lundi 31 mars 2008



Que l’homme dans le temps utile
Soit l’impatience d’exister
Et l’âme dans les eaux nubiles
Ouverte à l’immobilité

Peu de préceptes, la clarté
Peu de paroles de prière
Et cette sobre ébriété
Dans l’abondance de lumière.

Henri Bauchau - "La pierre sans chagrin" - Actes Sud


mercredi 19 mars 2008

Ivan Amar - ... Cette parole de vie, c'est OUI.

Célébration ... sans commentaires.

Un cœur partagé ne peut pas être «un» grâce à une succession ininterrompue de bons choix, comprenez bien cela. Sinon, vous risquez de passer vos journées à comptabiliser vos décisions. Un cœur pur, unifié, est celui qui se rappelle constamment la parole vivante. Et il n'y a qu'une parole vivante, que tous les instructeurs ont transmise, chacun dans sa culture et dans sa langue, cette parole de vie, c'est OUI. Il n'y en a pas d'autre.
Mais il ne s'agit pas de dire oui à quelque chose, il s'agit de dire oui avec la vie. La vie tout entière est le « oui». Dire oui, c'est aller dans le courant de la vie, c'est prendre le risque de l'Esprit qui souffle partout. Ce jour-là, en gravissant la montagne, vous prenez la responsabilité du «oui» qui vous engage véritablement, au plus profond de votre cœur. Le coeur est la racine secrète de la conduite. Un cœur qui dit oui génère des actes entiers et responsables. Ces actes-là sont transformateurs.
Ne cherchez surtout pas des «techniques» de nettoyage du coeur, genre pressing intérieur : elles pourraient bien vous mettre la pression, voire la dépression... Il n'y a pas de mantra qui lave plus blanc, qui purifie plus que d'autres. Il n'y a que le «oui» qui est une adhésion du coeur à l'intelligence du vivant. Il n'y a pas d'autre voie de purification, car on ne peut pas se purifier soi-même : c'est le raz de marée du « oui» vivant qui nous purifie… Prenez le risque d'être partagés, de ne pas savoir, mais prenez le risque de la vie. Si vous attendez d'être sûrs de faire le bon choix, vous risquez d'hésiter longtemps et ce jusque devant la dernière porte, où vous vous demanderez encore : «Dois-je ouvrir, ou va-t-on m'ouvrir?»
L'enfer, ce doit être de rester ainsi, indéfiniment hésitant devant la porte du paradis. C'est la qualité de votre intention qui importe. La pureté, à ce moment-là, c'est la sincérité du coeur partagé qui assume, de façon responsable, de grandir en étant divisé. Ce coeur devient alors le lieu de reconnaissance, où l'on peut entendre le réjouissant appel de l'origine qui dit : «Oui, oui, oui». Ce n'est plus seulement nous, mais toute la vie en nous qui dit «oui». Dès que nous avons tourné le dos à nos hésitations, à nos divisions, au fait de chérir des opinions et d'entretenir des croyances au bonheur, et qu'on choisit la vie tout entière, alors éclate un chant d'allégresse à l'intérieur de nous : le chant de la vie, le chant du oui. On s'aperçoit que dans ce pays sans chemin, tout est chemin, tout fait chemin, tout est royaume. Mais ce choix-là nous appartient, personne ne peut le faire à notre place.


Ivan Amar - Le Maitre des Béatitudes - Albin Michel

mardi 18 mars 2008





Eric Baret - L'émotion nous amène à la tranquillité...

Comment, de se laisser ressentir l'émotion nous amène à ressentir la détente qui nous permet alors de constater ce qui est libre et tranquille en nous. Au delà de fuir ou comprendre ou justifier une émotion, juste l'accueillir et sentir ce qui est là. Se permettre et s'autoriser à la tristesse sans désir d'être consolé. A partir de là, le corps devient le champ de l'évidence du vivant et du vibrant en soi.

www.bhairava.ws


Une libération est toujours un ressenti. Quand un noeud se dénoue véritablement en nous, cela ressemble à une pieuvre qui serait collée sur une région précise du corps et qui semble tirer de l'extérieur tout en s'en défendant avec toute sa capacité ; tout craque, le noeud se vide. Plus l'enracinement est profond, plus la pieuvre étend ses tentacules dans tous les sens et plus cela se déchire sur son passage. Quand le noeud se libère, on éprouve une énorme jouissance, une respiration, un son primordial. Cette explosion purement sensorielle ne donne rien à penser (…)

(…) Laissez votre corps vibrer, parler et la danse continue… Inutile d’aller le rechercher. Si c’est présent, vivez avec. Vous n’êtes pas triste : vous sentez la tristesse. Vous n'êtes pas anxieux : vous sentez l'anxiété. Vous n'avez pas peur : vous sentez la peur. Sentir la tristesse est une caresse. Sans elle, de nombreuses musiques n'auraient pas été écrites, beaucoup de peintures n'auraient jamais été réalisées. La tristesse, la peur c'est la beauté, sinon les montagnes russes des parcs d'attractions, les films d'horreurs et autres fleurons de notre civilisation n'existeraient pas. Laissez cette tristesse vraiment être triste, vraiment respirer en vous, et quelque chose va se placer. Plus vous allez sentir la tristesse, plus la joie se révèle. Plus la larme va couler sur votre joue et plus vous allez vous sentir libéré, heureux, tranquille.
Vous sentez l'agitation tranquillement, sereinement. C'est un calme qui peut inclure une grande effervescence du corps et du psychisme. On peut alors parler de purification. Si, après la séance de yoga, la tristesse se prolonge, cela prouve que vous avez abordé le corps avec sensibilité, sans utiliser les masses musculaires, sans intention.
Laissez-vous faire. Vous devez avoir une affection absolue pour cette émotion. C'est votre trésor le plus intime. Elle va vous révéler votre liberté. Vous devez la porter dans votre coeur comme quelque chose de très précieux. Petit à petit, ce trésor va se dévoiler, ce n'est pas à vous de le faire apparaître. Il va venir à son propre rythme.
Le yoga, dans le sens cachemirien, n'est pratiqué que pour laisser monter en nous ces émotions. Ensuite, elles vont s'actualiser dans notre tranquillité et nous révéler les aspects les plus profonds de notre être. L'émotion ne nous empêche pas d'être tranquille ; au contraire, c'est elle qui nous amènera à la tranquillité. C'est la tension du corps qui va permettre la prise de conscience de ce qu'est vraiment la détente. Dans cette détente, la tension apparaît et nous révèle à son tour la détente, elle nous permet de constater ce qui est libre en nous. Ce cercle est le coeur de l'approche tantrique.
Dans le yoga classique, l'émotion, la tension est rejetée. Ici, c'est le contraire : tout ce qui est ressenti nous amène à cette tranquillité. Cela demande une plus grande subtilité (…)

Eric Baret - Corps de vibration, corps de silence - Editions Almora




"Par les mouvements de flux et de reflux
et l'équilibre de la vie.
La nature essentielle irradiant l'existence
est l'adorable Un.
Puissent tous les êtres percevoir avec un esprit subtil
la splendeur de l'éveil de la conscience."

Deva Premal - "Essence"


lundi 17 mars 2008

Richard Moss - Miroir ... où nous ne regardons que nous mêmes

"Le Papillon noir " est un des premiers livres de Richard Moss, où il retrace son propre processus de changement intérieur et d'éveil de conscience. Cet extrait est touchant de sincérité en nous livrant son regard lucide sur ses manières égotiques et narcissiques d'être en relation avec le monde et les autres.

www.richardmosseurope.com


"Je vis défiler devant moi, une à une, toutes les visions que je m'étais forgées, et même les plus nobles d'entre elles - ma carrière de médecin, mes travaux sur la guérison et l'enseignement que je dispensais - s’avérèrent n'avoir été qu'égoïsme fondamental, en vue de construire ce «moi ». C'était moi cherchant à me créer moi-même (l'ego créant une identité) sans jamais, ne fût -ce qu'un instant, avoir le moindre élan désintéressé sincère, véritable. Il fallait que l'on ait besoin de moi.

... J'avais inconsciemment besoin de la maladie d'autrui pour justifier le médecin et le guérisseur. Bref, tout ce que «je» vivais (humeurs, fantasmes, espoirs, craintes, tous mes travaux et plus particulièrement ma quête d'une conscience supérieure) servait à me créer «moi» : autant de formes de narcissisme, autant de façons de nier le Divin.
Le plus difficile dans tout cela était d'admettre que jamais je n'avais aimé qui que ce fût pour lui-même. L'amour que je croyais avoir éprouvé n'était que la plus puissante des forces de définition de soi, la manière la plus habile de me justifier. Jamais ceux que je dis aimer n'avaient véritablement compté pour moi. Seule importait la façon dont je pouvais me reconnaître à travers eux. Je comprenais pour la première fois que le narcissisme n'est pas une simple vanité, mais qu’il est l'essence même de la conscience sujet/objet. Nous ne recherchons à l'extérieur qu'un miroir qui puisse refléter notre vie, où nous ne regardons que nous mêmes."

Richard Moss - Le papillon noir - Editions J'ai Lu



samedi 15 mars 2008


Fais un pas d’ombre

Transparente
Fais un pas sans images
Descends les marches
Et ne fais plus de pas dans la présence de la lumière.

Henri Bauchau
La pierre sans chagrin - Actes Sud



Thierry Vissac - Là ou est l'ego n'est pas l'Amour

Un point de vue complémentaire, dans cette recherche qui est la mienne .. la vôtre ? de ce grand mystère nommé l'Amour...

www.istenqs.org

Nous acceptons de voir que le couple est un arrangement personnel, que le fait de recevoir ce que nous en attendons est la garantie de sa survie et que l'Amour en est généralement absent, à moins que cesse l'empire de l'ego dans cette forteresse quasi impénétrable. Nos rêves d'âme-sceur sont les résurgences de l'Appel de l'Unité qui est nié par l'acte séparateur de l’ego, par son attente, son exclusivité.
L'intensité d'une relation n'est pas la «preuve» de l’Amour. Une passion peut nous emporter dans des extases et parfois même des ouvertures passagères mais, hors de ces moments privilégiés pour la petite personne, l'attente reprend ses droits et le potentiel de Communion est le plus souvent altéré par la pression de l'attente. C'est aussi la raison pour laquelle les «débuts» d'une relation d'affection sont souvent plus ouverts, parce que l'attente ne s'est pas encore imposée tout à fait. C'est aussi pourquoi l'ego qui ne se tempère pas, par raison, aime instinctivement changer de partenaires parce qu'il connaît le poids qui s'installe dans l'attente (qu'il crée lui-même).
Là ou est l'ego n'est pas l'Amour. Là où il y a « quelqu'un », il y a un « autre », et là où il y a « un autre », il y a une attente à combler, et là où il y a une attente à combler, il y a un ennemi potentiel et l'Amour est déjà bien loin.
Nous pouvons donc reconnaître simplement que nous nous nourrissons de l'autre dans la relation personnelle, l'affection, (cela est également vrai d'une mère avec son enfant) mais que cette nourriture est éphémère. La Communion, l'Amour, tolère la distance physique parce qu'il a été Vu que la substance de l'Amour n'est pas contenue dans le «contact», dans «l'autre», mais qu'il peut être indifféremment reconnu à tout moment, en toute personne, quelle que soit la distance, quels que soient les intérêts ou manques d'intérêts que l'ego peut y trouver.

Thierry Vissac - Extrait

Osho - La vérité est là, déjà...

Un extrait évoquant le mensonge que nous pouvons entretenir avec nous même et les autres, par peur de se confronter à la vérité. J'aime pouvoir aussi remplacer le mot "mensonge" par "illusions ; histoires ; croyances ..."


La vérité est dure, gênante, désagréable. Mentir, c'est exactement comme descendre, vous avancez sans peine, le pied léger. La vérité, c'est grimper, monter, c'est difficile, ardu, vous transpirez, ce n'est pas agréable. Les mensonges sont pratiques, commodes, car vous pouvez les fabriquer, vous pouvez les inventer. Vous pouvez vous inventer un mensonge à votre mesure, mais vous ne pouvez pas inventer la vérité. C'est là le problème, la difficulté. Vous pouvez inventer des mensonges : tout comme vous allez chez un tailleur et il vous fait un habit, vous pouvez vous fabriquer des mensonges comme des habits, à votre taille. Mais la vérité ne va pas s'ajuster à vous, vous ne pouvez pas l'inventer : il vous faudra vous ajuster à la vérité, il vous faudra vous tailler vous-même. La vérité ne peut pas être taillée comme un habit ; pour vous ajuster à la vérité, vous devez changer. Les mensonges, c'est magnifique, parce que vous n'avez pas besoin de changer, vous changez simplement le mensonge et il vous va. Il est très confortable, il se colle à vous, il ne vous force jamais à changer, vous pouvez demeurer statique, stagnant. Le mensonge est toujours avec vous, jamais contre vous.
Les mensonges sont très confortables, ils se collent à vous, ils vous protègent de la vérité. … Tout ce que vous avez, ce sont vos rêves, tout ce que vous avez, ce sont vos mensonges, et quelqu'un vient et lance une vérité... Il n'y a dès lors que deux possibilités : ou bien vous êtes prêt à vous effondrer complètement, ou bien vous lancez des pierres à cet homme, car en lui jetant des pierres, vous empêchez sa vérité de détruire vos mensonges et vous pourrez à nouveau vivre dans vos mensonges.

Et la vérité, elle, ne s'occupe pas de vous : si vous voulez être sincère, vous devez vous changer vous-même. La vérité ne peut être inventée, elle doit être découverte, elle est là, déjà.

L'Evangile de Thomas - Commenté par Osho - Editions Le Relié Poche


jeudi 6 mars 2008




Partir, dit-on, c'est mourir un peu.

Mais partir d'où, pour aller où, et qu'entend-on par « mourir un peu» ?
Comment le verbe mourir peut-il s'accommoder d'un adverbe de quantité
alors qu'il désigne un événement à chaque fois unique,
définitif, absolument inquantifiable ?

Il en est du verbe mourir comme du verbe aimer :
leur adjoindre un adverbe de quantité, d'intensité ou de manière
revient à en moduler le sens de façon radicale, l'air de rien.
« Il m'aime. Elle m'aime. Je t'aime un peu, beaucoup,
passionnément, à la folie... pas du tout ",

scandent les amoureux sur un ton enjoué en effeuillant des marguerites.
Mais la désinvolture n'est qu'un masque,
le jeu s'avère bien plus sérieux qu'il n'y paraît

car l'enjeu est extrême en vérité ; il en va présentement, ardemment de l'amour.
On y risque son cœur, sa joie, son plus vif espoir.
L'amour, la mort : on ne badine ni avec l'un ni avec l'autre.
Effeuiller le verbe mourir ainsi qu'une fleur des champs
c'est mettre à nu son propre coeur, ses pensées, son espérance.

Que tes Pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince! (...)
Dans ton élan tu ressembles au palmier.
Cantique des Cantiques

Sylvie Germain - Mourir un peu

Andrew Cohen - L'abandon

La lecture des ouvrages d'Andrew Cohen apporte un point de vue pouvant être perçu comme assez extrémiste, de part son "ton" d'écriture. Dans ces extraits, il propose un regard intéressant sur cette qualité si lointaine parfois à accueillir que celle de l'abandon, au vu de toute la morale et préjugés qui peuvent y être rattachés et aussi de la saisie de l'égo qui nous laisse si rarement nous "jeter de la falaise...".

www.andrewcohen.org/fr


La notion d'abandon, de soumission, déplaît à beaucoup car ils ont l'impression qu'elle représente un esclavage. Ils oublient que c'est parce qu'ils se sentaient esclaves qu'ils ont recherché la libération en premier lieu. Le mental considère le concept d'abandon, de soumission comme inacceptable parce que c'est un concept sans demi-mesure, absolu et intransigeant.
L'abandon, la soumission, signifie simplement que l'on cesse de s'assujettir à ce qui est le non-Soi ou autre que Soi, que l'on cesse de s'assujettir à ce qui est irréel, mensonger, faux et illusoire. Tôt ou tard, quiconque désire être libre verra qu'à l'évidence il n'existe pas d'autre alternative et pas d'autre moyen. Au bout du compte, toute pratique spirituelle est orientée vers la soumission et l'abandon.

L'abandon a lieu quand vous arrivez au point où vous n'avez plus le choix. Vous ne pourrez comprendre en quoi consiste l'abandon aussi longtemps que vous continuerez à vous efforcer de renoncer à quelque chose ou d'atteindre quelque chose. Quand vous réalisez cette absence de choix, vous découvrez un état qui est comme une chute libre, ou un endroit qui n'est situé nulle part. Au-delà de toutes les possibilités, il n'est plus question de ce qu'il faut faire ou ne pas faire, de ce qu'il est ou non possible de faire. On a réalisé un lieu au-delà de toutes possibilités. La réalisation directe de ce lieu, de cette perspective, de cette absence absolue de choix, est la véritable réalisation de l'abandon.
Quand, vous étant jeté de la falaise, vous vous trouverez en pleine chute libre, que vous ne verrez plus la falaise au-dessus et que vous aurez perdu tout souvenir du sol en-dessous, vous comprendrez en quoi consiste l'abandon. Vous ne pourrez vraiment comprendre le sens de l'abandon qu'après avoir sauté et vous être retrouvé en chute libre, pas un instant avant.
C'est seulement quand vous vous trouvez dans l'état même de l'abandon que vous pouvez comprendre de quoi il s'agit en réalité. Vous ne pourrez comprendre en quoi consiste l'abandon si vous désirez quelque chose, fût-ce la libération. L'abandon n'existe de lui même, ce n'est pas quelque chose que vous pouvez faire. .

L'abandon vous conduit, au-delà de ce que vous pouvez comprendre, directement à ce que vous pouvez connaître, mais jamais comprendre. Au-delà de la compréhension signifie au-delà du mental, au-delà de l'ego, au-delà de toute référence. La reconnaissance, la réalisation et l'acceptation de cela qui est au-delà de la compréhension constitue l'abandon. L'abandon rend nulle et non avenue toute stratégie que le mental peut vous suggérer pour vous mener au-delà de lui-même. Aucune stratégie ne peut atteindre ce qui est audelà du mental, hormis celle de renoncer à toutes les stratégies quelles qu'elles soient. Voilà en quoi consiste l'abandon. Cela même qui est à jamais au-delà du mental et de l'ego représente toujours le défi ultime pour le mental et l'ego. Voilà pourquoi l'abandon, la soumission, est le défi ultime. C'est dans la perspective de ce défi que l'ensemble de ce qui se joue sur la scène de l'existence devient profond et fascinant.

Andrew Cohen - L'éveil est un secret - Les Editions de Relié

lundi 3 mars 2008


Juste se mettre en relation avec la beauté.

Contemplation




La maturité se manifeste lorsque vous interrogez la vie
et que vous vivez avec la question,
sans interprétation ni conclusions.
A un moment donné, la question se dissout dans la réponse,
d'où elle provient.
Dans la question se trouve le pressentiment de la réponse.

Jean Klein


Daniel Odier - Pratiquer sans espoir...

Un extrait d'un très beau texte tantrique écrit au IXè siècle et traduit par Daniel Odier. Le titre "Un chant du Frémissement" est en lui même déjà toute une promesse ...

www.danielodier.com

Pratiquer sans espoir est très beau, parce que nous ne fabriquons rien : nous sondons l'intérieur, la conscience et les sens. Tout est destiné à la reconnaissance de notre état merveilleux. L'idée de pratiquer la méditation pour obtenir l'éveil nous quitte et tout devient spontané. La spontanéité est capitale dans la quête, car c'est la compréhension profonde que toutes nos capacités, prêtes à se déployer, attendent qu'on les reconnaisse. Il n'y a rien de particulier à faire. Nous reconnaissons tout en nous-mêmes.
Toute la quête tantrique est dirigée vers l'intérieur par une attention qui féconde les traces latentes. En considérant la voie de cette façon, nous ne serons jamais frustrés, jamais angoissés par l'idée de ne pas être conforme. Nous ne penserons plus sans cesse qu'il nous manque des qualités subtiles pour arriver à ce que tout se manifeste totalement. Nous découvrirons qu'il n'y a rien d'autre à faire que de reconnaître. Tout se met alors à fourmiller, à frémir, à établir des connections.
C'est seulement notre ignorance de l'essence qui nous empêche de toucher la plénitude. Dès que nous nous penchons plus profondément, nous découvrons tous ces trésors. Ils émergent comme s'ils attendaient depuis des siècles. C'est une très belle manière de voir l'être humain. Une énorme confiance se développe soudain entre maître et disciple car l'idée que l'un va faire quelque chose pour l'autre meurt. Les rapports deviennent naturels, il n'y a plus cette attente phénoménale de la part du disciple qui espère récolter quelques bribes de la puissance du maître en le regardant passer ou en effleurant le bas de sa robe. Il y a deux êtres humains. L'un aide l'autre seulement parce qu'il lui montre qu'il est libre et lui donne les indications lui permettant de faire cette découverte extraordinaire par lui même.
Tout est là, merveilleusement présent, prêt à éclore. Ce n'est qu'une question de se donner l'espace pour reconnaître cette puissance.

Daniel Odier - L’incendie du cœur, un chant tantrique – Le Relié Poche

dimanche 2 mars 2008

Swami Vivekananda - Unité avec ce merveilleux Impersonnel

Dans cette traversée intérieure où je touche la profondeur du désespoir, la mienne et celle de tous les êtres, où je me laisse bouleverser et sans aucune résistance ; dans cette humilité, cette vulnérabilité et cet abandon à ce qui est ; en me sentant dans la connexion et le bain de ce tout d'amour Impersonnel, je suis libérée de cette souffrance. Le cœur de la souffrance est aussi celui de sa libération. Ouverture sensible. Révélation. Il n'y a rien à faire que s'incliner et recevoir.


Chacun de nous n'est autre qu'une manifestation de l'Impersonnel,
fondement de tout Etre.
La souffrance vient lorsque nous nous considérons différent
de cet Etre infini, Impersonnel.
La libération vient lorsque nous prenons conscience
de notre unité avec ce merveilleux Impersonnel.

Swami Vivekananda


samedi 1 mars 2008



"Avons nous la patience d'attendre que nos impuretés se déposent
et que l'eau redevienne claire ?
Pouvons nous rester tranquille
en attendant que l'action juste s'élève d'elle-même ?"

Tao Te King


J'ai dit à mon âme, tiens toi tranquille,
et attends sans espoir

Car l'espoir serait un espoir qui se trompe d'objet ;
attends sans amour

Car l'amour serait un amour qui se trompe d'objet ;
il reste pourtant la foi

Mais foi, amour, et espoir sont tous attente
Attends sans pensée, tu n'es pas prêt pour la pensée
Alors les ténèbres seront lumière, et la quiétude une danse.

T.S.Eliot, poète américain