mardi 18 mars 2008

Eric Baret - L'émotion nous amène à la tranquillité...

Comment, de se laisser ressentir l'émotion nous amène à ressentir la détente qui nous permet alors de constater ce qui est libre et tranquille en nous. Au delà de fuir ou comprendre ou justifier une émotion, juste l'accueillir et sentir ce qui est là. Se permettre et s'autoriser à la tristesse sans désir d'être consolé. A partir de là, le corps devient le champ de l'évidence du vivant et du vibrant en soi.

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Une libération est toujours un ressenti. Quand un noeud se dénoue véritablement en nous, cela ressemble à une pieuvre qui serait collée sur une région précise du corps et qui semble tirer de l'extérieur tout en s'en défendant avec toute sa capacité ; tout craque, le noeud se vide. Plus l'enracinement est profond, plus la pieuvre étend ses tentacules dans tous les sens et plus cela se déchire sur son passage. Quand le noeud se libère, on éprouve une énorme jouissance, une respiration, un son primordial. Cette explosion purement sensorielle ne donne rien à penser (…)

(…) Laissez votre corps vibrer, parler et la danse continue… Inutile d’aller le rechercher. Si c’est présent, vivez avec. Vous n’êtes pas triste : vous sentez la tristesse. Vous n'êtes pas anxieux : vous sentez l'anxiété. Vous n'avez pas peur : vous sentez la peur. Sentir la tristesse est une caresse. Sans elle, de nombreuses musiques n'auraient pas été écrites, beaucoup de peintures n'auraient jamais été réalisées. La tristesse, la peur c'est la beauté, sinon les montagnes russes des parcs d'attractions, les films d'horreurs et autres fleurons de notre civilisation n'existeraient pas. Laissez cette tristesse vraiment être triste, vraiment respirer en vous, et quelque chose va se placer. Plus vous allez sentir la tristesse, plus la joie se révèle. Plus la larme va couler sur votre joue et plus vous allez vous sentir libéré, heureux, tranquille.
Vous sentez l'agitation tranquillement, sereinement. C'est un calme qui peut inclure une grande effervescence du corps et du psychisme. On peut alors parler de purification. Si, après la séance de yoga, la tristesse se prolonge, cela prouve que vous avez abordé le corps avec sensibilité, sans utiliser les masses musculaires, sans intention.
Laissez-vous faire. Vous devez avoir une affection absolue pour cette émotion. C'est votre trésor le plus intime. Elle va vous révéler votre liberté. Vous devez la porter dans votre coeur comme quelque chose de très précieux. Petit à petit, ce trésor va se dévoiler, ce n'est pas à vous de le faire apparaître. Il va venir à son propre rythme.
Le yoga, dans le sens cachemirien, n'est pratiqué que pour laisser monter en nous ces émotions. Ensuite, elles vont s'actualiser dans notre tranquillité et nous révéler les aspects les plus profonds de notre être. L'émotion ne nous empêche pas d'être tranquille ; au contraire, c'est elle qui nous amènera à la tranquillité. C'est la tension du corps qui va permettre la prise de conscience de ce qu'est vraiment la détente. Dans cette détente, la tension apparaît et nous révèle à son tour la détente, elle nous permet de constater ce qui est libre en nous. Ce cercle est le coeur de l'approche tantrique.
Dans le yoga classique, l'émotion, la tension est rejetée. Ici, c'est le contraire : tout ce qui est ressenti nous amène à cette tranquillité. Cela demande une plus grande subtilité (…)

Eric Baret - Corps de vibration, corps de silence - Editions Almora