lundi 30 août 2010

Wayne Liquorman - Dans l'œil du cyclone règne l'acceptation...


... Tout autour il y a le tumulte tourbillon de la vie, mais dans l'œil du cyclone règne la paix, la quiétude. L'acceptation dont je parle est synonyme de cette paix et de cette quiétude.

Peut-être avez vous remarqué que l'acceptation est imprévisible. Vous ne pouvez la provoquer vous-même! En dépit de vos meilleures intentions, de vos plus valeureux efforts, l'acceptation a le chic pour vous glisser entre les doigts. L'acceptation survient, comme le fait la non-acceptation. Elle survient. L'acceptation peut surgir à tous instants et sans avertissements, sans préparation.Vous ne pouvez la fabriquer. Et reconnaître que vous ne pouvez la fabriquer, est en soi l'acceptation.

Tout est conscience. Tout ce qui se produit ne peut être autrement. Ceci n'est pas pour dire que cela ne vas pas changer dans la minute qui suit. Mais en cet instant précis il ne peut en être autrement. Et reconnaître cela est acceptation, la reconnaissance que ceci est, est la paix.

Cela n'a rien à voir avec l'approbation. Je ne suis pas en train de dire que vous devez aimer ce qui se passe. L'acceptation peut embraser quelque chose de tout à fait horrible, de tragique, de douloureux. Et au milieu de l'horreur, de la douleur, il peut y avoir la paix. Et la paix se trouve dans l'acceptation, dans la reconnaissance que cela est, en cet instant.

Quand l'acceptation se produit, nous disons que c'est la Grâce. Cette compréhension, cette acceptation, cet arrêt de l'implication, cette paix, est la Grâce...


Wayne Liquorman - L'accueil de l'évidence (
Extrait) - Editions Accarias L'originel


vendredi 27 août 2010

Aucune réaction ni évaluation....


Le Bouddha ne prononça que quelques paroles, mais elles contenaient tout l'enseignement : «Quand vous regardez, il ne doit y avoir rien d'autre que regarder ; quand vous entendez, rien d'autre qu'entendre ; quand vous sentez, goûtez, touchez, rien d'autre que sentir, goûter, toucher. Quand vous connaissez, rien d'autre que connaître. »

Quand un contact se produit par l'une des six bases d'expérience sensorielle, il ne devrait y avoir aucune évaluation, aucune perception conditionnée. Dès que la perception commence à estimer une expérience bonne ou mauvaise, notre vision du monde est déformée nos vieilles réactions aveugles. Pour libérer l'esprit de tout conditionnement, il faut apprendre à cesser d'évaluer le critère de réactions passées et à être conscient, sans évaluer ni réagir.


Extrait du commentaire du Dhammapada - Enseignements du Bouddha


mardi 24 août 2010

Leo Hartong - Lorsque toute tentative cesse, l'acceptation totale est là...



Acceptation, amour inconditionnel et félicité, autant de mots magiques bien connus de la plupart de ceux qui empruntent le chemin spirituel. Comme la plupart des mots, leur nature est quelque peu ambiguë. Séduisants, ils engendrent aussi d'immenses espérances. Ce sont là des choses que nous désirons mais qui, en même temps, peuvent paraître inaccessibles.

Je me souviens que dans mon enfance, on me disait que pour attraper un oiseau il fallait lui mettre du sel sur la queue. J'étais trop jeune pour me rendre compte que si je parvenais à le faire, c'est que j'avais déjà attrapé l'oiseau. Le même genre de paradoxe est inhérent aux concepts dont il est question dans ce texte.
Par exemple, on ne peut parvenir à l'acceptation totale en s'échinant à changer les choses. Une telle tentative implique que nous n'acceptons pas ce qui est. Lorsque toute tentative cesse, l'acceptation totale est là et l'oiseau est déjà attrapé. Souvent les chercheurs ignorent ce paradoxe et continuent d'essayer avec l'espoir ou la conviction que si l'on parvient à accepter totalement ce qui est, la réalisation s'ensuivra et qu'en conséquence, on connaîtra l'amour inconditionnel et la félicité.

Cet univers entier est le rêve du Soi. Notre identité est un point de référence conceptuel sur un continuum qui est le Soi profond. Et lorsque nous utilisons des mots comme amour inconditionnel, félicité et acceptation, nous cherchons à saisir nos propres mains.
Il y a une croyance parmi les chercheurs selon laquelle l'acceptation peut mener à la réalisation, la clarté et l'illumination. La vérité, c'est que le «moi» qui tente de se montrer «acceptant» ne peut jamais attraper l'oiseau.

L'acceptation totale est ce qui est ici même, en l'instant même, et non quelque chose que l'on peut accomplir dans le futur.
L'acceptation ne conduit pas à la clarté ; elle est la clarté que tout ce qui est ne peut être en aucune façon différent.
Les choses peuvent être apparemment différentes de ce qu'elles étaient, mais elles ne peuvent jamais être différentes de ce qu'elles sont. Tous les efforts en vue d'acquérir davantage d'acceptation, d'amour ou de félicité ne sont que l'illusion de l'ego essayant de s'accréditer en tant que protagoniste solide et bien réel, susceptible de progresser vers des états d'être de plus en plus raffinés.

La Pure Conscience ne pratique pas activement l'acceptation, l'amour et la félicité en tant qu'antipodes du rejet, de la haine et du désespoir. Ceci ne pourrait passer pour l'acceptation totale. La Pure Conscience est pareille à un miroir qui reflète tout sans la moindre résistance. Tout est accepté sans le moindre jugement. Cela inclut la façon dont vous vous percevez en cet instant précis. Comprenez bien : cela inclut votre graisse, votre calvitie, votre colère, vos doutes, votre aliénation et votre peur, ainsi que tout ce qui est douillettement roucoulant en vous. Qu'il y ait résistance, rejet, effort ou tension est sans importance. Tout ceci est observé de manière neutre et, par là, accepté.

Étant le Soi Un, à jamais parfait et omnipénétrant, que pourrais-je accepter et que pourrais-je rejeter? Qu'est-ce qui pourrait me donner de la joie et qu'est-ce qui pourrait me faire de la peine? Étant à jamais non-affecté et non-attaché, je suis en paix dans mon insondable Soi.

L'acceptation, la claire vision de ce que vous êtes, ne résultera pas de vos efforts ni de votre recherche, mais pourrait se révéler quand s'abolissent tentatives et recherches. L'acceptation totale, l'amour et la félicité pourraient alors être reconnues comme étant déjà là. La réalisation du Soi, la reconnaissance du Soi (qui signifie simplement voir ce que vous êtes déjà en cet instant même), équivaut à l'acceptation totale. Pouvez-«vous» accepter qu'il n'y a rien à faire? Pouvez- «vous» accepter que vous n'existez pas en tant qu'entité séparée? Si cela est possible, alors qui demeure pour faire l'acceptation?

Que la pensée qui se manifeste affirme: «Ceci est accepté» ou qu'elle affirme: «Ceci n'est pas accepté », ne fait aucune différence. La Pure Conscience inclut - et par conséquent accepte - les deux.

L'ego n'est pas capable de l'acceptation totale, mais il est inclus en elle. Il espère en vain que les efforts qu'il fournit pour devenir de plus en plus «acceptant» lui permettront d'atteindre l'état exalté d'illumination, qui à son tour est supposée engendrer félicité éternelle, paix et expérience de l'amour inconditionnel. Cette récompense après laquelle court l'ego, n'est toutefois ni une expérience que l'on peut avoir ni un état dans lequel on peut être. Au contraire, l'illumination est l'évaporation de l'illusion qu'il existe un individu pour en faire l'expérience ; c'est pourquoi il est nommé «l'état sans état».

Acceptation absolue, amour inconditionnel et félicité ne sont en fait que trois autres indicateurs de plus pointant vers l'espace lumineux de la Pure Conscience. Dans cette pureté, sans qualifications ni forme, même les concepts de contemplation neutre et de ce qui est contemplé, du miroir et de son contenu disparaissent.

Nous pouvons l'appeler félicité, puisque rien ne peut la troubler. Nous pouvons l'appeler acceptation totale, puisque rien n'est rejeté par elle. Nous pouvons l'appeler amour inconditionnel, puisque tout est embrassé par elle.

Cette magnifique simplicité, ce secret ouvert à tous, cette clarté intime, est tout ce qui est. C'est vous-même vous souhaitant la bienvenue chez vous. Vous êtes ceci.


Leo Hartong - S'éveiller au rêve. Le présent d'une vie lucide - Editions Accarias L'Originel




vendredi 6 août 2010

Thich Nhat Hanh - Chacun de nous doit s'occuper de lui-même

En ce temps de vacances, se mettre à l'écoute d'une histoire ....


Il y a une histoire dans le canon Pali à propos d'un homme qui se produisait dans un cirque en compagnie de sa fille. Dans leur numéro, le père plaçait un long bâton de bambou en équilibre sur son front, et sa fille grimpait au sommet du bambou. Après leur exhibition, les gens leur donnaient de l'argent qui leur permettait d'acheter du riz et du curry.

Un jour le père dit à sa fille: « Chère fille, nous devons prendre soin l'un de l'autre. Tu dois prendre soin de ton père, et moi je dois prendre soin de toi ; ainsi nous évoluerons en toute sécurité, notre numéro est très dangereux. »

En effet, si elle venait à tomber, ni l'un ni l'autre ne serait plus en mesure de gagner leur vie. Si elle se brisait la jambe, ils n'auraient plus rien à manger. « Nous devons veiller l'un sur l'autre pour continuer à gagner notre vie. »

Sa fille était sage. Elle dit : « Père, tu devrais plutôt dire : chacun de nous doit s'occuper de lui-même, ainsi nous pourrons continuer à vivre. Parce que dans le numéro, tu t'occupes de toi, et de toi seulement ; tu dois rester très stable et très alerte ; et cela m'aide. Et quand je grimpe, je dois faire attention à moi, grimper prudemment et veiller à ce que rien ne m'arrive. Voilà ce que tu devrais dire : tu fais bien attention à toi, et je fais bien attention à moi, de cette façon, nous pourrons continuer. »

Le Bouddha était d’accord avec la jeune fille.


Thich Nhat Hanh - La paix, un art, une pratique - Editions Bayard / Centurion


samedi 31 juillet 2010

Respirer et .... sourire intérieurement ....
Avec la situation, la personne, l'émotion, la sensation présente ...

Un nouveau regard, une autre relation ...
Une porte d'initiation à l'ouverture de la joie profonde en nous
et de la confiance en la vie et à ce qui est
.

Je respire et je souris,
ainsi soit-il
...


vendredi 30 juillet 2010

Jean Klein - Accepter touche notre cœur, c’est un abandon.



En acceptant une situation nous sommes complètement libres. Accepter se manifeste dans notre être. En acceptant une situation, nous acceptons la situation dans notre totalité. Accepter ne relève pas de la pensée, je dirais que c'est au-delà de la pensée, parce que la pensée ne peut jamais accepter.

En acceptant, ce n'est pas sur la situation que nous mettons l'accent, c'est sur
l’acceptation elle même. Cela nous apporte une liberté totale, une ouverture complète. C'est seulement en acceptant une situation que nous voyons ce qu'est la situation, ce que sont les faits. L'action, alors, surgit de la situation, des faits. La décision d’agir ne passe pas par la pensée. Elle est spontanée. La volonté n'intervient pas, parce qu'en acceptant, il n'y a pas de place pour un ego, pour un «je».

N’essayez pas de sortir de la situation, parce que votre tentative ne fera que remplacer la situation. Vous êtes alors aussi enchaîné qu'auparavant. Accepter la situation est le plus immédiat que vous puissiez faire. C'est le commencement!
Et ce n’est pas une acceptation psychologique, c'est une acceptation organique. C'est une acceptation comme celle d'un scientifique qui accepte les données d'un problème à résoudre. Quand vous accepterez les faits de cette manière, vous vous trouverez hors de la situation. Vous êtes dans le sentiment d'acceptation, mais non dans ce que vous acceptez : l'objet, la situation. Accepter veut dire accueillir chaque fait, chaque perception qui vous vient. Cela signifie que vous acceptez vos réactions comme une partie intégrante des faits.

Observez alors comment «accepter» agit sur vous : comment vous sentez vous dans cette acceptation ? Est-ce que vous expérimentez une liberté ? Une ouverture ?

Et c'est bien ce que nous recherchons, cette ouverture, n'est-ce pas ? Si nous ne cherchons pas une solution en tant que telle, la solution est comme un effet secondaire de l'acceptation. Nous découvrons que c'était l'acceptation, le fait d'accueillir, que nous recherchions.

Accepter ne se passe pas dans la pensée, ce n'est pas intellectuel. Accepter entraîne l'harmonisation de la pensée. Accepter la situation harmonise la situation. La pensée, les sentiments, ainsi de suite, participent à la totalité. Quand l'accent est mis sur l'acceptation elle-même, la pensée et le corps fonctionnent de manière appropriée.
Ce qui est important c'est d'observer comment le fait d'accepter agit sur vous. Faites de cette position d'acceptation un objet d'observation. Prenez note de la façon dont vous percevez et fonctionnez quand vous êtes dans une attitude d'accueil.

Accepter est libre de volonté, accepter est absolument actif, alerte : C'est actif-passif. Accepter, c'est lorsque vous dites : «Je ne sais pas». Vous devez accepter toutes vos réactions, quelles qu'elles soient, alors la situation se déploie dans votre acceptation.

En acceptant nous sommes vides. Mais dans notre acceptation subsiste parfois une attente. Une acceptation réelle est un lâcher prise, un abandon... Une attente ? mais une attente sans attente.
Vous voyez le film mais vous n’appartenez pas au film. Ce que vous appelez votre existence appartient au film. Mais votre conscience n’appartient pas au film. Ne vous identifiez pas au film. Soyez ce que vous êtes.
Accepter touche votre cœur. C’est un abandon. Accepter la situation est au delà du temps. Cela touche la totalité de votre être, cela agit puissamment sur vous.


Jean Klein - Transmettre la lumière - Editions Le Relié Poche



lundi 26 juillet 2010

Bernard Montaud - Dans le sacré de l’ordinaire...


A la découverte du meilleur de soi même dans le sacré de l’ordinaire...

On appelle développement intérieur, épanouissement personnel ou croissance personnelle un ensemble de pratiques ayant pour finalité la découverte de soi et de son fonctionnement intérieur pour mieux vivre.

Par la présence et la conscience, s’épanouir dans les différents domaines de l’existence et réaliser son potentiel individuel. Il n’existe pas de méthode unique de développement intérieur mais elle doit comporter un dépassement de soi.

Beaucoup d’approches et de pratiques respectueuses s’attachent à cet objectif particulier. Toutes nous amènent à considérer et ne jamais oublier qu’il y a en nous des ressources profondes insoupçonnées, notre nature essentielle capable à tout moment de transformer notre vie.


Bernard Montaud - http://www. aubes.interieures.fr


samedi 24 juillet 2010

Jean Klein - Découvrir notre vraie nature

L'enseignement de Jean Klein se passait en séminaire avec des temps de pratique corporelle de yoga et des temps de questions-réponses. La semaine qui est évoquée dans cet extrait est celle de février 1989 en Californie.


Cette semaine nous sommes là pour découvrir ensemble ce que fondamentalement nous sommes, pour découvrir notre vraie nature. Et cette investigation requiert une attention vide de toute attente, de toute anticipation ; en quelque sorte, une attention innocente.

Nous ne pouvons jamais découvrir ce que nous sommes, nous pouvons seulement découvrir ce que nous ne sommes pas, parce que nous sommes, en toutes circonstances, ce que nous sommes. Et pour savoir ce que nous ne sommes pas, nous devons découvrir en quoi consiste ce que nous ne sommes pas : notre corps-pensée.

Ce matin nous sommes paisiblement assis ; c'est une méditation sans sujet pour méditer, et sans objet sur quoi méditer. C'est notre tranquillité naturelle. Plus tard dans la matinée, nous ferons l'exploration de notre corps, de ses tensions, de ses peurs, de ses inquiétudes, de son agressivité. Et nous aborderons la compréhension mentale cet après-midi.

L'enseignement repose principalement sur la compréhension, il s'agit plutôt d'être compréhension. Comprendre est le résultat d'une juste observation. C'est une observation ouverte, sans jugement, sans comparaison ni interprétation, une simple observation.

Observer, tout simplement. Nous ne pouvons l'objectiver. Nous ne pouvons la situer dans l'espace, parce qu'elle est hors du temps. Cette faculté d'observation est apparemment une fonction cérébrale naturelle, mais en réalité elle appartient à la totalité du corps. Tout ce qui se passe dans notre tête relève du temps, parce que le temps est une création de la pensée, tandis que l'observation qui émane de la totalité du corps relève, elle, de l'intemporel.

Et quand je parle de compréhension, je veux dire par là que la pensée doit avoir la juste perspective, la juste représentation géométrique de la vérité. La représentation géométrique montre avec précision que ce que nous sommes fondamentalement ne peut jamais être un objet, ne peut jamais être objectivé ni représenté. Nous ne pouvons jamais le penser.
Cela prouve les limites de la pensée. La pensée est le temps, la pensée est une fonction. Le temps est une expression de l'intemporel. Le temps doit cesser pour que puisse vivre l'intemporel.

Et quand la pensée a découvert ses limites, alors nous sommes ouverts à l'intemporel, au présent éternel. Nous ne pouvons jamais penser au présent, nous pouvons seulement être le présent. Quand nous pensons au présent, c'est déjà du passé, et quand nous essayons de penser dans le présent, la pensée ne peut trouver en cet instant-là sa concrétisation. Il se produit alors un lâcher-prise à toute représentation, et nous vivons la présence comme une identité.


Jean Klein - Transmettre la lumière - Editions Le Relié Poche -


vendredi 23 juillet 2010


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Marie De Hennezel - S'ouvrir au temps de l'âme...


L'enfant qui quitte le ventre de sa mère fait le deuil de la protection maternelle, mais il gagne l'enfance. L'enfant qui quitte l'enfance et, son insouciance perd l'enfance, mais il gagne l'adolescence. L'adolescent qui perd son adolescence avec son élan impétueux perd son adolescence, mais il gagne la force de l’adulte. L'adulte qui perd la force de l'adulte perd son état adulte, mais il gagne la vieillesse et son repos. Le vieillard qui meurt perd la vie, mais il est délivré de tout. Il gagne la délivrance. Délivré de tout, il n'est rien. Mais rien, il est Tout. Il est dans la vie universelle.

L'acceptation de la mort diffère de l'acceptation de la souffrance. Elle ne nous plonge pas dans la vie, mais dans le mystère de la vie. Le mystère n'est pas quelque chose que l'on cache, mais la face cachée des choses.

Ainsi, la mort est quelque chose de vivant, malgré les apparences. Si personne ne mourait, l'humanité, remplie de vieillards, ne pourrait plus survivre. On peut donc dire que la mort des êtres humains en tant qu'individus préserve la vie de l'humanité en tant qu'espèce. Ce qui est un mystère. Il y a de la vie derrière ce qui nous apparaît comme de la mort. Ce mystère nous aide à passer le cap de la mort.

Nous sentons bien que mourir est une œuvre et pas simplement un échec de la vie. Si nous n'en avions pas l'intuition, nous n'aurions pas la force de vivre ce moment et, plus encore, de vivre tout court. La vie serait totalement absurde. Ce qu'elle n'est pas. On ne naît pas pour rien. On ne grandit pas pour rien. On ne meurt pas pour rien. On naît, on grandit et on meurt pour la vie et par elle.

En ce sens, la mort ne se trouve pas là où on le pense. On meurt de vivre une vie sans mystère plus que de mourir. S'ennuyer parce que l'on vit dans une existence dépourvue de vie est plus dur que mourir. On parle bien d'un ennui «mortel». Vivre ne consiste pas à perpétuer son corps, mais à faire vivre ce qui a de l'âme. Qu'est-ce que le monde qui est le nôtre fait de l'âme?

Vieillir, mûrir, c'est s'ouvrir au temps de l'âme. Quand le corps est moins vigoureux, quand il répond moins à nos désirs, il ne reste pas rien. Il reste l'âme. L'âme, c'est ce qui vit en nous. C'est ce qui vit à l'intérieur de chaque chose. C'est la vie active cachée de nous-mêmes et de ce qui nous entoure. On découvre l’âme quand on s’arrête et que l’on écoute. Alors dans l’immobile et le silence, on entend monter la musique de la vie.

Qui adhère à la vie voit la vie adhérer à lui en retour. Chacun est alors porté par elle. Et parvient à passer le cap de la vieillesse en faisant le geste du «oui» qui est le geste même qui aide à dépasser la souffrance et à se libérer de son esclavage. Car dire « oui » à la vie c’est se dire « oui » à soi même.

"Le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.
Le vieillard qui revient vers la source première,
entre aux jours éternels et sorts des jours changeants.
Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
mais dans l’œil du vieillard on voit de la lumière."
Victor Hugo



Marie de Hennezel et Bertrand Vergely - Une vie pour se mettre au monde - Editions Carnetsnord


lundi 19 juillet 2010

Videz-vous de tout.

Laisser le mental s'immobiliser.
Alors les milles choses émergent et disparaissent
d'elles-mêmes pendant que l'Etre observe.
Elles évoluent et arrivent à maturité
pour ensuite retourner à la source.

Et revenir à la source
c'est retrouver l'immobilité
qui est le propre de la nature...


Lao-Tseu, Dao de Jing

samedi 10 juillet 2010

Jean Klein - L'écoute dans son état naturel




L'écoute n'est pas une fonction ; elle n'est pas une activité, elle n'est dirigée ni vers le dehors, ni vers le dedans. Elle est intemporelle, et pour parvenir à cette écoute intemporelle, la seule chose dont vous ayez à prendre conscience, ce sont les moments où vous n'écoutez pas ; c'est suffisant.

Quand vous observez que vous n’écoutez pas, revenez à la perception globale, ramenez ce qui est perçu à la perception ; vous êtes alors dans l’écoute intemporelle.
Quand cette écoute perdure, elle se déploie et atteint à la tranquillité. Lorsque ce que vous avez compris sur un plan intellectuel est complètement résorbé dans l'écoute, quand il n'y a plus de représentation, c'est alors seulement qu'il y a tranquillité. Et ce que vous écoutez se rapporte à l'écoute, a son berceau dans l'écoute, dans la tranquillité. Dans l'écoute et la tranquillité, il n'y a personne pour être tranquille, et cette tranquillité ne renvoie à aucun objet ; elle est absolument sans objet ; c'est notre vraie nature ; c'est notre totalité.

Quand il y a écoute dans son état naturel, dans son état d'innocence, cette écoute se confond avec l’être ; cela ne se passe pas dans une relation sujet/objet. Vous ne pouvez la localiser, vous ne pouvez la représenter, vous ne pouvez ni la percevoir, ni la penser parce qu’il n’y a personne pour la percevoir et personne pour le penser ; il n'y a rien à percevoir et rien à penser.

L'écoute dont nous parlons ne se réfère pas à la fonction spécifique de l'ouïe, elle renvoie à notre totalité, c'est une écoute globale, une ouverture et une réceptivité totales. Votre vraie nature est seulement cette écoute, cette réceptivité, indépendantes de toute localisation.

Dans l'écoute globale, il n'y a aucune place pour une entité indépendante, il n'y a personne pour écouter, il y a seulement écoute. Tout ce qui vous entoure se rapporte à cette écoute ; il y a occasionnellement écoute de quelque chose, mais quand il n'y a rien à écouter il y a uniquement écoute, uniquement l'être.

Votre vraie nature se trouve dans un état total de «Je ne sais pas», de non-connaissance. La vraie connaissance se trouve seulement dans la non-connaissance. Quand vous demeurez dans la connaissance sur un plan intellectuel, il y a encore conflit ; la connaissance doit complètement se dissoudre dans la non-connaissance ; c'est alors dans la non-connaissance que vous connaissez véritablement.

Aussi longtemps que vous rapportez votre connaissance à une possible connaissance, il y a confusion. Toute connaissance possible doit complètement se résorber dans la non-connaissance. Avec le savoir, vous demeurez dans la pensée ; dans la non-connaissance, vous percevez votre globalité.

C'est seulement dans la non connaissance qu'il y a joie. Aussi devez-vous comprendre très clairement que lorsque vous dites : «Je sais», en réalité vous ne savez pas. Vous avez réduit le connu à une simple pensée, à une représentation. Etre réellement connaissance ne se produit que lorsque toute représentation s'est totalement dissoute dans la non-connaissance ; c'est seulement dans cette non-connaissance qu'il y a connaissance .


Jean Klein - Transmettre la lumière - Editions Le Relié Poche -




samedi 3 juillet 2010

Regarder dans la brume matinale
les souvenirs éclatant comme les bulles imprévisibles
de la moiteur du néant.

Regarder dans la brume matinale
les désirs, tensions douloureuses du projet à atteindre,
de la vie à construire.

Et percevoir, parfois,
dans le reflet du fleuve sacré l'être inaliénable du présent.



vendredi 2 juillet 2010

Paul Montangerand - L’autre est celui qui m’ouvre à une dimension nouvelle...



... Seule la sortie du fusionnel permet, par différenciation, l’élaboration d’une alchimie intérieure, où chacun des partenaires devient humain en s’ouvrant à l’infini de l’autre. Le chemin de chacun et vers lui-même passe par sa relation à un autre (principe de l'altérité).

C’est par la femme que l’homme peut découvrir son intériorité, comme c’est par l’homme que la femme découvre ce qu’il y a de plus caché en elle. Médiatrice de l’homme, la femme peut lui dévoiler son être dans son entièreté, comme l’homme est médiateur pour la femme. La relation est fondamentale, elle est fondatrice des êtres en présence. La conscience ne peut être conscience de soi que dans la mesure de sa reconnaissance par un autre.

En cette dialectique se joue un moment décisif du devenir humain. La rencontre n’est pas l’expérience de la complémentarité, mais ouverture en chacun d’une dimension «autre» de l’humain ; l’homme découvre alors son anima, et la femme son animus qui jusqu’alors étaient indifférenciés. L’autre est celui qui m’ouvre à une dimension nouvelle.
Il n’est de rencontre authentique que celle passant par la reconnaissance et l’acceptation d’une double différence : celle de l’autre, et celle de mon intériorité, dans un même mouvement vers l’infini du Tout Autre...

... La paix intérieure ne peut être atteinte que lorsque le pouvoir de l’Amour a remplacé l’amour du pouvoir. Celui qui est grand est celui qui connaît ses faiblesses, et qui humblement les convertit en puissance de transformation. C'est-à-dire que ses faiblesses sont l’occasion d’une évolution vers une plus large prise de conscience. La voie consiste à prendre appui sur les expériences et les exigences de notre vécu quotidien, afin de nous hisser vers un autre niveau d’être…

Nous ne pouvons atteindre la paix intérieure qu’en acceptant que notre guide suprême soit l’unité dans la multitude et la multitude dans l’unité. Cela est l’œuvre d’Eros conduisant à Agapè, où l’important n’est pas d’être aimé, mais d’aimer gratuitement, sans aucune attente.
La paix intérieure s’instaure lorsque nous réalisons cette vérité suprême : l’Amour est révélation de la Vie.


Paul Montangerand - La voix du cœur, chemin du thérapeute - Editions Imprimerie du Pré Battoir



samedi 26 juin 2010

Eric Baret - Vivre la médiocrité qui révèle l'ultime en nous



Se familiariser avec cette disponibilité aux instants de la vie. Je n'ai pas besoin de changer quoi que ce soit en moi : mes peurs, mon arrogance, mes prétentions, mes limites, tout cela m'est nécessaire pour pressentir le sans-limite.

Tout change, mais aucun changement autre que celui qui apparaît dans l'instant n'est nécessaire. Toutes les énergies qui étaient utilisées pour créer, pour s'approprier, vont aller s'asseoir dans cette disponibilité. Là, il y aura création véritable. Cette création est célébration : une création qui rend grâce, pas une création qui affirme.

La spiritualité est un concept. Ce que les gens projettent dans la prétendue spiritualité, à six ans ils le projetaient dans leur équipe de scouts, à dix dans leur équipe de foot, à vingt dans la politique et à trente dans le mariage ...
Ce manque que l'on a essayé de combler par une poupée, un train électrique, une bonne note à l'école, une carrière, un enfant, on le projette ensuite dans la spiritualité. C'est le pot-pourri de toutes nos peurs. Chacun, selon la forme de ses anxiétés, se trouve attiré par un certain type de spiritualité. Quand c'est présent, il faut le respecter ; mais ce n'est rien d'autre que la peur.

La vraie spiritualité est un remerciement. Maître Eckhart fait une différence entre la vraie prière, prière du cœur, célébration de l'accomplissement divin, et la prière qui vient du manque, qui essaie de demander une rectification. Cette dernière n'est pas une prière, mais une forme d'abcès.

La vraie prière est remerciement. La vraie spiritualité est un non-dynamisme qui s'incarne dans une disponibilité de chaque instant. Quand le cancer, la maladie, la naissance, la violence, l'émotion vient, être disponible : là se trouve la profondeur.

Les scouts, la politique, la spiritualité, l'enfant, l'équipe de rugby ont leur place, sinon cela n'existerait pas. Vouloir se libérer de tous ses problèmes pour devenir spirituel, pour devenir «éveillé», aussi. Ces règles, ces références, ces savoirs sont issus de la peur.
Vient un moment où vous n'avez plus besoin de vous chercher dans les différents courants de la vie. C'est vous qui éclairez la spiritualité, non l'inverse. C'est votre clarté qui vous fait comprendre profondément ce qu'est la politique, la paternité, la violence, la maladie, le bouddhisme, l'islam. Votre clarté éclaire tout cela.

Et, là, il n 'y a plus de mot, plus de direction, de savoir, d'école, de ligne, d'enseignement et, surtout, plus de personne spirituelle. Seule reste une non-séparation.

Comprendre qu'il n'y a rien à comprendre, rien à acquérir. Je n'ai pas besoin d'inventer des outils pour faire face à la vie, de créer des moyens de défense ou d'appropriation pour faire face aux situations.

Regarder honnêtement ce qui est là, ce qui éveille en moi la peur, l'anxiété, la prétention, la défense. Clairement, accepter mes prétentions, mes limites. Ces limites vont refléter la non-limite.

Il faut vivre la médiocrité : elle révèle l'ultime en nous. Quand je refuse la médiocrité, quand j'imagine, que je projette un supérieur ou un inférieur, des choses spirituelles qui devraient me libérer de la vie quotidienne, là, je suis dans un imaginaire. C'est une forme de psychose. La médiocrité est l'essentiel-la médiocrité selon mes concepts.

Fonctionner journellement : manger, dormir, aimer, voir, sentir, regarder. Laisser toutes les émotions vivre en nous. Rien à défendre, à affirmer, à savoir. Je n'ai besoin de rien pour pressentir ce qui est primordial. Inutile de changer quoi que ce soit en moi.

Certaines découvertes sont à faire et à oublier dans l'instant. Et pour la personne, c'est la terreur, car l'ego a besoin de s'approprier des qualifications : être spirituel, méditer, se libérer.


Eric Baret - De l'abadon - Editions Les deux océans




samedi 12 juin 2010

Thich Nath Tanh - Regarder profondément la pluie et voir que le nuage est toujours là



Je suis une personne libre, libre d'aller et de venir
Libérée des idées d'être et de non être.

Marcher sans me presser...

Montante ou descendante la lune est toujours la lune.
Le vent poursuit son voyage. Sentir le gout du souffle sur mon visage.
Il apporte la pluie pour nourrir le nuage proche.

Des gouttes de soleil tombe de très haut sur la terre.
Et le giron de la terre touche la voute limpide du ciel.

Thich Nath Tanh