lundi 22 décembre 2008

Krishnamurti - Présence du Soi ...



Qu’est-ce que la vigilance ? Elle suppose une observation dénuée de tout choix - il faut juste observer, sans rien interpréter, traduire ni déformer. Or cela n’est possible tant qu’il existe un observateur qui s’efforce d’être attentif. Êtes-vous capable d’être attentif, vigilant, de sorte que lorsque vous observez, l’observateur s’efface au profit de l’observation pure ?

La Présence n’a pas de commencement et elle n’a pas de fin. C’est nous qui la quittons, par le seul mouvement de la pensée vers un objet et encore, il ne s’agit jamais que d’un déplacement de l’attention, car nous ne pouvons pas sortir en réalité de nous-même. Le soi ne se quitte pas lui-même, alors même qu’il est recouvert par le masque des objets et alors même qu’il se croit perdu dans les objets. Il n’y a strictement rien à faire pour être présent, car être présent c’est être. C’est l’idée même de devoir faire quelque chose qui éloigne de l’être.

La Présence est plus que la vigilance. Elle n’est pas une vigilance redoublée par la réflexion que lui apporterait la pensée. Elle précède la pensée, elle est la Vie même, se tenant en elle-même, dans la coïncidence sans faille avec Soi, la vie qui cohére avec soi absolument et s’éprouve au sein de l’être. Elle n’est pas le résultat d’un exercice qui serait appelé «lucidité».

Elle n’est pas un résultat du tout. Elle ne se distingue pas d’un pouce de celui qui l’éprouve. En sorte que toute évocation de la Présence comme d’un objet, nous la fait invariablement manquer.

Il n’y a pas «la» Présence à «soi». Il y a la Présence du soi. Il n’y a pas plus «la» Présence et «l’être», car la Présence est Présence de l’Etre. Tous ces mots désignent la même unité dans le mariage du cœur et de la Présence.


Krishnamurti

samedi 20 décembre 2008

Erik Sablé - Epanouir la fleur de l'intériorité...

Erik Sablé décrit avec grande simplicité ce qu'est le mental, comment le comprendre et savoir ce qu'il est. Il nous amène à entrer dans l'intimité des mécanismes du " moi " à l'origine du flux des pensées errantes et à découvrir ce qui se joue derrière les apparences en démystifiant le jeu du mental. Qu'est-il ? D'où vient-il ? Que cherche-t-il ? De cette exploration et clairvoyance, pourra naître un silence qui n'est pas le produit d'une tension, mais qui vient naturellement de l'intérieur, comme une " grâce ".


En réalité, il s'agit d'effectuer une prise de conscience «sur le vif» des mécanismes du moi, et pour cela d'ouvrir ses sens intérieurs pour explorer les multiples nuances de la pensée, des sentiments, des sensations ; d'épanouir la fleur de l'intériorité ordinairement voilée par les préoccupations quotidiennes.
C'est un peu ce que préconisait le Bouddha, mais nous avons notre propre chemin à faire, libre et nu, loin de toute emprise religieuse, même la plus noble.

Nous sommes dans notre petit laboratoire intime. Pour cela pas besoin d'instruments compliqués. Notre attention suffit. Tout est là, immédiatement présent. Nous sommes installés dans un certain état de recueillement, de Présence à soi, de silence. Car, paradoxalement, c'est le silence qui permet de saisir en profondeur le «bruit» des pensées. Elles se révèlent «par contraste», en quelque sorte, comme des vagues de cette eau paisible qui nous enveloppe lorsque nous sommes établis dans un certain silence.

Tout est dualité dans le devenir : la lumière se détermine toujours par rapport à l'ombre, et le mental révèle son fonctionnement lorsqu'il apparaît sur le fond silencieux de l'être immobile. C'est ainsi que pourront se révéler les secrets de la pensée. C'est seulement une fois établit dans le silence et le vide que l'on pourra comprendre le «moi».
C'est d'ailleurs pour cela que les psychologues occidentaux demeurent toujours à la surface et ne peuvent avoir une vision juste des mécanismes qui se jouent dans les profondeurs de la psyché. Il leur manque cette distance, ce «point d'appui», intérieur, ce fond de silence.

Ce recueillement et cette distance naissent et se développent par l'attention au souffle. C'est-à-dire en prenant conscience du parcours de la respiration à travers le corps. L'esprit se pose sur le souffle, tout en demeurant présent, centré, recueilli au coeur de lui-même, et la pensée se trouve rejetée à la périphérie. Elle devient un épiphénomène se jouant à l'extérieur, sans que le «je» de la Présence soit emporté.

Par l'attention au souffle, un espace de silence se développe et le «moi» peut maintenant être observé de la même manière qu'on observe une table ou une chaise. Le moi est «objectivé», posé à l'extérieur, comme on pose un objet pour le percevoir et en comprendre le mécanisme.
En fait, il se produit un curieux dédoublement du regard. Nous sommes conscients de ce fond de Présence et en même temps des pensées qui émergent et se déploient dans l'espace mental. C'est une subtile division entre la part témoin qui observe et celle observée. Car, en apparence du moins, il existe bien deux formes de conscience. D'une part la Pure Présence d'être, lumineuse et claire ; d'autres part, la conscience égotique, intrinsèquement liée aux modifications mentales. Et c'est en s'appuyant sur la première que l'on peut prendre suffisamment de distance avec la «seconde» pour la connaître.

Il est donc nécessaire, à la fois, de ne pas se laisser emporter par le flux de l'agitation mentale, sans être, cependant, complètement absorbé dans des états d'intériorisations, ce qui nous empêcherait de percevoir le jeu des pensées. Nous devons toujours «maintenir la distance» qui rend possible la pratique de notre investigation. «Si la conscience-témoin qui examine est trop forte, la conscience "moi" disparaît».

Les états de concentration ou l'esprit est focalisé, centré, conduisent à l'absorption du Samadhi. Mais la vigilance nécessaire pour percevoir les mécanismes du «moi» est très différente. C'est un état d'attention globale, non centré, ou la conscience est simplement présente à elle même, sans être fixée sur rien de particulier, attentive aux pensées et aux émotions qui surgissent sans les juger, sans les accompagner, en demeurant simplement en retrait.

Peu à peu, nous saisissons de plus en plus clairement ce qu'est le «moi». Il se profile à la surface des pensées et se révèle étroitement lié au flux mental. Il ne se laisse pas facilement percevoir, mais on peut réussir à le repérer et tenter de l'isoler du mouvement des pensées auquel il est intimement lié.

En fait cette perception du «moi» n'est pas possible au moment même ou se produit l'identification, lorsque la conscience n'est plus présente à elle-même, mais immédiatement après, nous pouvons prendre le recul nécessaire et nous remémorer la pensée passée. Nous pourrons alors saisir intuitivement ce qu'est le «moi», le «je» individuel.
Nous verrons notamment que le «moi» n'a pas d'existence «en soi», en dehors des pensées. Dès qu'on tente de l'isoler, il se dissipe «comme un rêve au réveil», « une bulle illusoire», un fantôme. Plus précisément, il apparaît comme un «effet de perspective», un pli de sa psyché sans réalité véritable. Cette prise de conscience sera déjà un grand pas dans la découverte de son fonctionnement, de son rôle dans l'alimentation des pensées.


Erik Sablé - Les mécanismes du Moi et le silence intérieur - Editions Devy


jeudi 11 décembre 2008






Osho - Le Rythme Intérieur de l'Être


www.osho.com


De temps en temps, dans le cours d'une vie ordinaire, cela se produit : alors que vous vous éveillez le matin, tout semble parfait. Les oiseaux chantent, l'air est embaumé, le soleil se lève et soudain vous sentez que tout est tranquille. Pendant un moment vous n'êtes plus séparé, vous sentez une grande joie monter en vous sans aucune raison. Vous vous sentez soudainement vibrant, complètement régénéré, chez-vous. Peut-être est-ce le profond sommeil et repos de la nuit, peut-être est-ce ce magnifique matin, le chant des oiseaux, l'air frais, la rosée sur l'herbe brillant sous le soleil matinal, peut être est-ce tout ceci qui crée le contexte. Non pas par votre effort mais par accident, vous êtes en harmonie avec vous-même et avec l'existence.


Cela se passe toujours simultanément : chaque fois que vous trouvez l'harmonie en vous-même, vous trouvez également l'harmonie avec l'existence.
L'harmonie a deux aspects : l'individuel et l'universel. Si l'individu est en harmonie alors il n'y a aucune raison pour qu'il ne soit pas en harmonie avec le Tout. Si tous les conflits en vous ont disparus, même pour un seul instant, dans cet instant vous faites partie du Tout, vous n'êtes plus une île, vous n'êtes plus séparé. Tous les murs ont soudainement disparus, vous n'êtes plus emprisonné.

Si vous regardez en arrière vous pouvez vous souvenir de quelques moments… et ce seront ces moments où vous étiez détendu, ce seront ces moments où il n'y avait aucun désir particulier dans votre mental, où vous n'étiez pas préoccupé, où vous n'étiez pas tendu, où, d'une certaine façon, vous étiez, simplement.

Observez avec minutie ces moments accidentels, soudains, parce que la clé secrète y réside. Si cela se passe dans un état de relaxation, lorsque vous êtes détendu, sans tension, alors vous pouvez créer le contexte ! Vous pouvez vous détendre. Si cela vous arrive lorsque vous nagez, alors vous pouvez nager et créez le contexte ! Si cela vous arrive lorsque vous courrez ... continuez à courir, continuez à courir, soudainement ça arrive…

Vous continuez encore et encore… et vous venez en contact avec la couche cosmique. C'est la source de la vie et c'est inépuisable. Lorsque vous êtes en contact avec cette énergie, une joie immense commence à vous remplir, une extase formidable se fait sentir sans aucune raison.

Cela peut vous arriver pendant que vous faites l'amour, cela peut vous arriver lorsque vous écoutez de la musique, cela peut vous arriver lorsque vous êtes simplement allongé sur votre lit à ne rien faire. Cela peut vous arriver lorsque vous peignez, absorbé, complètement absorbé dans la peinture ou encore, Cela peut arriver de mille et une façons. Observez, à chaque fois que cela se passe, à chaque fois que cet incroyable moment béni vous vient, lorsque le divin frappe à votre porte, observez dans quel contexte cela se produit. Soyez vigilant ! Regardez autour, dans quel espace cela se produit, alors vous avez la clé. Lorsque vous serez capable de créer ce contexte, cet espace, le moment viendra à nouveau.

Vous ne pouvez pas le faire se produire, mais vous pouvez vous rendre disponible pour qu'il se produise. Vous ne pouvez pas le forcer mais vous pouvez créer tout ce qui est nécessaire pour que ça arrive. Ce n'est pas une action de votre part, cela se produit ; cependant vous pouvez jouer un rôle important. C'est ainsi que toutes les techniques de méditation ont été développées, c'est comme cela que le Yoga est venu à l'existence. Cette harmonie est présente en vous parce que sans elle, vous ne pouvez pas vivre.

Cette musique est déjà là en vous comme un courant souterrain parce que cette musique est votre connexion avec le Tout. Si elle cesse, vous mourrez.
Vous êtes vivant, c'est une preuve suffisante que la musique se joue. La seule chose est d'aller profondément dans votre être et de trouvez où elle se produit.



Osho - Extrait de : The Fish in the Sea Is Not Thirsty



jeudi 4 décembre 2008



Voilà ce qui me semble être
l’amour inconditionnel,
en cette époque
et en ce temps.

Ce n’est pas trouver une croyance
ou un procédé
qui vous rendra heureux.
Mais avoir la force
et le courage de demeurer présent
dans ce que vous vivez
de quoi qu’il s’agisse.

Non pas en tant que victime,
non pas en redresseur de tords
non pas comme un évangéliste
de quelque idée, de quelque technique, de quelque foi.

Mais simplement demeurer présent.



Richard Moss - Paroles des deux mondes - Editions du Rélié



lundi 1 décembre 2008



choral, e par fred.c.fred


Eric Baret - Laisser le corps parler, dans le silence ...



www.bhairava.ws

Le corps doit être écouté, aimé. Aimer veut dire ne rien savoir, ne rien vouloir. Vous êtes nu de toute compréhension, de toute intention, et vous laisser le corps parler. Pour que le corps parle, il faut le silence. Tant que vous savez quelque chose, le corps se tait. Revenez à ce silence de volonté, de savoir. Dans ce silence, à sa manière, non à la vôtre, le corps vous parlera. Vous laisserez le concept corps et une chaleur, une fraîcheur, une vibration, une tactilité éclot.

Au début, cela se présente comme une forme de tension, de lourdeur, de densité. Petit à petit. si vous n'en faites rien, cette tactilité va se transformer. D'autres couches plus élastiques, radiantes vont se présenter. C'est le début d'un voyage sans fin. Quand vous n'êtes qu'écoute, ce n'est pas vous qui faites le voyage : le corps voyage en vous.

Vous ne pourrez plus jamais penser que le corps ne réagit pas, ni qu'il est séparé de l'environnement. Ce que vous allez découvrir d'extraordinaire, dans le corps, c'est qu'il n'y a pas de séparation, et que ce que vous appelez votre corps est un concept. Ce doit être un ressenti, sinon c'est juste une idée philosophique. Telle est l'exploration : le corps se déroule en vous et vous amène cette évidence de première main.

Ecoutez sans dynamisme, avec une grande intimité. Au début, le corps est tension, densité, mémoire, et vous allez vite vous ennuyer. A ce stade, n'essayez pas de continuer : allez vous promener, coiffez votre chien, téléphonez à votre amoureux. Un autre jour, le corps va de nouveau se rappeler à vous. Sentez ce manque de vie.
Ecoutez... Peu à peu, quelque chose va s'éveiller. Un nouveau fonctionnement, non psychologique, s'impose, l'environnement laisse place au ressenti. Le secret est caché là. On ne peut pas le trouver. Il ne se révèle que lorsqu'on a les mains libres.
Au début, vous imaginez explorer le corps et, un jour, vous verrez qu'il s'est passé tout à fait autre chose. Cela doit rester caché, ce n'est pas conceptualisable, c'est expérimental

L'important est la facilité de vivre. Seul notre savoir est difficile. Quand vous vous familiarisez avec un non-savoir, vous êtes toujours adapté, aucune situation n'est dérangeante, ce qui vous gêne ne vous affecte plus psychologiquement.


Eric Baret - Corps de vibration, corps de silence - Editions Almora