et non une perte d'énergie. La puissance la plus forte est accompagnée de la retenue la plus forte. Ici encore l'enseignement d'Eckhart donne parfaitement raison aux adeptes de l'Extrême-Orient, du taoïsme et du zen.
Mais en même temps il ne peut pas être plus chrétien. Ainsi pouvons-nous parler, si nous le voulons, de la vie intérieure comme d'une vie de «paix », de « tranquillité» et de «contemplation », à condition de ne pas entendre ces termes d'une façon qui prête à penser à une inertie ou à une défaillance d'énergie. Car ils impliquent au contraire une production maximale d'énergie maintenue dans un maximum d'équilibre, ou plutôt une production infinie d'énergie dans un infini équilibre. Ainsi être une personne veut dire être initié dans le mystère de la vraie puissance.
Cyprian Smith. Un chemin de paradoxe, la vie spirituelle selon Maitre Eckhart. Editions Cerf
mardi 7 octobre 2008
mercredi 1 octobre 2008
Richard Moss - Qu'est ce qu'une relation consciente ?
L'enseignement de Richard Moss est une exploration du discernement entre l'Etre et l'Ego. Entrer dans ce questionnement nous aide à élargir une ouverture de conscience très reliée aux évènements de la vie quotidienne et à notre qualité relationnelle avec nous-même, l'autre, la vie et le divin.
wwwrichardmosseurope.com
Tout d’abord, qu’est-ce qu’une relation ?
Pour la définir simplement, considérons la relation comme un «espace» ou une dynamique énergétique créée entre deux personnes ou plus, selon le «point de départ» de chacun. Ce «point de départ» est la nature de notre psychologie personnelle – notre degré de connaissance de nous-mêmes, et la mesure dans laquelle nous habitons notre soi authentique – et ce que nous apportons à la relation à partir de cette psychologie. On peut avoir comme point de départ un sentiment de sécurité ou d’insécurité intérieures, diverses peurs, la dépendance ou la suffisance, la confiance ou la méfiance.
Une relation n’est pas une chose statique. Elle se construit et devient saine ou malsaine, instant après instant. Lorsqu’une relation semble être figée dans une énergie qui est toujours la même, par exemple lorsqu’il y a souvent des conflits, c’est parce que les deux personnes sont coincées dans des schémas qu’elles ne cessent de reproduire. Le point de départ psychologique reste toujours le même et nous arrivons toujours au même endroit – c’est à dire dans le même malheur relationnel, tout à fait prévisible. Notre conscience est portée sur la douleur et sur des attentes si souvent insatisfaites ; on considère que c’est la relation, et non pas nous-mêmes, qui est le «problème».
Une relation est plus que les individus qui la constituent. Elle a sa propre qualité unique qui peut nous permettre de nous sentir plus vivants ou plus désespérés que si nous étions seuls. Mais ce n’est pas par chance ou par malchance que les choses se passent ainsi. L’énergie de la relation dépend du point de départ en nous-mêmes et chez l’autre. En règle générale, nous ne nous connaissons pas aussi bien que nous l’imaginons. Nous avons rarement conscience de notre propre psychologie au début. Nous amenons donc beaucoup d’inconscience dans nos relations –croyances, protections, réactivité, projections – venant de notre passé, et en particulier, de notre enfance.
C’est ici où la relation peut nous aider à devenir plus conscients. L’atmosphère de la relation nous renvoie en miroir notre inconscience particulière, à savoir à quel point nous sommes déconnectés de notre soi véritable au niveau de notre pensée ou de notre comportement à un moment donné. C’est cette distance intérieure entre notre psychologie et notre essence qui fait que nous voyons l’autre comme étant quelqu’un en qui nous ne pouvons pas avoir confiance, qui nous met en colère, ou qui nous blesse. Mais en réalité, si nous sommes malheureux ou insatisfaits, l’autre n’en est jamais la véritable cause. C’est nous qui avons peur de revendiquer et de vivre à partir de notre soi véritable, et d’accepter les conséquences que cela crée dans la relation. Si nous communiquons avec honnêteté et nous exprimons nos vrais sentiments, cette authenticité et cette confiance vont guérir la relation et nous amener vers une plus grande plénitude, ou bien nous allons prendre clairement conscience que nous ne souhaitons plus être dans cette relation et nous devrons alors la lâcher et en faire le deuil.
Mais avant de nous précipiter à mettre fin à une relation, nous devons être honnêtes avec nous-mêmes : ce n’est jamais l’autre qui peut nous rendre misérables ni nous sauver. Si nous nous sentons dépendants, en colère ou jaloux, ou si nous imaginons que l’autre est notre âme-sœur, c’est à cause de la distance entre nous-mêmes et notre propre soi authentique. Nous avons envie de croire que l’autre est «la bonne personne» pour nous, ou encore que c’est à cause de l’autre qu’il y a tant de douleur – mais ce n’est jamais le cas.
Une relation qui nous élève et nous met dans un état de clarté, un sentiment de gratitude et de créativité renouvelée signifie que nous prenons le risque de dépasser notre psychologie d’enfance, et que notre point de départ est devenu quelque chose de plus authentique et de plus essentiel. Parallèlement, une relation qui nous appauvrit, dans laquelle nous nous sentons jaloux, en colère, inconsidéré et plein de jugements, et dans laquelle il y a beaucoup de conflits qui ne débouchent pas sur une compréhension approfondie et une meilleure connexion, est une relation dans laquelle le point de départ des deux personnes est faux, et elles ne le savent pas.
Une fois que nous aurons compris que ce n’est pas par hasard que la relation est malheureuse, et nous sommes prêts à accepter que ce n’est jamais complètement la faute de l’autre, nous pouvons commencer à faire évoluer la relation. Pour ce faire, il faut, bien entendu, travailler sur nous-mêmes et sur la relation, et spécifiquement sur notre manière d’écouter et de communiquer. Il faut prendre conscience du faux soi – la manière dont, enfant, nous avons refoulé certains sentiments menaçants, créant ainsi une persona plus ou moins positive pour déguiser notre insécurité et la cacher non seulement aux yeux des autres, mais surtout, aux nôtres. Le faux soi n’est pas réellement capable de vivre une vraie intimité. Il se manifeste inéluctablement à un certain stade de notre vie ; c’est lui qui crée les schémas destructeurs dans les relations. C’est notre faux soi qui nous fait croire que nous pouvons sauver l’autre ou que nous sommes indispensables, et c’est lui qui nous fait attendre la perfection, chez nous-mêmes ou chez l’autre. Il peut nous amener à créer une image héroïque de nous-mêmes qui nous pousse à être rebelles ou non-conformistes, ou bien stoïques sans avoir accès à nos vrais sentiments. Parfois il nous pousse à vivre dans un monde personnel fantasmé, ce qui nous amène à nous retirer ou à être distants et détachés. Lorsque nous vivons à partir de quelque chose en nous-mêmes qui n’est pas réel, nos relations ne peuvent pas vraiment réussir, et elles deviennent des relations malheureuses, tendues ou anesthésiées.
Lorsque nous devenons suffisamment matures pour nous rendre compte que «l’homme ou la femme parfait» qui va nous sauver n’existe pas, nous pouvons commencer alors à travailler sur nous-mêmes et faire évoluer des relations qui peuvent vraiment devenir merveilleuses. Faire consciemment évoluer nos relations est une des choses les plus créatives que nous puissions faire dans notre vie.
Interview réalisée par Jacques Durand, avec l'assistance de Deborah Bacon.
Une relation n’est pas une chose statique. Elle se construit et devient saine ou malsaine, instant après instant. Lorsqu’une relation semble être figée dans une énergie qui est toujours la même, par exemple lorsqu’il y a souvent des conflits, c’est parce que les deux personnes sont coincées dans des schémas qu’elles ne cessent de reproduire. Le point de départ psychologique reste toujours le même et nous arrivons toujours au même endroit – c’est à dire dans le même malheur relationnel, tout à fait prévisible. Notre conscience est portée sur la douleur et sur des attentes si souvent insatisfaites ; on considère que c’est la relation, et non pas nous-mêmes, qui est le «problème».
Une relation est plus que les individus qui la constituent. Elle a sa propre qualité unique qui peut nous permettre de nous sentir plus vivants ou plus désespérés que si nous étions seuls. Mais ce n’est pas par chance ou par malchance que les choses se passent ainsi. L’énergie de la relation dépend du point de départ en nous-mêmes et chez l’autre. En règle générale, nous ne nous connaissons pas aussi bien que nous l’imaginons. Nous avons rarement conscience de notre propre psychologie au début. Nous amenons donc beaucoup d’inconscience dans nos relations –croyances, protections, réactivité, projections – venant de notre passé, et en particulier, de notre enfance.
C’est ici où la relation peut nous aider à devenir plus conscients. L’atmosphère de la relation nous renvoie en miroir notre inconscience particulière, à savoir à quel point nous sommes déconnectés de notre soi véritable au niveau de notre pensée ou de notre comportement à un moment donné. C’est cette distance intérieure entre notre psychologie et notre essence qui fait que nous voyons l’autre comme étant quelqu’un en qui nous ne pouvons pas avoir confiance, qui nous met en colère, ou qui nous blesse. Mais en réalité, si nous sommes malheureux ou insatisfaits, l’autre n’en est jamais la véritable cause. C’est nous qui avons peur de revendiquer et de vivre à partir de notre soi véritable, et d’accepter les conséquences que cela crée dans la relation. Si nous communiquons avec honnêteté et nous exprimons nos vrais sentiments, cette authenticité et cette confiance vont guérir la relation et nous amener vers une plus grande plénitude, ou bien nous allons prendre clairement conscience que nous ne souhaitons plus être dans cette relation et nous devrons alors la lâcher et en faire le deuil.
Mais avant de nous précipiter à mettre fin à une relation, nous devons être honnêtes avec nous-mêmes : ce n’est jamais l’autre qui peut nous rendre misérables ni nous sauver. Si nous nous sentons dépendants, en colère ou jaloux, ou si nous imaginons que l’autre est notre âme-sœur, c’est à cause de la distance entre nous-mêmes et notre propre soi authentique. Nous avons envie de croire que l’autre est «la bonne personne» pour nous, ou encore que c’est à cause de l’autre qu’il y a tant de douleur – mais ce n’est jamais le cas.
Une relation qui nous élève et nous met dans un état de clarté, un sentiment de gratitude et de créativité renouvelée signifie que nous prenons le risque de dépasser notre psychologie d’enfance, et que notre point de départ est devenu quelque chose de plus authentique et de plus essentiel. Parallèlement, une relation qui nous appauvrit, dans laquelle nous nous sentons jaloux, en colère, inconsidéré et plein de jugements, et dans laquelle il y a beaucoup de conflits qui ne débouchent pas sur une compréhension approfondie et une meilleure connexion, est une relation dans laquelle le point de départ des deux personnes est faux, et elles ne le savent pas.
Une fois que nous aurons compris que ce n’est pas par hasard que la relation est malheureuse, et nous sommes prêts à accepter que ce n’est jamais complètement la faute de l’autre, nous pouvons commencer à faire évoluer la relation. Pour ce faire, il faut, bien entendu, travailler sur nous-mêmes et sur la relation, et spécifiquement sur notre manière d’écouter et de communiquer. Il faut prendre conscience du faux soi – la manière dont, enfant, nous avons refoulé certains sentiments menaçants, créant ainsi une persona plus ou moins positive pour déguiser notre insécurité et la cacher non seulement aux yeux des autres, mais surtout, aux nôtres. Le faux soi n’est pas réellement capable de vivre une vraie intimité. Il se manifeste inéluctablement à un certain stade de notre vie ; c’est lui qui crée les schémas destructeurs dans les relations. C’est notre faux soi qui nous fait croire que nous pouvons sauver l’autre ou que nous sommes indispensables, et c’est lui qui nous fait attendre la perfection, chez nous-mêmes ou chez l’autre. Il peut nous amener à créer une image héroïque de nous-mêmes qui nous pousse à être rebelles ou non-conformistes, ou bien stoïques sans avoir accès à nos vrais sentiments. Parfois il nous pousse à vivre dans un monde personnel fantasmé, ce qui nous amène à nous retirer ou à être distants et détachés. Lorsque nous vivons à partir de quelque chose en nous-mêmes qui n’est pas réel, nos relations ne peuvent pas vraiment réussir, et elles deviennent des relations malheureuses, tendues ou anesthésiées.
Lorsque nous devenons suffisamment matures pour nous rendre compte que «l’homme ou la femme parfait» qui va nous sauver n’existe pas, nous pouvons commencer alors à travailler sur nous-mêmes et faire évoluer des relations qui peuvent vraiment devenir merveilleuses. Faire consciemment évoluer nos relations est une des choses les plus créatives que nous puissions faire dans notre vie.
Interview réalisée par Jacques Durand, avec l'assistance de Deborah Bacon.
samedi 27 septembre 2008
John Welwood - La Transmutation
John Welwood est psychothérapeute en Californie. Il a suivi la voie du boudhisme tibétain. Son approche fait le lien entre sa pratique de thérapeute et de pratiquant spirituel. Il parle ici de la transmutation de l'énergie et/ou émotions.
La tradition tantrique du bouddhisme Vajrayana est connue en tant que chemin de transformation, dans lequel l’expérience «impure» - marquée par l'ignorance, la dualité, l'agression, la saisie - est transmuée en expérience «pure », illuminée par la vigilance, l'ouverture, l'absence de saisie et l'appréciation spontanée. Dans le Vajrayana, les méthodes fondamentales de visualisation, de mantra, de moudra et de rituel symbolique conduisent, à terme, à l'approche plus avancée et absolument directe du Mahamoudra/Dzogchen dans laquelle le pratiquant supprime la séparation entre pur et impur en rencontrant l'immédiateté à l'état brut de l'expérience en cours et en s y ouvrant. Dans cette rencontre directe, la qualité épaisse, lourde et captivante de l'expérience disparaît, révélant en son sein une intelligence vivante plus profonde.
Chôgyam Trungpa décrit ainsi ce type de changement:
«À ce point, tout ce qui est expérimenté dans la vie quotidienne à travers la perception sensorielle est une expérience nue, car elle est directe. Il n'y a pas de voile entre [vous] et ça. .... Le Tantra n'apprend pas à réprimer ni à détruire une énergie mais à la transmuter; en d'autres termes, à s'accorder avec la forme d'énergie... Quand [vous] allez de pair avec l'énergie, l'expérience devient alors très créative... Vous réalisez que vous n'avez plus à abandonner quoi que ce soit. Vous commencez à voir les qualités de sagesse, sous-jacentes à la situation de votre vie... Si vous êtes très impliqué dans une émotion comme la colère, alors, en ayant une vision soudaine, momentanée, d’ouverture... vous commencez à voir que vous n'avez pas à refouler votre énergie... mais que vous pouvez transformer votre agressivité en énergie dynamique...
Si nous sentons réellement la qualité vivante, la texture des émotions telles qu'elles sont dans leur nudité, cette expérience contient alors la vérité ultime... Nous découvrons que l'émotion en fait n'existe pas telle qu'elle apparaît mais qu'elle contient beaucoup de sagesse et d'espace ouvert... Le processus de... transmutation des émotions se met ensuite en place automatiquement.
Il n'y a ici aucun effort délibéré de transmuer les émotions; plus précisément, la transmutation se produit spontanément en s'ouvrant totalement à ces émotions.
Chôgyam Trungpa rajoute : «Vous ressentez un bouleversement émotionnel tel qu'il est, mais... devenez un avec lui... Soyez dans l'émotion, traversez la, abandonnez-vous à elle, faites-en l'expérience. Vous commencez à aller vers l'émotion, au lieu de simplement ressentir l'émotion venir vers vous... Les énergies les plus puissantes deviennent alors parfaitement utilisables... Tout ce qui advient dans l'esprit samsarique est considéré comme le chemin; tout est utilisable. C'est une proclamation intrépide - le rugissement du lion».
John Welwood -Pour une Psychologie de l'Eveil - Editions La Table Ronde
www.johnwelwood.com
La tradition tantrique du bouddhisme Vajrayana est connue en tant que chemin de transformation, dans lequel l’expérience «impure» - marquée par l'ignorance, la dualité, l'agression, la saisie - est transmuée en expérience «pure », illuminée par la vigilance, l'ouverture, l'absence de saisie et l'appréciation spontanée. Dans le Vajrayana, les méthodes fondamentales de visualisation, de mantra, de moudra et de rituel symbolique conduisent, à terme, à l'approche plus avancée et absolument directe du Mahamoudra/Dzogchen dans laquelle le pratiquant supprime la séparation entre pur et impur en rencontrant l'immédiateté à l'état brut de l'expérience en cours et en s y ouvrant. Dans cette rencontre directe, la qualité épaisse, lourde et captivante de l'expérience disparaît, révélant en son sein une intelligence vivante plus profonde.
Chôgyam Trungpa décrit ainsi ce type de changement:
«À ce point, tout ce qui est expérimenté dans la vie quotidienne à travers la perception sensorielle est une expérience nue, car elle est directe. Il n'y a pas de voile entre [vous] et ça. .... Le Tantra n'apprend pas à réprimer ni à détruire une énergie mais à la transmuter; en d'autres termes, à s'accorder avec la forme d'énergie... Quand [vous] allez de pair avec l'énergie, l'expérience devient alors très créative... Vous réalisez que vous n'avez plus à abandonner quoi que ce soit. Vous commencez à voir les qualités de sagesse, sous-jacentes à la situation de votre vie... Si vous êtes très impliqué dans une émotion comme la colère, alors, en ayant une vision soudaine, momentanée, d’ouverture... vous commencez à voir que vous n'avez pas à refouler votre énergie... mais que vous pouvez transformer votre agressivité en énergie dynamique...
Si nous sentons réellement la qualité vivante, la texture des émotions telles qu'elles sont dans leur nudité, cette expérience contient alors la vérité ultime... Nous découvrons que l'émotion en fait n'existe pas telle qu'elle apparaît mais qu'elle contient beaucoup de sagesse et d'espace ouvert... Le processus de... transmutation des émotions se met ensuite en place automatiquement.
Il n'y a ici aucun effort délibéré de transmuer les émotions; plus précisément, la transmutation se produit spontanément en s'ouvrant totalement à ces émotions.
Chôgyam Trungpa rajoute : «Vous ressentez un bouleversement émotionnel tel qu'il est, mais... devenez un avec lui... Soyez dans l'émotion, traversez la, abandonnez-vous à elle, faites-en l'expérience. Vous commencez à aller vers l'émotion, au lieu de simplement ressentir l'émotion venir vers vous... Les énergies les plus puissantes deviennent alors parfaitement utilisables... Tout ce qui advient dans l'esprit samsarique est considéré comme le chemin; tout est utilisable. C'est une proclamation intrépide - le rugissement du lion».
John Welwood -Pour une Psychologie de l'Eveil - Editions La Table Ronde
dimanche 21 septembre 2008
Sri Nisargadatta - Etre, sans le "ceci ou cela"
Sri Nisargadatta est un maître indu (1897 - 1981) qui tout au long de son enseignement sous forme d'entretiens revient à l'origine du questionnement : "Qui suis-je ?"
www.nisagardatta.net
Vous ne pouvez pas dire que vous êtes ce que vous pensez être! Vos idées à votre sujet changent de jour en jour et d'instant en instant. Votre image, de vous-même est la chose la plus changeante que vous ayez. Elle est éminemment vulnérable, à la merci du premier passant. Un deuil, la perte d'une situation, une insulte et cette image de vous que vous appelez votre personne, change profondément.
Pour savoir ce que vous êtes vous devez d'abord rechercher et connaître ce que vous n'êtes pas. Et pour savoir ce que vous n'êtes pas vous devez vous observer soigneusement, vous devez rejeter tout ce qui n'est pas en accord avec le fait fondamental : « Je suis ».
Ces idées « Je suis né à telle heure, à tel endroit, de mes parents et maintenant je suis celui-ci ou celui-là, vivant à...., marié à .... , père de ...., employé par .... etc » n'appartiennent pas à « je suis ». Notre attitude habituelle est « je suis ceci ». Séparez, avec esprit de suite et persévérance, le « je suis » de « ceci » et essayez de sentir ce que signifie être, simplement être, sans être « ceci » ou « cela ».
Toutes nos habitudes vont contre cela et, parfois, les combattre est long et difficile, mais une compréhension claire aide beaucoup. Plus vous comprendrez qu'au plan du mental vous ne pouvez être décrit qu’en termes négatifs, plus rapidement vous parviendrez au terme de votre recherche et vous réaliserez votre être illimité.
Sri Nisargadatta - "Je suis" - Editions Les Deux Océans
vendredi 19 septembre 2008
Cette rosée au cœur de chaque cellule ...
Recueille là !
Son frémissement infime et continu est notre nature propre.
Sans limite,
de même essence et de même nature que tout ce qui vit, plus de séparation.
Dans la danse, plus d’identité séparée, tout est lié,
tout est image et reflet à l’infini.
Daniel Odier
Recueille là !
Son frémissement infime et continu est notre nature propre.
Sans limite,
de même essence et de même nature que tout ce qui vit, plus de séparation.
Dans la danse, plus d’identité séparée, tout est lié,
tout est image et reflet à l’infini.
Daniel Odier
Jacques Ferber - Qu’est ce que la présence ?
Jacques Ferber est l'auteur de "L'amant tantrique : l"homme sur la voie de la sexualité sacrée" (Editions du Souffle d'Or). Son blog regroupe des textes traitant de la sexualité et tout particulièrement dans sa relation au sacré, au sexe et à l'amour comme voie d'accès au divin et au développement de l'Etre. Sa démarche tantrique l'a amené à reconnaître sa puissance et à l'ouvrir à toute la dimension intérieure du féminin, créant en lui ce couple intérieur, espace d'un nouveau relationnel d'amour et d'authenticité, différent des conditionnements ordinaires. Il parle ici de la qualité de présence dans la relation d'amour.
www.sexespi.com
Ce qu’on appelle présence, c’est cette attitude intérieure qui fait que l’on est totalement à ce que l’on fait, que l’on est totalement investi dans son action, sans qu’il y ait de réflexions ou de jugements qui viennent interférer ou se mettre entre soi et son acte. Cela nous met dans l’instant présent, car le mental, au travers des réflexions et des jugements nous place toujours dans le passé ou l’avenir. Vouloir quelque chose de précis c’est se mettre dans une attente d’un moment futur à venir. Etre présent à soi et à l’autre, c’est au contraire ne rien «vouloir», en se laissant guider par son ressenti profond, par ce qui vient naturellement du fond de l’être..
Pour un homme, être dans la présence passe par deux composantes fondamentales : se sentir bien dans sa virilité, dans sa masculinité d’une part, et être en relation avec l’autre. En couple, cela signifie être à la fois très centré dans son bassin, être «dans ses couilles» comme on dit, et en même temps savoir accueillir ce qui vient, savoir ressentir l’état de son partenaire dans ses mains et son corps. Il n’y a rien qui coupe plus une femme de l’amour que de sentir que l’homme n’est pas là, pas présent à elle. Même si beaucoup de femmes en ont pris leur parti, ce manque de présence de l’homme, malheureusement si courant à cause des peurs et des projections qui l’habitent, est ce qui les fane, les terni, leur enlève leur accès à l’amour et à la Vie dans son caractère lumineux.
Le gros écueil quand on fait l’amour, c’est de partir sur des rails alimentés par le mental. On se retrouve à penser «je vais faire ça parce qu’elle va aimer, si je lui caresse cette zone, alors elle va jouir». On se comporte alors en tant que «grand machiniste», on essaye de contrôler la «machine femme» en appuyant sur les bons boutons, en essayant que nos caresses produisent un certain effet.
D’autre part, on peut être aussi perturbé par des pensées liées à nos performances : «est ce que je serais à la hauteur, est ce que je vais partir trop vite, est ce que je vais avoir une belle érection».
Tout cela nous éloigne de la femme. Cet enfermement dans nos objectifs et nos pensées nous coupe d’elle, et nous coupe de notre ressenti. Nous ne sommes plus présent à elle. La femme le sent : elle ne s’ouvre plus, elle ne rayonne plus, comme une fleur qui se referme sur elle-même. On essaye encore plus d’appuyer sur les bons boutons, mais la magie n’opère plus. On entre dans un cercle vicieux qui nous coupe de la Vie, et du réel Désir.
D’abord bien comprendre qu’un bon amant n’est pas un homme performant, mais un homme présent à soi et à l’autre, ancré dans le sol, bien dans son sexe et à l’écoute de sa compagne. Pour développer cette présence, le plus facile (en tout cas, ce qui a été décisif pour moi), c’est d’être présent dans la caresse. Etre présent dans une caresse, c’est être tout entier dans ses doigts, comme si les doigts étaient animés d’une vie propre. Notre esprit se place dans les doigts, dans le ressenti des doigts, comme si nous n’étions plus que nos mains. Puis en se connectant à son cœur ou à son sexe (il s’agit de deux énergies différentes), on laisse les mains vivre leur vie propre, aller où elles se sentent bien. Elles trouvent alors naturellement le chemin de la relation.
Il en est de même quand on danse un slow ou une danse de proximité (valse, tango, etc.) avec une femme. Il suffit parfois de poser ses mains sur les hanches de la femmes ou sur ses reins, tout en étant bien ancré dans sa puissance, pour trouver immédiatement la connexion. Et cette connexion est elle-même la preuve de cette présence de l’homme.
Pour la femme, le problème de la présence se pose différemment, car il s'agit ici d'abandon. Si elle est bien avec sa sexualité, si elle n’est pas coupée de son corps, si elle n'a pas peur (et donc s'il n'y a pas de traumatisme liés à un abus quelconque), elle peut entrer naturellement dans cette présence à elle-même qui est un mouvement d’abandon et de rayonnement. Plus la femme s’ouvre et s’abandonne aux caresses de son partenaire, plus elle rayonne, et plus elle touche l’homme qui voit la beauté de cette femme, qui appréhende la déesse dans sa partenaire. Son cœur s’ouvre alors au divin et tous les deux entrent dans la danse de l’amour, union des corps et des âmes, incandescence des désirs, célébration de la Vie.
Néanmoins, on voit que le problème réside avant tout pour la femme à pouvoir s'abandonner en confiance. Mais s'abandonner n'est pas se laisser faire : c'est un mouvement d'accueil en conscience qui n'a rien de passif..
dimanche 14 septembre 2008
Paule Salomon - Révéler le délice de l'existence...
Dans ce livre, Paule Salomon expose, entre autre, comment l'homme d'aujourd'hui a la possibilité d'être aussi réceptif qu'actif, de conjuguer force et douceur, de renouer avec la part féminine de son être et d'explorer son intériorité. Cet extrait nous parle de la qualité de présence de la femme réalisée dans cette conquête de lui même.
Les hommes transformés aiment les femmes réalisées et non pas infantilisées, ils n'ont pas peur d'elles, ils s'en nourrissent visiblement comme d'un nectar. Il faut dire à quel point le rayonnement d'une femme et son parcours d'authenticité vers elle-même touchent un homme et l'inspirent. Une autre face d'Eros, moins physique et plus spirituelle, se révèle.
Une femme entière, une femme reliée soulève un homme et lui permet de rejoindre en lui ce qu'on pourrait appeler le divin. Tel est bien le rôle de la shakti orientale : donner accès, révéler le délice de l'existence. L'homme alors place le féminin volontairement au-dessus de lui-même pour qu'elle soit le canal de son inspiration. Dans un mouvement d'intériorisation il permet à son propre visage féminin intérieur de guider son masculin et, dans sa vie, il fera bientôt passer les valeurs d'humanité avant les valeurs de consommation et d'accumulation. Un va-et-vient entre l'extérieur et l'intérieur, entre la femme extérieure et la femme intérieure trace progressivement le sillon d'une nouvelle confiance en soi.
Plus les femmes avancent vers elles-mêmes, et plus les hommes les aiment. Plus ils les regardent, et plus ils se laissent en quelque sorte pénétrer par elles. Le processus s'inverse dans le domaine psychique. C'est le féminin de l'existence qui féconde les hommes et les transforme. La belle histoire, la plus belle histoire du monde se joue dans ces fécondations réciproques. Rien n'importe plus à un homme que de se laisser toucher de l'intérieur, de sentir son âme palpiter. La poésie des femmes, dans leurs gestes, leurs raffinements, leur comportement, leur écriture, redonne à l'homme le sens de l'origine et de la vie.
Paule Salomon - Les hommes se transforment - Editions Albin Michel
www.paulesalomon.org
Les hommes transformés aiment les femmes réalisées et non pas infantilisées, ils n'ont pas peur d'elles, ils s'en nourrissent visiblement comme d'un nectar. Il faut dire à quel point le rayonnement d'une femme et son parcours d'authenticité vers elle-même touchent un homme et l'inspirent. Une autre face d'Eros, moins physique et plus spirituelle, se révèle.
Une femme entière, une femme reliée soulève un homme et lui permet de rejoindre en lui ce qu'on pourrait appeler le divin. Tel est bien le rôle de la shakti orientale : donner accès, révéler le délice de l'existence. L'homme alors place le féminin volontairement au-dessus de lui-même pour qu'elle soit le canal de son inspiration. Dans un mouvement d'intériorisation il permet à son propre visage féminin intérieur de guider son masculin et, dans sa vie, il fera bientôt passer les valeurs d'humanité avant les valeurs de consommation et d'accumulation. Un va-et-vient entre l'extérieur et l'intérieur, entre la femme extérieure et la femme intérieure trace progressivement le sillon d'une nouvelle confiance en soi.
Plus les femmes avancent vers elles-mêmes, et plus les hommes les aiment. Plus ils les regardent, et plus ils se laissent en quelque sorte pénétrer par elles. Le processus s'inverse dans le domaine psychique. C'est le féminin de l'existence qui féconde les hommes et les transforme. La belle histoire, la plus belle histoire du monde se joue dans ces fécondations réciproques. Rien n'importe plus à un homme que de se laisser toucher de l'intérieur, de sentir son âme palpiter. La poésie des femmes, dans leurs gestes, leurs raffinements, leur comportement, leur écriture, redonne à l'homme le sens de l'origine et de la vie.
Paule Salomon - Les hommes se transforment - Editions Albin Michel
mardi 9 septembre 2008
Francis Lucille - S'abandonner à la présence silencieuse
www.francislucille.com
Abandonner l’esprit, le corps et le monde, d’instant en instant, à la présence silencieuse dans laquelle ils apparaissent.
Vous êtes la Conscience à chaque instant. Le seul moment où vous croyez ne pas l’être, c’est lorsque l’acteur, celui qui désire, surgit. Il se manifeste comme une pensée, une sensation corporelle, une résistance, un «je ne veux pas cette sensation» ou «ce n’est pas ainsi que les choses devraient être».
Dans les moments de situations tranquilles, la grâce rend toute chose aisée. Rien ne nous attire ou ne nous repousse. Le monde est abandonné. Le chant des oiseaux, le bruit de la circulation, les odeurs ou la température de l’air que nous respirons, quelle que soit la chose que nous vivons sur le moment, tout va et vient librement, sans déclencher la moindre réaction, sans créer aucune vague.
… La seule chose que nous ayons à faire est de transposer cette façon naturelle de vivre le monde, dans le domaine des pensées et des sensations corporelles.
Il nous suffit d’accueillir les pensées et les sensations corporelles de la même façon que nous accueillons le chant des oiseaux, le bruit de la circulation ou toute autre chose dont nous faisons l’expérience. Lorsque le chant des oiseaux ou tout autre événement est présent, cela est simplement présent. Nous n’intervenons plus face à ce qui manifeste. Nous ne faisons rien pour que cela apparaisse, pour que cela se maintienne, ou pour que cela disparaisse.
Le même principe est vrai pour nos pensées et nos sensations corporelles. Il n’y a pas d’attachement. N’adhérez à rien ! Le chant des oiseaux, le bruit de la circulation, nos pensées et nos ressentis, sont comme les éléments du rêve. D’un certain point de vue, ce sont des non-événements car ils ne provoquent aucune activité en nous. Evidemment, si la situation exige une réponse, nous répondons alors de façon appropriée à partir de cette perspective non impliquée ; mais aucune trace ne subsiste après la réponse qui pourrait susciter de nouvelles pensées ou de nouveaux ressentis. Nous revenons à l’ouverture, prêt à accueillir la prochaine manifestation, quelle qu’elle puisse être. »
lundi 1 septembre 2008
Cyprian Smith - Entrer dans le fond de l'âme ...
Le livre dont est extrait ce texte retrace la pensée de Maître Eckhart. Ce passage nous parle du "Qui suis je?" et du processus différencié entre le Moi-Ego (l'identité) et le Soi-Conscience (le fond de l'âme).
Si j'observe quelque chose, je dois être différent et distinct de ce que j'observe. Le fait d'avoir la possibilité d'observer mes pensées signifie qu'elles sont différentes de moi. Je ne les suis pas. En fait je ne suis aucune de ces choses que j'ai l'habitude de considérer comme moi-même. Je ne suis pas mon corps, pas mon esprit, ni mes émotions, et je ne suis pas non plus toutes ces choses ensemble. Alors qui suis je ? Qui c'est, «moi» ?
Il y a quelque chose en moi qui est toujours parfaitement détaché, tranquille et serein ; quelque chose qui n'est jamais irrité par quoi que ce soit, jamais abattu ru accablé ; qui est comme un lac profond et peut-être sans fond. Mes différentes pensées et émotions sont des vagues à sa surface. Mais, sous la surface, dans les profondeurs, il n'y a aucun remous. Tout y est calme. Y vivent d'étranges poissons et des arbustes légers comme une plume. Lorsque la turbulence de la surface a disparu, l'eau devient claire ; et nous pouvons voir dans les profondeurs et nous rendre compte de ce qui y vit. Mais cela même n'est pas le lac. Et ce n'est pas «moi». Mon moi est ce qui contient tout cela ; comme une eau tranquille, calme ou ondulée, douce ou salée, qui est remplie de poissons ou qui n'en contient pas.
Nous devenons conscients du vrai moi permanent lorsque nous sommes détachés des diverses projections ou activités qui ne sont pas nous-mêmes, mais seulement les choses que nous faisons ou les fonctions que nous remplissons. Avant de devenir conscients de notre moi permanent, nous sommes tyrannisés par nos pensées et par nos émotions. Et comment pourrions-nous l'éviter puisque nous n'avons ni havre ni refuge face à elles ? En effet, nous nous identifions à nos pensées et à nos émotions. Cela désorganise et morcelle nos vies, car nous avons un moi différent selon nos humeurs et nos activités du moment. Je suis une certaine personne quand je mange, j'en suis une autre quand je me promène, une autre quand je travaille, et encore une autre quand je parle avec ma femme. Il n'y a là rien qui puisse conférer une unité ou une continuité à mon identité, rien qui puisse lui donner une cohérence ou la contenir en un tout. Je n'ai pas un seul moi, mais une série de moi différents, qui sont parfois même en conflit les uns avec les autres.
Lorsque Eckhart en parle, il dit que c'est comme être perdu dans «la multiplicité» et dans des «images étrangères». C'est un état d'ignorance dans lequel nous nous trouvons réellement. Nous sommes entièrement conditionnés et déterminés par des influences venant du dehors, ce qui signifie que nous sommes incapables de faire quoi que ce soit, car il n'y a pas en nous de moi capable de faire quelque chose. Ce que nous tenons pour notre «action» n'est qu'une réaction à des stimulations extérieures et à des conditionnements, comme cela se passe pour un robot ou pour un automate. Car l'action, dans son sens véritable, n'est possible que pour quelqu'un qui a pénétré dans le vrai moi, dans le fond de l'âme, et qui a appris à agir à partir de ce centre.
Ainsi nous ne sommes pas réels, nous ne sommes pas des moi unifiés, et nous ne sommes pas capables d'une action authentique, avant d'avoir appris à entrer dans notre fond. Une action authentique n'est jamais déterminée de l'extérieur ; elle surgit avec spontanéité et librement du dedans. Partant de là, on perçoit aisément que le fond de l'âme est, à un très haut degré, détaché de notre monde quotidien et de ce que nous considérons habituellement comme notre «identité» et notre «vie». Il est élevé au-dessus d'elles, dit Eckhart, comme le ciel est élevé au-dessus de la terre. Rien de terrestre ne peut le toucher réellement. Il transcende l'espace et le temps. Celui qui entre dans le fond de l'âme ne se soucie plus ni du passé ni du futur. Il n'est conscient que de l'instant présent ; et l'instant présent est pénétré de la lumière divine, car c'est dans le présent, et seulement dans le présent, que le monde du temps touche au monde de l'éternité.
Cyprian Smith - Un chemin de paradoxe, la vie spirituelle selon Maître Eckhart - Cerf Editions
Si j'observe quelque chose, je dois être différent et distinct de ce que j'observe. Le fait d'avoir la possibilité d'observer mes pensées signifie qu'elles sont différentes de moi. Je ne les suis pas. En fait je ne suis aucune de ces choses que j'ai l'habitude de considérer comme moi-même. Je ne suis pas mon corps, pas mon esprit, ni mes émotions, et je ne suis pas non plus toutes ces choses ensemble. Alors qui suis je ? Qui c'est, «moi» ?
Il y a quelque chose en moi qui est toujours parfaitement détaché, tranquille et serein ; quelque chose qui n'est jamais irrité par quoi que ce soit, jamais abattu ru accablé ; qui est comme un lac profond et peut-être sans fond. Mes différentes pensées et émotions sont des vagues à sa surface. Mais, sous la surface, dans les profondeurs, il n'y a aucun remous. Tout y est calme. Y vivent d'étranges poissons et des arbustes légers comme une plume. Lorsque la turbulence de la surface a disparu, l'eau devient claire ; et nous pouvons voir dans les profondeurs et nous rendre compte de ce qui y vit. Mais cela même n'est pas le lac. Et ce n'est pas «moi». Mon moi est ce qui contient tout cela ; comme une eau tranquille, calme ou ondulée, douce ou salée, qui est remplie de poissons ou qui n'en contient pas.
Nous devenons conscients du vrai moi permanent lorsque nous sommes détachés des diverses projections ou activités qui ne sont pas nous-mêmes, mais seulement les choses que nous faisons ou les fonctions que nous remplissons. Avant de devenir conscients de notre moi permanent, nous sommes tyrannisés par nos pensées et par nos émotions. Et comment pourrions-nous l'éviter puisque nous n'avons ni havre ni refuge face à elles ? En effet, nous nous identifions à nos pensées et à nos émotions. Cela désorganise et morcelle nos vies, car nous avons un moi différent selon nos humeurs et nos activités du moment. Je suis une certaine personne quand je mange, j'en suis une autre quand je me promène, une autre quand je travaille, et encore une autre quand je parle avec ma femme. Il n'y a là rien qui puisse conférer une unité ou une continuité à mon identité, rien qui puisse lui donner une cohérence ou la contenir en un tout. Je n'ai pas un seul moi, mais une série de moi différents, qui sont parfois même en conflit les uns avec les autres.
Lorsque Eckhart en parle, il dit que c'est comme être perdu dans «la multiplicité» et dans des «images étrangères». C'est un état d'ignorance dans lequel nous nous trouvons réellement. Nous sommes entièrement conditionnés et déterminés par des influences venant du dehors, ce qui signifie que nous sommes incapables de faire quoi que ce soit, car il n'y a pas en nous de moi capable de faire quelque chose. Ce que nous tenons pour notre «action» n'est qu'une réaction à des stimulations extérieures et à des conditionnements, comme cela se passe pour un robot ou pour un automate. Car l'action, dans son sens véritable, n'est possible que pour quelqu'un qui a pénétré dans le vrai moi, dans le fond de l'âme, et qui a appris à agir à partir de ce centre.
Ainsi nous ne sommes pas réels, nous ne sommes pas des moi unifiés, et nous ne sommes pas capables d'une action authentique, avant d'avoir appris à entrer dans notre fond. Une action authentique n'est jamais déterminée de l'extérieur ; elle surgit avec spontanéité et librement du dedans. Partant de là, on perçoit aisément que le fond de l'âme est, à un très haut degré, détaché de notre monde quotidien et de ce que nous considérons habituellement comme notre «identité» et notre «vie». Il est élevé au-dessus d'elles, dit Eckhart, comme le ciel est élevé au-dessus de la terre. Rien de terrestre ne peut le toucher réellement. Il transcende l'espace et le temps. Celui qui entre dans le fond de l'âme ne se soucie plus ni du passé ni du futur. Il n'est conscient que de l'instant présent ; et l'instant présent est pénétré de la lumière divine, car c'est dans le présent, et seulement dans le présent, que le monde du temps touche au monde de l'éternité.
Cyprian Smith - Un chemin de paradoxe, la vie spirituelle selon Maître Eckhart - Cerf Editions
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