lundi 20 juillet 2009

Gerda Boyessen - Jouissance de notre énergie libidinale ...

Gerda Boyessen est à l'initiative du fondement de la psychologie Biodynamique issue de la végétothérapie inspirée par les théories de Wilhelm Reich.
Elle évoque dans ce passage l'importance de la circulation de l'énergie libidinale pour un épanouissement de l'être.



... J'ai très souvent remarqué qu'il y a beaucoup de méprises à propos des gens heureux. J'ai l'habitude de différencier ce processus selon deux repères : « d'un côté du miroir », et « de l'autre côté du miroir ».

Du « côté du miroir », la personne est surchargée de défenses névrotiques, elle est seule, elle cherche à chaque instant à éviter les conflits, et est très effrayée de se retrouver en relation avec d'autres personnes.
Chez une personne ainsi affectée, tout sourire ou altitude heureuse est un palliatif, un masque ou une idéalisation. Elle cherche, par son comportement superficiel, à éviter sa haine profonde, ses conflits, sa dépression sous-jacente et /ou sa rage. C'est ce qui arrive quand elle est très bloquée.

Mais, lorsque le processus de déblocage des énergies profondes est bien avancé, l'énergie préalablement « encapsulée » se met à circuler. Nous retrouvons une véritable circulation libidinale, en sortant de notre bien-être dans la dépendance pour entrer dans un bien-être dans l'indépendance. Nous découvrons notre propre sécurité intérieure et notre confiance en nous même.

De « l'autre côté du miroir », la situation est très différente : la personne peut très bien et en permanence se sentir heureuse. Bien entendu, la personne qui a ainsi découvert son bonheur intérieur va réagir émotionnellement comme tout un chacun aux situations et aux demandes de la vie quotidienne, mais elle a, à chaque instant, la possibilité de rentrer en contact avec sa circulation d'énergie, sa circulation libidinale, qui lui donne un sentiment de bien-être et de sécurité.

Vis-à-vis de ces personnes, très souvent, une attitude négative se manifeste de la part des autres personnes qui se trouvent encore du premier côté du miroir. Elles pensent que ce bien-être et ce bonheur intérieurs sont une falsification, une altitude fausse et qu'elles essaient d'échapper par cette altitude jugée « superficielle » à leur souffrance profonde.

La vie entre personnes qui ont une libre circulation libidinale est extrêmement facile... Je pourrais par exemple les comparer à des poissons dans un aquarium : les poissons sont sans cesse en relation positive entre eux, et pourtant chacun continue à vaquer à son propre voyage dans son propre chemin sous-marin.
De la même manière, chacune des personnes est en permanence en relation avec les autres, sans pour autant les perturber et sans pour autant que chaque geste ou acte soit interprété comme par exemple « tu te détaches donc tu ne m'aimes plus ».

Wilhelm Reich parle ainsi de la différence entre l'individu mécanique et l'individu vivant. Il montre que l'individu mécanique est très envieux de la radiance de l'individu bio-énergétique.
Les individus mécaniques présentent deux traits de caractère particuliers : ils sont constamment mécontents, ou envieux. Ces personnes envieuses se comportent alors vis-à-vis des individus vivants comme des vampires. Elles sucent vraiment l'énergie des individus bio-énergétiques et peuvent même aller jusqu'à les rendre très malades.

Lorsque nous jouissons complètement de notre circulation libidinale, nous nous sentons beaucoup plus légers, aucune stase ne peut faire son apparition. Lorsque l'énergie circule vraiment, nous sommes physiologiquement et psychologiquement en bonne santé.
La personne dont la circulation libidinale est totale a une perception beaucoup plus grande, beaucoup plus vaste de la réalité, une capacité de s'adapter à elle et d'y répondre corporellement et psychologiquement de manière plus souple, plus flexible, plus harmonieuse.


Gerda Boyessen - Entre Psyché et Soma - Editions Psychologie Payot