mercredi 30 décembre 2009

Le raffinement de l'Ego



L'ego est une énergie qui nous permet de focaliser l'attention sur une situation à résoudre, soit pour nous adapter à une configuration donnée, soit pour permettre de développer une habitude ou une qualité appropriées, ou encore de dissoudre un conditionnement inadéquat. L'ego n'a pas d'identité propre et a tendance à s'identifier à tout ce à quoi il s'attache. Il évolue et erre longtemps d'une identification à l'autre, au fur et à mesure de l'évolution de notre compréhension et de nos motivations. L'ego n'est pas mauvais en soi, il est nécessaire et utile, il a simplement besoin d'être éduqué. En éduquant et raffinant l'ego, nous pouvons lui faire adopter d'instinct l'attitude juste. Alors l'ego retourne s'unir au Soi.

La tradition tantrique représente le principe de Désir par un «linga», un phallus érigé. L'ensemble de nos motivations procède de trois grandes perspectives, appelées traditionnellement les trois Lingas.

Le premier linga gère notre vie matérielle et se montre fondamentalement égocentrique. Le second linga vise à pouvoir, par un don de soi inconditionnel, prendre soin des autres pour les aider à s'épanouir, se consacrer à une cause vitale au service de la planète, ou du plan divin. Le troisième linga cherche à reconnaître, au-delà de la perception sensorielle du monde extérieur, par le discernement et l'intuition contemplative, la Réalité Une d'où procèdent les multiples aspects de la manifestation, et à s'y unir.

Les désirs égocentriques du premier linga se basent sur la recherche de sécurité, le désir d'échanges et de relations interpersonnelles, le désir de pouvoir personnel. L'énergie de l'ego se développe initialement pour conditionner l'intelligence à résoudre les besoins et les aspirations de la vie quotidienne sur le plan matériel, relationnel, et social.
L'ego du premier linga recherche la gratification, et son intérêt personnel, sans égards pour ceux qui l'entourent. Dans l'échange avec les autres il veut toujours être le gagnant. L'attitude égocentrée clame : «C'est moi qui ai fait cela, c'est à moi, c'est moi qui sais». L'ego a l'impression qu'il contrôle tout. Ce faisant, il se constitue dépendant de ce à quoi il s'attache, ce qui le rend vulnérable, et engendre de la souffrance, pour lui et l'entourage.
L'ego du premier linga aime être traité royalement et requiert l'attention (exclusive) de tous. Il a toujours tendance à se sentir spécial et supérieur aux autres. Si quelque chose ne se présente pas comme il veut, c'est de la faute des autres ... Quand il se prend trop au sérieux, il lui devient difficile de partager avec d'autres l'attention reçue, le savoir, les possessions, la reconnaissance, ou l'amour - cela le rend susceptible, coléreux, possessif, jaloux et vulnérable ... L'ego du premier linga se laisse facilement captiver par ce qui brille à l'extérieur et se valorise par ses avoirs, par ce qui se voit. Il investit beaucoup d'énergie dans l'espoir d'être reconnu. Il est très attaché au passé. Or tout cela n'est pas éternel, ou même pas réel, c'est donc insécurisant. Il met l'accent sur ce qui sépare, ce qui le distingue des autres, portant sur eux des jugements de valeur déformés par ses peurs, ses attirances et ses habitudes figées qui pensent pour lui. Il ne sait regarder la vie qu'à travers le lorgnon de ses illusions, et comme il est incapable d'avoir une juste évaluation de ses comportements, cela lui attire de la souffrance.
La conscience d'une perspective supérieure le libérerait de cette souffrance, résultant de ses attachements, de ses conditionnements désuets, et lui rendrait la vie plus savoureuse, harmonieuse et lumineuse. Mais à la longue, usé par ses passions, il n'a plus la force de comprendre, de s'adapter, d'innover, et vieillit gâteux.
C'est l' éveil de l'amour inconditionnel qui permet à l'ego du premier linga de se mettre à distance de ses attachements et des souffrances qui en résultent. Dans l'amour conditionnel il y a encore de l'attachement, dans la mesure où l'on en attend quelque chose en retour.

En revanche, l'amour inconditionnel donne le meilleur de soi, sans rien attendre en retour, pour permettre le meilleur de l'autre. Dans la perspective du premier linga, ce serait là trop de sacrifice. Mais pour l'ego du second linga c'est naturel : le mot de sacrifice ne lui vient pas à l'idée. L'amour inconditionnel devra s'appliquer à soi d'abord. Quelqu'un qui ne s'accepte pas soi-même de manière inconditionnelle et avec bienveillance ne saura pas en aimer un autre. Dans la perspective du second linga, l'ego cesse de se prendre pour celui qui fait, qui sait.
C'est pourquoi les préférences et les attachements personnels peuvent s'amoindrir et se dissoudre, ce qui rend plus facile l'observation de soi. On devient moins susceptible, moins vulnérable, moins inquiet. On s'occupe moins de juger les autres et plus de s'ajuster soi-même. Peu à peu se développent l'empathie, la compréhension du point de vue de l'autre, la compassion, l'humour bienveillant, la patience, la révérence ...
On devient capable, en communiquant avec les autres, d'éviter de les bloquer, capable de leur faire comprendre leur intérêt et l'intérêt communs. La créativité se libère, pour trouver le moyen le plus habile et adéquat pour les éveiller à une perspective supérieure et plus spacieuse de la vie. Cette recherche est une bonne occasion de s'affiner soi-même.
Quand le second linga devient prédominant dans les stratégies de l'ego, les sens ne se développent pas seulement vers l'extérieur, mais aussi vers l'intérieur, c'est à dire de manière intuitive : sentir intuitivement où se situent l'attitude juste, ou comment l'autre réagit ...
La distinction entre celui qui perçoit, l'objet perçu et la capacité de percevoir s'amenuise. Le sens de la communion se développe. La perception sensorielle extérieure ne suffit plus. La perception intérieure intuitive nous rapproche du troisième linga.

Ce n'est qu'au troisième linga, que surgit le désir de transcender le monde empirique de la dualité, et d'entrer en communion avec le Soi divin. Le sens du service envers les autres a été bien développé, et les dettes karmiques payées. L'ego n'a maintenant plus qu'un objectif : élever son niveau vibratoire et découvrir le Soi, sur lequel il focalise toute son attention. Il cherche à pénétrer des couches de plus en plus fines de la pensée et de la perception intuitive, en exerçant son discernement et en pratiquant la méditation. Tout le reste n'a pour lui que peu d'intérêt.
Parfois un ou plusieurs lingas sont actifs dans la même personne. La perspective du linga supérieur permet de mieux ajuster le jeu de l'ego dans le ou les registres inférieurs.
De là naît le sens de la communion, dont la plus haute, l'ineffable expression, est la rencontre avec le divin. Alors, les ego des trois lingas, suffisamment intelligents, perceptifs et affinés, mettent leur énergie au service de la Kundalini Shakti, laquelle peut ainsi s'éveiller et s'élever du premier au septième chakra pour s'unir à Shiva, la conscience divine.


Extraits d'un texte lu sur Internet



mardi 29 décembre 2009

Placide Gaboury - Inviter la grâce


Placide Gaboury est québécois, chercheur spirituel, écrivain.


La méditation n'est pas une discipline à laquelle on astreint son corps, mais une ouverture par laquelle on laisse la vie conduire l'être. Car tout ce que l'on fait, finalement, c'est répondre à une invitation...

Le peu de transformation spirituelle que j'ai connue dans ma vie est venue non pas de mes efforts pour atteindre l'Absolu mais de l'invitation discrète de la grâce. C'est la Source de Vie, l'Esprit, la Conscience éternelle - peu importe l'appellation - qui attire, guide, éclaire et fortifie. Dans le domaine spirituel, on ne fait pas pression sur le Divin au moyen de pratiques volontaires ou d'efforts concertés : on ne force pas la main de Dieu. Par conséquent, il n'est pas question qu'on décide de méditer comme on déciderait de prendre un cours de dactylo ou de danse à claquettes! Ce n'est pas une activité purement décorative, une «occupation» divertissante.

La Vie est un courant absolument libre qui nous emporte sans nous consulter, sans nous dire où mènera le mouvement. Nous y avançons de nuit pour ainsi dire, presque à notre insu. C'est toujours la grâce qui nous touche et c'est à partir du moment où l'on est touché que naît le goût de méditer. La méditation n'est donc pas un programme personnel d'épanouissement, mais une éclosion de la sensibilité, une ouverture de l'être, un regard où il n'y a plus personne qui regarde.

La grâce nous invite de la même façon qu'elle invite quelqu'un à devenir musicien. Un violoniste de très grand talent a reçu un don musical, un appel, un attrait irrésistible, qui lui fournit en même temps la motivation, l'énergie, le goût de travailler plusieurs heures par jour, jusqu'à ce qu'il soit devenu musique. S'il est tant soit peu conscient, il saura que c'est le don qui fait l'essentiel, auquel lui ne fait que répondre. Jamais on ne devient violoniste par volontarisme : il y manque ce qui ne peut s'obtenir, le don.

En elle-même, la vie spirituelle n'est ni orientale ni occidentale, elle est hors du temps et libre des modes. Mais les techniques d'éveil apparues au cours des âges ont pris naturellement les traits des diverses cultures qui les avaient élaborées. Ainsi parlera-t-on d'une méditation védique, bouddhiste, juive, soufie ou chrétienne. Pourtant il y a une attitude que l'on y retrouve comme un commun dénominateur. En effet ....

La méditation n'est pas
de la réflexion : repasser en son esprit un thème tel que la mort ou l'orgueil fixe en nous des pensées et des émotions qui s'incrustent de plus en plus dans la mémoire, nous empêchant de couler avec la vie et de lui être complètement ouvert. La pensée cherche la sécurité, alors que le corps vit dans l'insécurité. Il est donc tentant de fuir celui-ci. C'est ainsi que la plupart des chrétiens, au lieu de connaître la méditation, ont pratiqué la réflexion qui fuit naturellement les sensations pour fixer les pensées, empêchant par le fait même toute intégration du vécu et toute présence à ce qui est. La vie spirituelle était ainsi perçue comme une fuite du monde matériel et physique, et le Divin, comme une réalité en dehors de soi que l'on atteint en refusant tout le reste. On vivait séparé de soi et donc de la Source.

La méditation n'est pas de la concentration : la concentration est un instrument mental orienté vers quelque chose à atteindre, à obtenir. Elle a une certaine valeur. On peut l'utiliser pour «détendre les nerfs, apaiser une psyché perturbée, créer un équilibre chimique dans le corps, et finalement éveiller les pouvoirs latents de l'esprit et provoquer des expériences non sensorielles». Attardons-nous à ces pouvoirs qui ouvrent sur le monde astral et occulte. Cela peut se faire par une forte concentration ou une excitation de la kundalini et des chakras.

La méditation n'est pas de la thérapie : parmi les effets de la méditation, il y a évidemment le bien-être physique, la clarté de l'esprit et le sentiment d'être plus centré, plus intégré. Pourtant, aucun de ces effets n'est recherché en lui-même. La méditation n'a pas de but, elle n'est pas un acte concerté mais une attitude de l'être, une présence à la vie, sans esprit de gain, sans attente. Du reste, avec le temps, la méditation se distingue de moins en moins de l'action : elle infiltre la vie quotidienne, guérissant de la peur qui nous sépare de tout et qui pousse le mental à chercher la sécurité en nommant et fixant tout ce qu'il touche pour se protéger de l'inconnu qu'est la vie.
Par ces bienfaits non recherchés, oui, la méditation est une thérapie, mais non directive, non motivée par le désir de s'améliorer, de corriger les défauts, de se perfectionner, de jouir davantage ou de créer un bien-être à tout prix. La vie méditative guérit de l'illusion d'être quelqu'un, d'être au contrôle. C'est justement l'absence d'ego qui énergise et épanouit.

La méditation n'est pas de la psychologie : les psychologies classiques, de même que les récentes, pour la plupart, n'ont rien à voir comme telles avec la vie méditative. Etre «plus normal» ou «mieux adapté» ne libère pas de la préoccupation d'être quelqu'un, d'être important, d'être celui qui agit et réussit. Je ne dis pas que les techniques de visualisation et les suggestions pour débloquer les refoulements ne soient pas utiles à une personne grevée d'un lourd passé. Mais la relaxation, l'épanouissement émotif, la libération de ses complexes ne transforment pas le regard, ne créent pas l'ouverture, ne libèrent pas de la peur qui va toujours se chercher d'autres fuites ou d'autres boucliers.

Exprimer tout cela, par la parole ou le cri, ne libère pas. C'est le regard, l'ouverture sans jugement et sans attente vis-à-vis de toutes ces choses et de toutes ces pratiques qui seuls libèrent. Dans la mesure où, par ces méthodes, on s'acharne à atteindre le spirituel, on vit dans la tension en violentant le corps. Elles demeurent au service du petit «je» qui refuse d'être mené par la vie. On se convainc que l'éveil spirituel est une question d'acharnement personnel, de pression exercée sur ce que l'on n'aime pas dans son corps ou son vécu et que l'on veut expulser, enrayer de force. On croira même «avancer» en jeûnant, en mangeant végétarien, en prenant les poses méditatives consacrées, en cultivant la pensée positive, en se retirant à la campagne ou dans un lieu désert loin du bruit.

Tout cela peut être utile - surtout la pose du lotus, mais c'est une conséquence, non une condition. On voudrait obtenir ou atteindre le silence, la transformation, la pureté d'origine. Mais on a oublié la grâce, le don, la liberté de l'Esprit.

Ce qu'est la méditation: une sensibilité au présent.

En effet, la méditation n'a pas lieu dans le mental mais dans la sensibilité. L'attitude ou la vie méditative est une sensibilisation à l'égard de tout le vécu que contient le corps. C'est une écoute, un regard sans prise ni fermeture : il n'y a rien à refuser, rien à obtenir. C'est un mouvement qui déracine la peur et rend familier tout ce qui se présente. Je dis bien que c'est un mouvement, car cela pousse à interroger, à observer, mais en même temps, il n'y a rien que l'on veuille, il n'y a pas de cible, seulement un accord avec tout ce qui bouge. C'est le silence qui émerge dans le corps, un silence qui n'est pas absence de bruits, mais d'attaches et d'attentes. Absence de toute cette volonté propre qui exerce continuellement son pouvoir fasciste sur la vie. La méditation est nue et ouverte. Elle est vide de savoir et de sécurité. On ne fait qu'écouter, voir, goûter.

Non seulement «la méditation ne peut naître d'aucune activité mentale» (Thakar), mais elle est le silence du mental et de la mémoire. Silence qui est la sensibilité de tout l'être. Seul le silence mental permet l'écoute, la sensibilité.

A mesure que l'observation neutre se développe en nous, elle accueille tous les niveaux de l'expérience. Cela se manifeste par une attention progressive au corps, c'est-à-dire aux diverses sensations - lourdeur, légèreté, épaisseur, fluidité, tension, chaleur, ainsi qu'aux couleurs, aux odeurs, aux sons et aux sensations du toucher. L'observation peut se porter également sur les émotions qui se manifestent toujours dans des sensations. Il s'agit de les accueillir sans jugement, ni refus ou apitoiement, ne voulant ni les changer ni les détruire. Pas de théorie, d'intention, pas d'analyse pour en connaître les causes, mais un regard de tendresse et d'amour. On n'écoute pas le corps pour ensuite y changer ce que l'on n'aime pas par un barrage de visualisations et d'affirmations. On peut observer le flot de pensées mais sans s'y fixer, sans vouloir s'en servir dans ses projets d'avenir. En pratiquant cela, on verra que les domaines mental et émotif ne sont pas autre chose que le corps, en ce qu'il est chargé de mémoire. Le mental, c'est le cerveau qui est même, pourrait-on dire, le corps entier.

Le regard méditatif, qui est le silence de la Source en nous, habite l'activité du jour comme l'inactivité de la nuit. A mesure que l'attitude méditative s'imprègne, l'action est moins agitée, moins «agie par moi», l'avidité est moins forte et le besoin de sécurité moins pressant. On a cessé de se prendre pour quelqu'un.

Se produisent alors simultanément «la relaxation du sommeil profond et la vigilance consciente des heures de veille». C'est en réalité le sommeil profond qui donne le goût de méditer, fait remarquer Eric Baret : il nous attire vers la Source. «Si, dans le sommeil profond, vous n'étiez pas complètement libéré de l'asservissement à la conscience personnelle, vous ne seriez pas rajeuni après avoir dormi» (Thakar). Le renouveau d'énergie serait lié non pas tout d'abord au régime alimentaire ou à l'exercice, mais à l'absence d'ego!

Placide Gaboury - Texte extrait sur Internet -


lundi 28 décembre 2009

Mysticism "Conflict with the Red Rose" par Dakota Photography
Plus nous progressons,
plus nous nous donnons à l'évidence
que l'univers est divin...


lundi 14 décembre 2009

Jacques Ferber - La voie d’Eros...



La femme accueille l’homme en elle et, dans sa polarité yin, s’ouvre à la puissance de l’homme. Son sexe est la coupe, le Graal des chevaliers, celle qui appelle et reçoit l’autre en elle. Le sexe de l’homme est un bâton qui vit à l’extérieur, et en tant que tel constitue le trait d’union entre les deux. La coupe appelle le bâton, le bâton a besoin de la coupe. Lorsque l’union s’accomplit la femme reçoit et l’homme donne par son sexe.

On croit souvent que l’homme “prend” la femme, et c’est souvent ce qui se passe. Mais lorsque l’union est véritable, lorsque l’acte d’amour constitue la rencontre totale des corps, des cœurs et des âmes, l’homme ne prend plus la femme: il lui fait don de sa puissance. Et son sexe est alors l’émetteur de cette énergie sexuelle, qui passe dans le sexe de la femme et qui allume la poudre du désir chez la femme.

Quand l’union est vraiment réalisée, le cœur de l’homme, qui est de polarité yin, peut recevoir l’amour de la femme qui donne naturellement son amour à l’homme, et l’énergie relationnelle de la femme passe de son coeur à celui de l’homme qui est ainsi rempli de l’amour de la femme, comme celle-ci l’est de l’énergie sexuelle de l’homme. Il s’ensuit une boucle énergétique qui unit les deux êtres, ouvre leur âme et leur fait accéder à la transcendance.

La rencontre amoureuse, si elle est ainsi faite en conscience, dans le sacré et l’ouverture à l’autre est alors l’une des voie les plus puissantes d’éveil... C’est la voie d’Eros...

Faire l’amour intensément, ce n’est pas jouer les jeux olympiques du sexe en contrôlant ce que l’on fait pour être plus “performant”, mais s’unir au niveau des énergies du corps, du cœur et de l’esprit. Lorsque l’union est intense, les gestes ne sont plus contrôlés. Le rythme est variable, parfois frénétique, parfois aussi lent et léger qu’une plume. Tout se passe comme si les corps n’étaient plus contrôlés, comme s’il n’y avait plus de “moi” pour maitriser et comme si les corps étaient “agi” de l’intérieur par cette pulsion de vie liée au mouvement énergétique qui relie l’homme et la femme en une danse cosmique. Les mots alors ne peuvent plus décrire ce qui se passe. On entre dans le domaine de l’ineffable, ce qu’on traduit par les qualificatifs de “magique” ou “cosmique” tout simplement parce que les mots n’arrivent plus à rendre compte de l’expérience vécue. Dans cette union, c’est la pénétration qui transforme si on sait accueillir l’énergie pénétrante de l’autre, si la femme sait accueillir la puissance sexuelle de l’homme et l’homme la puissance d’amour de la femme.

Pour un homme, parvenir à cet état de réceptivité, est souvent précédé d’une lutte initiale avec le mental, et résulte d’un grand travail pour aller au delà de l’ego.. Pour la femme, c’est beaucoup plus simple. Elle connaît intuitivement (si elle a une sexualité épanouie) l’attitude à adopter pour s’ouvrir intérieurement et accueillir l’autre en soi. Il s’agit simplement de se connecter à son centre, et d’aller au plus profond d’elle-même, en s’ouvrant dans un relâchement total.... c’est à dire en se dissolvant et en s’unissant à l’autre..

C’est en allant profondément dans l’accueil, la réception, le relâchement, que l’effet extatique d’union cosmique se produit. Comme le disent les mystiques: “il n’y a rien à faire” et même “faire” devient un obstacle à cette expérience. Dès que l’on cherche à faire, l’extase disparaît, le sentiment de reliance avec les autres et l’univers disparaît, le cœur se ferme. C’est uniquement dans l’accueil, dans la dissolution du moi que s’effectue cette transformation dont on n’est pas maître. C’est donc en allant profondément dans son féminin que la femme vit “naturellement” l’expérience du divin. Plus elle à confiance en son compagnon et plus elle le sent présent à elle, plus elle peut aller profondément en elle, vers son être profond, plus elle se connecte avec son intériorité physique (sa “grotte sacrée”) et psychique, son âme, plus elle peut recevoir la puissance de son partenaire, plus elle peut faire l’expérience de cette union qui s'exprime à la fois vis à vis de l'univers, mais aussi vis à vis de son compagnon. C'est alors la réelle Union Cosmique, où l'homme et la femme ne font plus qu'un, et eux-mêmes ne font qu'un avec l'univers.

“Devenez comme un bambou creux, sans rien à l’intérieur
alors les lèvres du Divin sont sur vous,
le bambou creux devient flûte et le chant s’élève,
c’est le chant du Mahamudra.”


Jacques Ferber - Extrait de son site www.sexespi.com




mercredi 9 décembre 2009


Découvrir notre cœur comme il est réellement,
non seulement tendre et aimant,
non seulement innocent et joueur
mais aussi sage, sans peur
invincible et éveillé.

Alors le monde peut devenir notre rose.

En ouvrant le cœur au divin de la vie
et moins à la raison ;
nous contemplons la plus belle rose du rosier sauvage
de notre jardin d'âme.



lundi 7 décembre 2009

Day149-365 "Up, Up and Away" par saralonde


Denis Marquet - Pouvoir de la vie, puissance de la vie


Nous vivons au siècle de la volonté. Qu’est-ce que vouloir ? D’abord, se faire une idée de ce qui doit être. Ensuite, agir pour la réaliser. Vouloir : le mental s’oppose au réel pour s’imposer à lui. La volonté, c’est la pensée qui veut le pouvoir sur la vie.
Ce mode de fonctionnement est, à l’époque moderne, une telle évidence culturelle qu’il semble à l’être humain sa nature même. Mais nous rend-il heureux ? Tant que nous n’avons pas ce que nous voulons, par définition nous ne sommes pas heureux. Ainsi beaucoup d’entre nous vivent-ils en état de perpétuelle tension (donc de souffrance), orientés vers leurs Graals personnels qui sont autant de bonheurs pour demain. Mais lorsque tous les objectifs sont atteints, est-on pour autant heureux ? Dans ce retrait de la tension, on le sait bien, c’est la dépression qui guette. On y échappe soit en se donnant aussi vite que possible de nouveaux objectifs, soit en essayant de se convaincre qu’on est heureux (puisqu’on a tout pour l’être) tout en réprimant le mal-être qui nous hante - et l’industrie pharmaceutique nous offre pour cela une aide lucrative...

Pourquoi cette absurdité existentielle ? Parce que la sacrosainte volonté des modernes se moque éperdument du bonheur. Que cherche-t-elle ? Nietzsche et Heidegger l’ont bien diagnostiqué : le pouvoir, exclusivement. Plier la vie à l’idée qu’on s’en fait.
Or, notre idée du bonheur ne peut nous rendre heureux. D’abord parce qu’elle nous représente toujours le bonheur dans l’avenir, et entretient la croyance qu’il nous est impossible d’être heureux maintenant. Ensuite, parce qu’elle est en réalité fondée sur nos manques. Si notre pensée nous représente des buts à atteindre, c’est pour nous détourner de notre souffrance intérieure ; si elle veut le pouvoir, c’est pour nous protéger du manque. Mais, celui-ci étant en nous, aucun objet extérieur ne nous permettra jamais de le combler.
Cherchant à obtenir l’amour qui m’a manqué, je me dirigerai forcément vers des personnes semblables à celles qui n’ont pas pu me le donner ! De même, j’aurai besoin de toujours plus d’argent puisque celui-ci me renverra perpétuellement au manque de sécurité dont il a pour charge de me protéger.
Ainsi nous épuisons-nous dans une quête compulsive qui nous enferme dans notre souffrance. Enfin, notre idée du bonheur ne nous rendra jamais heureux, tout simplement parce que c’est une idée. Or, la vie ne se laisse pas enfermer dans une idée : elle résiste ! À poursuivre notre conception du bonheur, nous entrons en combat contre la vie.

Passant notre temps à tenter d’éviter ce qui ne cadre pas avec notre chère idée et à provoquer ce qui y correspond, nous menons contre les événements, les autres et nos états intérieurs une guerre perdue d’avance : la vie aura le dernier mot, puisque nous mourrons.

La clé pour être heureux : elle est double. Abandonner toute idée du bonheur. Renoncer au pouvoir sur ma propre vie. Ne prétendant plus savoir ce que les choses doivent être pour que je sois heureux, j’autorise la vie à me surprendre. Ne vivant plus en fonction d’une idée, je quitte la prison du mental et retrouve la saveur de mon corps et de mes ressentis. Cessant de prétendre imprimer ma volonté au cours des choses, je me détends et goûte un bien-être qui ne dépend de rien. Parfois, le destin détruit notre idée du bonheur et nous désespère de l’atteindre.

Et si c’était pour nous mener à la vraie félicité : le oui amoureux à la puissance de la vie, qui permet à celle-ci de s’exprimer librement à travers notre existence ?


Denis Marquet - Chronique Nouvelles Clés



vendredi 4 décembre 2009

Christian Bobin - D'abord, regarder ...



.... Tout est une question d’air et de respiration. C’est l’encombrement qui nous rend malhabile, et qui nous fait parfois, suffoquer. On a besoin de connaître des choses telles que l’ennui, le manque, l’absence, pour connaître la présence, la joie et l’attention pure. On a besoin d’une chose pour aller vers une autre.

... Je pense que c’est une souffrance que d’avoir tout à sa disposition, sans intervalles. On devient soi-même comme une chose au milieu des choses. Alors qu’on a besoin que certaines vitres de la maison soient cassées. Et que le vent entre ! Besoin de certains défauts, de certains manques, de certaines brisures, pour pouvoir respirer.

... Accepter l’irréparable. Le regarder. Le contempler en tant que tel. Ne pas chercher de consolations illusoires. Ne pas se précipiter pour venir en aide. Mais, d’abord, regarder, et si l’on est devant un mur, le voir. S’il est aussi haut que le ciel, le reconnaître. C’est quelque chose qui amène un profond changement intérieur. Cette « acceptation » n’est pas une résignation, mais une vue. C’est la vue qui guérit, la vision vraie. Pas l’illusion, même si parfois la vérité est que nous n’avons pas de solution. Mais le reconnaître, le formuler, change tout. Comme si savoir que la porte est fermée, et l’accepter, vous la faisait traverser ! Or, la racine de la vue, c’est la contemplation. Et la racine de la contemplation, c’est l’attention.

.... Ma vie ? C’est comme si depuis toujours, j’avançais dans la brume ! Et tout ce que je vois me semble déchirer un voile de néant posé sur le monde. Soudain ça m’apparaît, dans une splendeur ! Je suis sujet à des éblouissements. Ça peut être un visage, un objet. C’est comme si la création du monde était continue, que nous étions contemporains de la création du monde. C’est comme si la création n’était pas une chose à l’arrière de nous, mais exactement en train de se faire.


Christian Bobin - Extraits article Nouvelles Clés -