vendredi 29 février 2008



Le mouvement intérieur de retour au Soi impose l'arrêt.

Nous préfèrerions nous dérober
plutôt que de rester dans l'immobilité absolue de l'instant-Dieu.

Pourtant, où d'autre pourrions nous trouver le repos?

Mayah Baty - L'Une


Yvan Amar - Etre disciple de la vie

Yvan Amar, dans ses entretiens retranscrits, a une manière humble et érudite de nous témoigner de son expérience et de nous transmettre son enseignement. Il fût le disciple de Chandra Swami et de Jean Klein. Dans cet extrait, il invite chacun à ne plus se poser victime des situations de la vie mais bien à en devenir disciple.


Aujourd'hui, les médias nous submergent en effet d'informations, mais sommes-nous pour autant plus conscients de la réalité ? Je dirais que la seule manière d'être conscient d'un événement, c'est de le vivre en le ressentant profondément dans son corps. Et pour nous aider à être conscients la vie, par ses épreuves, se montre souvent généreuse. Bien sûr, nous voyons rarement cela comme une forme particulière de générosité, croyant à tort être les victimes des situations désagréables que nous impose la vie. Or celle-ci ne fait que répondre à notre demande inconsciente. Si nous ne l'éclairons pas, tôt ou tard l'existence nous placera dans des situations qui nous obligeront à apprendre et à évoluer. Il ne s'agit en aucune façon d'acquérir un nouveau savoir pour tenter d'apaiser l'esprit, mais de vivre en relation sensible avec notre corps afin de favoriser l'intégration nécessaire à l'ouverture de notre conscience. Dès lors, il n'appartient qu'à nous d'être soit les victimes soit les disciples des événements douloureux que nous avons coutume d'appeler destin ou sort. Nous ne pourrons donner un sens aux événements dont nous nous sentons les victimes que si nous consentons à en devenir les disciples. Et cela ne peut se réaliser que par l'intermédiaire de notre corps.
(…) Non seulement cette Vie nous aime, mais elle est intelligente et a un dessein pour 1’homme. Seul celui dont le corps participe de ce sens peut y être sensible.
S'il existe une vraie manière d'entrer en relation thérapeutique avec un être, c'est en étant serviteur de ce qui nous pousse les uns vers les autres, afin de nous reconnaître au cœur de cette relation. (…) Nous sommes poussés par cette force de vie pour entrer en relation les uns avec les autres et nous reconnaître nous-mêmes. Le moment miraculeux de la relation, c’est quand la présence d'un grand troisième se manifeste, qui est plus que la somme des deux protagonistes en présence. On l'appelle l'Amour, le Saint-Esprit, Dieu. C'est cela le Sens, et nous sommes appelés à en devenir les serviteurs. A chaque instant la vie nous invite à prendre le risque de l’autre, à faire de l'autre une aventure.
Il s'agit donc de s'ouvrir aussi bien à l'inconnu de la relation qu'à l'expérience qu'elle fait vivre en soi : une sorte de double écoute, de soi et de l'autre.


Yvan Amar - L’Effort et la Grâce - Albin Michel

mercredi 27 février 2008

Richard Moss - Accueillir avec une tendre attention

Ce dernier ouvrage de Richard Moss nous parle en profondeur et dans une grande simplicité de l'attention consciente que nous avons à porter à notre ressenti dans le moment présent. Source de notre connaissance et de notre plénitude intérieures. C'est une lecture indispensable et essentielle pour nous qui cheminons au cœur véritable de notre vie spirituelle et humaine.

www.richardmosseurope.com

J’entends sans arrêt des personnes dire qu’elles «se cherchent». Mais ce qu’elles disent en réalité, c’est qu’elles passent leur temps à rejeter ce qui est en elles ou dans leur vie. Nous ne pouvons pas nous chercher car nous ne pouvons pas nous perdre ; chaque sentiment, chaque pensée, et la qualité de vie qu’ils apportent, est le Soi. Résistez et la souffrance s’ensuivra. Accueillez avec une tendre attention, et la plénitude s’ensuivra. La beauté est dans l’œil de celui qui regarde, de même que la laideur. Nous nous accueillons à chaque instant dans notre être et la façon dont nous accueillons est la façon dont nous nous sentons accueillis. C’est la réalité du présent.

Richard Moss - Le Mandala de l'Etre - Editions Albin Michel

mardi 26 février 2008




Grâce en suspension du tout


S'ouvrir à l'amour de soi et à celui plus vaste de la Vie,
dimension très intérieure qui a à voir avec l'âme.
Si l'amour est un mystère,
c'est bien parce qu'il procède de la vie intérieure,
une dimension atrophiée dans notre monde actuel.

L'amour ne peut pas se passer d'une conscience vaste.

Paule Salomon - Entretiens
www.paulesalomon.org



Lee Lozowick - L'abandon au Féminin

Lee Lozowick est "instructeur spirituel" américain contemporain. Il aborde le Tantra comme une possibilité de se connaitre, de rencontrer les éléments qui constituent notre monde souterrain, d'en passer par eux pour effectuer une transformation authentique et radicale de sa vie personnelle et de couple. Son style d'écriture, parfois surprenant, dans une certaine forme directe, abrupte même, nous invite à nous rendre à l'essentiel.
Cet extrait met en évidence les peurs fondamentales de l'homme et de la femme à s'abandonner au Féminin en soi.


Les hommes abusent des femmes depuis si longtemps qu’elles en ont perdu le sens de leur humanité et de leur Divinité. Pour elles-mêmes, principalement, elles ont besoin de reconquérir la signification de leur être ; afin de retrouver la confiance en elles-mêmes et leur fierté. Toutes les cultures féministes ont été induites par ce besoin. Cependant, ce ne sont pas les revendications brutales qui permettront d’obéir au Féminin authentique, ce seront les sentiments de gratitude et de reconnaissance que lui vouera le masculin (présent tant chez la femme que chez l’homme).

Fondamentalement lorsque l’homme rencontre la femme, il se relie à elle dans l’urgence et la tension. Pourquoi ? A cause de la sexualité ! Peu importe le degré de raffinement ou de subtilité de l’homme, sa raison profonde reste la sexualité. Lui aussi est complètement piégé par le puissant modèle social de haine envers la femme. Qu’est ce qui pousse l’homme à vouloir que la femme lui procure du plaisir sexuel ? Qu’y a t’il dans cette demande qui puisse occasionner ce ressenti d’urgence et cette tension ? L’homme éprouve le besoin névrotique et terrifiant de dominer ce qui, en fait, est la vie elle même ; la Shakti.
Seules, l’urgence et la tension motivent les jeux sexuels qui ont pour but l’orgasme. Si l’orgasme est la raison pour laquelle deux personnes (ou plus) s’unissent, font l’amour, si les individus imaginent que pareille motivation est l’accomplissement ultime que permet ce type d’union, alors ils nient les plus hautes possibilités qu’offrent l’acte d’amour et de communion.
Dès lors que l’homme aborde la sexualité en obéissant à la dynamique inconsciente d’urgence et de tension, ce qui le motive est de dominer le Féminin parce qu’il a peur ; en fait, il est terrifié, non pas à l’idée d’être dominé par le Féminin, mais par la pensée d’avoir à s’abandonner si totalement au Féminin qu’il sera réduit à néant dans sa lumière.
Il en va de même pour la femme. (…) Néanmoins, il s’agit pour elle de dominer sa propre peur face à son pouvoir et à sa vérité fondamentale. La femme est tout aussi terrifiée à l’idée qu’elle pourrait être ce qu’elle est, comme l’homme est à l’idée de devenir cela (le Féminin) ou de devoir s’y abandonner.

Lee Lozowick - L'alchimie de l'amour et de la sexualité - Editions Le Relié Poche

lundi 25 février 2008

C'est la Vie qui me traverse et s'exprime dans la tristesse.
... Célébration ...


Eric Baret - J'écoute ce qui m'entoure

Quelle belle invitation à l'écoute, à la présence et à la reconnaissance de nos prétentions.

www.bhairava.ws


Faire un, faire corps avec ce qui se présente. Rien n’est étranger. Les gens que je rencontre, c’est mon milieu ; j’écoute. Quand je ne connais pas, j’interroge, non pour savoir quelque chose, mais parce qu’il y a une forme de résonance. Il n’y a rien qui soit étranger. Sinon, je suis dans un projet. Si je pense qu’il vaut mieux méditer, faire du yoga, je suis coupé de la société. C’est normal que je me sente isolé ! Non… Quand je fais du yoga, je fais du yoga. Quand je suis dans une salle de casino, j’écoute, je regarde.

C’est extraordinaire, ce que l’on découvre sur l’être humain, sur la beauté dans n’importe quel endroit, quand on écoute. Que ce soit en prison, dans la salle d’attente d’une clinique, dans un restaurant de gare, il faut écouter, regarder. Regarder la joie, la souffrance, l’agitation, les préoccupations, l’anxiété, les besoins, comment les gens fonctionnent… Déjà, une résonance se fait.
Quand une chose m’est étrangère, quelle qu’elle soit, c’est que je vis dans ma prétention. Je regarde alors en moi-même et je remarque que je suis encore en train de prétendre qu’il y a des choses supérieures à d’autres. Cette prétention est une histoire. La beauté est partout. C’est à moi d’écouter et de la découvrir dans toutes les situations. (...)
J’écoute ce qui m’entoure. Si demain je me trouve dans un milieu de produits diététiques, j’apprendrai également là. Mais ce n’est pas mieux. Il n’y a pas de différence. Ecouter, découvrir, aimer. C’est ce qui est là quand je ne prétends pas que cela devrait être autre chose, quand je ne prétends pas savoir ce qui est juste. Ce qui est intéressant, c’est ce qui est sous mes yeux. A moi de m’en rendre compte. (...)

Eric Baret - Le Seul Désir : dans la nudité des tantra (extraits) - Editions Almora

vendredi 22 février 2008

Jean Marc Mantel - Regard contemplatif sur l'amour

Ce texte est extrait de pages écrites par Jean Marc Mantel sur "Approche contemplative en psychothérapie". Cet auteur est psychiatre et a reçu de nombreux enseignements de maîtres indiens dans la tradition non-dualiste. Il propose une approche spirituel de grands thèmes de la psychologie. C'est une source de richesses pour tous les chercheurs de vérité et pour des thérapeutes désireux d'approfondir la connaissance qu'ils ont d'eux-mêmes et les possibilités d'aide à autrui.

www.jmmantel.net


Un regard contemplatif posé sur le fonctionnement de notre personnalité va permettre de reconnaître ce que l'amour n'est pas : compensation, valorisation, reconnaissance ... Les tendances propres au moi, qui se manifestent de manière parfois subtile dans un besoin d'aimer les autres ou dans des comportements altruistes, sont reconnues dès lors qu'elles sont vues telles qu'elles sont, avec la lucidité d'un regard accueillant.
Cette compréhension de ce que l'amour n'est pas induit une expérience nouvelle d'un amour libre du besoin d'aimer et d'être aimé.
On pourrait ainsi dire que la vision agit de manière lapidaire, en éliminant les scories qui masquent le joyau.
La dimension d'amour, en tant que présence, ouverture et acceptation, ne peut se révéler que dans l'absence des besoins de saisie et d'appropriation du moi.
Il s'agit d'une délivrance, car les besoins de la personne sont insatiables, analogues à un puits sans fond.


Daniel Odier - Etre un avec toute chose

Faire face à la réalité en voyant en toute chose
la manifestation de l’essence du cœur.
Pas de blocage émotionnel,
pas de blocage de la pensée différenciatrice,
pas de fermeture du corps.
Pas de fuite, pas de recherche.
Pas d’évitement, pas d’affrontement.
Dans cette ouverture, tout est yoga.

Etre un avec toute chose.

Daniel Odier





dimanche 3 février 2008

Marie M. Davy - Naître à l'Amour


Comment naître à l'Amour ? « Si nous voulons savoir par exemple -écrira Heidegger- ce que veut dire nager, nous ne l'apprendrons jamais d'un traité sur l'art de nager. C'est le saut dans le fleuve qui nous le dira. »

Il en est de même pour aimer. Aucune lecture ne pourra nous enseigner sur ce point. Tous les discours demeureront inopérants : il faut plonger dans l'océan de l'Amour. Quand on a plongé on ne songe plus à revenir à la surface ou à cheminer sur les rives. L'homme parvient à l'amour dans la mesure où il prend conscience de sa dimension de profondeur, c'est-à-dire de son coeur.

M.-M. Davy. L'homme intérieur et ses métamorphoses, Épi S.A. Éditeurs

De là où le silence écoute

Mais quand deux hommes s’entretiennent,
il y a toujours
un tiers présent : le silence ; il écoute.
Ce qui
donne de l’ampleur à la conversation,
c’est que les
paroles ne se meuvent pas
dans l’espace étroit des
interlocuteurs,
mais qu’elles viennent
de loin,
de là où le silence écoute.

Max Picard, Le monde du silence




Swami Prajnanpad ; La connaissance ...

Swami Prajnanpad est un maitre indien. Arnaud Desjardin est l'un de ses diciples les plus connus. Dans son enseignement, il fait des liens interressants avec la psychanalyse. Et c'est dans cette rencontre des deux états d'esprit (traditionnel de l'advaita et psychanalyse) que nous pouvons trouver une nouvelle source de réponses et de guidance. Ces trois extraits donnent une place première à cette démarche essentielle de la connaissance.


Seule la connaissance libère :

La recherche spirituelle ne consiste donc pas à essayer de trouver ce qui est au-delà de notre perception, mais à regarder ce qui est là, présent devant nous et qui forme notre réalité. Il n’y a pas d’autre réalité pour nous que celle qui est la nôtre maintenant. (…) L’étude des faits, de la réalité devait occuper la première place dans la but de " voir ce qui est ".
L’homme vit dans l’illusion, il ne voit pas les choses comme elles sont. Il est aveuglé, poussé par des forces dont il n’est pas conscient et qui dirigent sa vie.
Ces forces sont ses propres émotions qui sont conditionnées par le passé. Se rendre libre du passé, c’est se libérer de l’illusion. On reconnaît, exprimé d’une autre manière, ce qu’affirment les textes indiens : se rendre libre du karma (actions passées) c’est déchirer le voile de la mâyâ (illusion). Tel est le chemin de la délivrance.
(…)

Connaître c’est être :

Il s’agit ici d’une connaissance opérationnelle qui a pour but de conduire à la libération de la souffrance. Cette connaissance n’est pas, bien entendu, purement intellectuelle : celle où l’on sait quelque chose tandis que dans le même temps on sent autre chose ou encore on agit autrement. C’est une connaissance où la tête (intellect), le cœur (sentiment) et le corps (action délibérée et consciente) sont unifiés. Quand l’intellect fonctionne tout seul, sans aucun appui sur la réalité ou les faits, cela devient de l’intellectualisme, activité mentale où règnent représentations et imaginations qui entraînent dans leur sillage émotions et actions impulsives.
Les faits sont là, la vérité est là, mais elle est refusée. Elle frappe à la porte, mais elle est refoulée, ce qui provoque malaise ou mal-être.
Le malaise est important parce qu’il est le signe que la vérité ou les faits ne sont pas vus tels qu’ils sont. Quelque chose bloque la vision. Pour la débloquer, il s’agit d’exprimer le malaise : quel est-il ? De quoi est-il fait ? L’expression implique la détente : laisser sortir ce qui vient, permettre au ressenti de s’exprimer, ce qui implique qu’aucun jugement de valeur ne vient empêcher l’expression libre.
(…)

Quelle est la cause de l’émotion ? Une idée fausse : la réalité est différente de ce que l’on souhaiterait qu’elle soit. L’autre est différent. Chaque fois que l’on prend l’autre pour ce qu’il n’est pas, on s’expose à recevoir des coups.
La souffrance de chacun lui est personnelle, les circonstances qui lui ont donné naissance sont personnelles, les images qui viennent à notre conscience sont celles de notre propre passé. Pourtant cette souffrance si personnelle nous livre la clé d’une vérité générale : chacun est différent, la source de tout malaise, de toute souffrance est la non-perception de cette différence. Il n’y en a pas d’autre. D’où cette formule lapidaire : voir la différence, c’est voir l’autre tel qu’il est et, à partir de là, pouvoir être un avec lui. C’est la définition même de l’amour. On parle de l’Amour avec un grand A ce qui a pour effet de le mettre sur un piédestal et de l’éloigner dans un univers inaccessible dont l’accès ne nous est pas indiqué. Ici on ne parle pas d’amour mais de différence. Voir la différence est la porte d’accès à l’amour.

La connaissance vient de l’expérience :

Voir la différence, voir la réalité telle qu’elle est c’est cela la vérité. Et seule la vérité donne une assise stable. Mais pour voir la différence il faut abandonner le confort douillet de ses préjugés, de ses croyances, de ses habitudes de pensées. Aussi s’agit-il d’un processus de longue haleine dont la durée est déterminée par la quantité d’inconfort que l’on est capable ou prêt à supporter.
La vie se charge de nous déloger des niches que nous nous abritons car la vie est changement. Tout contact avec la vie est source d’expansion et d’élargissement.
(…)

Swami Prajnanpad ; Psychanalyse et sagesse orientale
Daniel Roumanoff aux Editions Accarias L'Originel