dimanche 26 décembre 2010

Nous naissons à chaque instant...


Dans le bouddhisme, nous disons que la vie et la mort sont l’apparition d’une pensée et la disparition de cette pensée. Apparaître et disparaître ; des pensées viennent et vont… Voilà ce que l’on appelle « la vie et la mort ».

Une pensée apparaît, c’est ce que nous appelons «la vie». Une pensée disparaît, c’est ce que nous appelons «la mort». Cela signifie que nous naissons à chaque instant et que notre vie est sans cesse renouvelée.

Malheureusement, entre la vie et la mort, entre deux pensées, nous interposons notre ego. De cette manière, nous percevons à la fois la vie et la mort. Le point de vue de notre ego intervient pour que nous soyons contents de la vie et que nous haïssions la mort. C’est cela qui nous bouleverse.

Ce n’est rien d’autre que le point de vue de notre ego.


Sekkei Harada - L’Essence du Zen, entretiens sur le Dharma à l’attention des Occidentaux - Editions de l’Eveil -


mercredi 22 décembre 2010

Osho - Etre conscient et harmonieux, extatique et compatissant



La santé n'est pas uniquement un phénomène physique. Cet aspect est seulement l'une de ses dimensions et l'une des dimensions les plus superficielles parce que fondamentalement le corps va mourir, sain ou malsain, il est momentané.

La « vraie » santé se produit quelque part en vous, dans votre subjectivité, dans votre conscience, parce que la conscience ne connaît aucune naissance, aucune mort. Elle est éternelle.

Que veut dire être sain dans la conscience ? C’est d'abord être conscient, puis être harmonieux, ensuite être extatique et enfin, être compatissant. Ce sont les quatre piliers de la santé intérieure.

Danser, chanter, vous réjouir peut vous rendre plus harmonieux. Il y a un moment où le danseur disparaît et seule la danse demeure. Dans cet espace rare, une harmonie est ressentie. Lorsque le chanteur est complètement oublié et seul reste le chant ; lorsqu'il n'y a aucun centre qui fonctionne et seul reste le chant ; lorsqu'il n'y a aucun centre fonctionnant en tant que "Je" et que vous êtes dans un flux, cette conscience fluide est Harmonie.

Être conscient et harmonieux crée une possibilité pour l'extase de se produire. L'extase signifie la joie ultime, inexprimable. Aucun mot n'est adéquat pour indiquer quoi que ce soit à son sujet et lorsque l'on a atteint à l'extase, lorsque l'on a connu l'ultime sommet de la joie, la compassion découle naturellement. Lorsque vous avez cette joie, vous aimez la partager, vous ne pouvez pas éviter de partager, partager est inévitable. C'est la conséquence logique de posséder. Cela commence à déborder, vous n'avez rien besoin de faire. Cela commence à se produire de lui-même.



dimanche 12 décembre 2010

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Jean Yves Leloup - Le bien-être est déjà là ...



Un bon thérapeute ne regarde pas "seulement" la maladie, mais aussi tout ce qui est en bonne santé chez un malade. L'expression « prendre soin de l'Etre », chez les thérapeutes d'Alexandrie, peut sembler paradoxale. Elle revient à dire : «soigner Dieu dans l'autre». Soigner Dieu ?... Qu'est-ce que cela peut bien signifier ?
Soigner Dieu dans l'autre, c'est croire et expérimenter que l'autre va guérir à partir du point de santé qui est en lui. Quand on parle de la nature de bouddha en nous, il s'agit de ce quelque chose en nous qui n'est pas malade, déjà éveillé, non né, non conditionné.
Nous sommes déjà sauvés, déjà guéris, en bonne santé, mais nous ne le savons pas, nous n'en faisons pas l'expérience. L'expérience du salut (soteria), c'est l’esprit saint en nous.

Ce n'est pas le médecin qui guérit, mais la nature. Le thérapeute, quel qu'il soit, met la personne qui souffre dans les conditions qui permettront à la nature de la soulager.
C'est l'Etre qui guérit de l'intérieur. Cela suppose de la part du thérapeute, ou de celui qui est sur un chemin spirituel - celui qui travaille au bien-être de tous les vivants - de savoir que le bien-être est déjà là, ce n'est donc pas lui qui l'apporte.

Nous devons nous le répéter chaque fois que nous soignons quelqu'un : nous n'allons pas guérir la personne, nous allons simplement créer les dispositions les plus favorables pour que puisse opérer ce qui est sain en elle.
Ce n’est pas nous qui allons apporter ce qu'il y a de plus précieux, car cela se trouve déjà dans la personne. Il y a au milieu de nous quelqu'un que nous ne connaissons pas ; il y a au cœur de nous une dimension de vie, de plénitude, de paix, que nous n'avons jamais goûtée.

Cette considération nous permet de soigner les autres sans désespérer, car le désespoir nous guette sur ce chemin. Quand on voit toutes les souffrances du monde, on se dit qu'on n'y arrivera jamais! Il faut pourtant croire que la santé sera la plus forte, que le bonheur aura le dernier mot ; mais cela suppose une certaine expérience de l'Éveil ou de la libération (soteria) chez celui qui accompagne une personne qui souffre.


Dans la tradition chrétienne, on parle de l'esprit du Christ, de la nature du Christ, de l'être du Christ: «Là où je suis, je veux que vous soyez aussi ... Tout ce que vous faites aux plus petits d'entre les miens, c'est à moi que vous le faites.»

C'est parfaitement clair : quand on fait quelque chose à quelqu'un, on ne le fait pas seulement à ce quelqu'un qui est là, on le fait aussi au Christ qui est en lui, qui est son "Je Suis" essentiel.
Tout être, quel qu'il soit, est porteur de la nature du Christ, de la nature divine. Dans tout être il y a cette Présence de ce qui est libre, de ce qui est sauvé ; on peut alors agir sans être désespéré : quand on fait quelque chose de l'extérieur, cela "coopère" aussi de l'intérieur.

D'où l'importance de la prière dans tous les actes que l'on pose, appeler chez l'autre la Présence, le réveil de son Esprit, parce que c'est de l'intérieur qu'il peut être guéri. Face à certaines maladies mentales difficiles, douloureuses, on sait qu'on ne peut rien de l'extérieur ; tout ce qui est dit ou fait risque au contraire de conforter le délire. Mais on peut appeler à l'intérieur de celui qu'on accompagne, l'Être qui sait le guérir et le sauver : cette forme de prière s’appelle l’intercession.


Jean Yves Leloup - La montagne dans l'océan - Editions Albin Michel



mercredi 8 décembre 2010

Jean Yves Leloup - Pour qui fleurit la rose ?



Méditer comme une montagne ?!


Etre assis comme une montagne, c'est "changer de temps" : la nature vit à un autre rythme. Nous pouvons avoir l'éternité derrière soi, devant soi et si nous nous tenons bien au centre, nous aurons l'éternité en nous mêmes. C'est là que nous pouvons prendre racine.

Méditer comme une montagne change le rythme des pensées et surtout du jugement. Il s'agit d'être ce que l'on est "par tous les temps" et de permettre aux saisons de passer, de nous éroder ou de nous faire fleurir. Voir sans juger, donner le droit d'exister à tout ce qui pousse, roule, rampe et court sur la montagne ; ainsi devient-on inébranlable quel que soient les coups, les railleries ou les extases des passants.

Si la montagne peut donner le sens de l'Eternité, le coquelicot enseigne la fragilité du temps : méditer c'est connaître l'Eternel dans la fugacité de l'instant, c'est fleurir le temps qu'il nous est donné de fleurir, aimer le temps qu'il nous est donné d'aimer, gratuitement, sans pourquoi, car .... pour qui fleurissent les coquelicots ?

La rose fleurit parce qu'elle fleurit, sans pourquoi ..."

Jean Yves Leloup - La montagne dans l'océan - Editions Albin Michel