jeudi 28 juillet 2011

Krishnamurti - Voir : nature et beauté de l'observation et de la vision.



Les mots voir et vision chez Krishnamurti sont équivalents. Ecouter, observer, comprendre, prendre conscience de, percevoir ont également le sens de voir, voir complètement et totalement.

Pour Krishnamurti voir est essentiel. Voir est une affaire d'attention. Seule l'inattention donne naissance à un problème. Il est important de comprendre la nature et la beauté de l'observation, de la vision.

Tant que l'esprit est déformé par des impressions, des sentiments frôlant des névroses, par la peur, la tristesse, le souci, la santé, l'ambition, le snobisme, la recherche de puissance, il est incapable d'écouter, d'observer, de voir. C'est un point de connaissance qu'il nous faudrait approfondir. Non seulement verbalement mais intérieurement et profondément.

C'est le programme que préconise Krishnamurti: "Toujours nous voyons les choses partiellement, dit-il. D'abord parce que nous sommes inattentifs, secondement parce que nous les regardons à partir de nos préjugés, d'images verbales et psychologiques accompagnant ce que nous voyons. Jamais nous n'observons quoique ce soit d'une façon complète.

C'est chose ardue que de regarder objectivement même la nature. Regarder une fleur sans qu'il n'y ait aucune image, aucune notion botanique, simplement l'observer. Cela devient assez difficile parce que notre esprit vagabonde et ne s'intéresse à rien. Et même s'il s'intéresse, il contemple la fleur avec certaines appréciations, certaines descriptions verbales qui donnent à l'observateur le sentiment d'avoir vraiment regardé. Regarder de propos délibéré, c'est ne pas regarder. Donc jamais nous ne voyons la fleur, nous la voyons seulement à travers son image."


Cependant il nous est plus facile d'observer quelque chose qui ne nous touche pas profondément. Quant à nous observer nous-mêmes sans l'image, l'image qui est le passé, qui est faite de notre expérience et de notre savoir accumulé, cela ne nous arrive que bien rarement. Nous avons de nous-mêmes une image. Nous nous figurons devoir faire ceci et non cela. Nous avons construit de nous-mêmes une image préconçue et c'est à travers elle que nous nous contemplons. Cette façon de voir les choses n'est pas bien sûr constante.
Krishnamurti nous dit: "Le triomphe du passé, le triomphe du modèle : alors voir devient devoir ou vouloir. N'est-ce pas?
".


Extrait d'un texte sur Krishnamurti - Inconnu - Internet -




lundi 18 juillet 2011


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Roberto Assagioli - La réalisation de Soi

Roberto Assagioli était psychiatre et psychothérapeute (1888-1974). Il a été proche de Freud puis de Jung puis de Maslow. Puis il créa (1926) sa propre méthode, empreinte du mouvement humaniste de la psychologie : la psychosynthèse. S'appuyant sur les niveaux supraconscients, il considère le Soi comme une réalité vivante que l'on peut expérimenter.
Le chapitre du livre dont est extrait ce texte a été écrit entre 1957 et 1959. Aujourd'hui, ses principes constituent encore des bases essentielles pour tout le mouvement de la psychologie transpersonnelle, enrichie par ailleurs de nombreuses autres découvertes et expériences, dont celles du Dr Stanislas Groff.



… Avant tout, il faut avoir une idée claire de ce qu'implique le terme de « réalisation de soi ». On s'en est servi pour indiquer deux espèces d'expansion de conscience qui, bien qu'apparentées, sont d'une nature différente et se manifestent d'une manière dissemblable.

La signification attribuée le plus souvent à ce terme, est celle d'une croissance psychologique, de l'éveil, du développement et de la manifestation des potentialités latentes dans l'être humain, connue, par exemple, dans les expériences religieuses, éthiques ou esthétiques.
Il y a une autre sorte de réalisation, qui est la réalisation du Soi transpersonnel, c'est-à-dire l'expérience et la conscience du centre spirituel. Il s'agit là d'un état de conscience bien supérieur à la conscience de soi du moi personnel (ou « Je
») qui est à considérer comme un « reflet » du Soi spirituel, sa projection dans le champ de la personnalité.

La réalisation de soi peut s'accomplir sur différents niveaux et n'inclut pas nécessairement le niveau transpersonnel. D'autre part, un individu peut avoir des expériences spirituelles authentiques sans avoir une personnalité intégrée, c'est-à-dire sans avoir développé une personnalité harmonieuse et bien structurée. Ceci a été clairement indiqué par Jung qui attire notre attention sur le fait que le développement de la personnalité n'est pas une prérogative de l'homme de génie, et qu'un homme peut être génial sans même avoir, ou être, une « personnalité » constituée.

De plus, l'éveil spirituel et la réalisation transpersonnelle ne sont pas la même chose que la conscience du Soi. Ils embrassent différentes sortes de prise de conscience des contenus du supraconscient, soit qu'ils descendent dans le champ de la conscience, soit qu'ils soient perçus dans le processus d'ascension vers des niveaux supérieurs.

Le supraconscient constitue la partie supérieure de l'inconscient.
Il est cette zone de l'inconscient où résident à l'état latent ou potentiel les énergies supérieures de l'Esprit, les facultés et les pouvoirs supranormaux d'un genre élevé. C’est un aspect de la nature humaine dont le moi n'est pas normalement conscient. Le moi conscient peut s'élever (ou être transporté momentanément) jusqu'à cette région dans laquelle des expériences spécifiques et des états de conscience supérieurs lui seront accessibles.
Ou bien il peut arriver que certains contenus du supraconscient descendent et pénètrent dans le champ de la conscience donnant ainsi lieu à une catégorie spéciale de perceptions appelées couramment «intuitions, illuminations, inspirations
». Cet échange d'énergies a une grande importance et une valeur certaine, en tant que stimulation à la créativité.

On a récemment introduit en psychologie le terme « transpersonnel » pour indiquer ce que couramment l'on désigne comme « spirituel ». Ce premier terme est certainement préférable au point de vue scientifique, car il est plus précis et, dans un certain sens, plus neutre, puisqu'il indique ce qui est au-delà ou au-dessus de la personnalité normale. De plus, il évite bien des confusions avec tant de choses disparates que l'on appelle couramment « spirituelles » mais qui sont en réalité pseudo-spirituelles ou parapsychologiques.

Ainsi le terme « spirituel » est pris dans son acception la plus large, qui comprend non seulement les expériences d'un caractère spécifiquement religieux, mais tous les états de conscience, les fonctions et les activités qui ont comme commun dénominateur la possession de valeurs au-dessus de la moyenne : valeurs éthiques, esthétiques, héroïques, humanitaires et altruistes.
Nous comprenons donc dans l'appellation de « développement spirituel » toutes les expériences qui se rapportent à la conscience des contenus du supraconscient, sans que l'expérience du Soi y soit nécessairement incluse.

Il faut même reconnaître que le fait d'atteindre les niveaux du supraconscient et d'en entreprendre l'exploration, bien que ce soit une approche vers la conscience du Soi, peut quelquefois constituer un obstacle à la pleine réalisation du Soi transpersonnel, à l'atteinte du sommet où la conscience personnelle se fond dans la conscience du Soi spirituel. L'individu peut être tellement fasciné par les merveilles du royaume du supraconscient, si absorbé par elles, si identifié avec certains aspects ou certaines manifestations de ce domaine, que son aspiration vers le sommet de la réalisation spirituelle s'en trouve détournée ou entravée.

Le développement spirituel de l'homme est une aventure longue et ardue, un voyage à travers des pays inconnus, pleins de merveilles, mais aussi de difficultés et de dangers. Il implique une transmutation radicale des éléments « normaux » de la personnalité, l'éveil d'une série de facultés jusque-là inactives, de potentialités latentes, l'élévation de la conscience à des niveaux non encore atteints et son expansion suivant une nouvelle dimension intérieure. Nous ne devons donc pas nous étonner qu'un changement si complet, une transformation si fondamentale, se déroule à travers des stades critiques qui sont souvent accompagnés de troubles nerveux, émotionnels et mentaux.


Roberto Assagioli - Psychosynthèse, principes et techniques - Editions Desclée de Brouwer -


vendredi 15 juillet 2011

Jacques Castermane - Pratiquer la méditation



Nous vivons la plus grande part de notre existence en étant identifié au moi conditionné, l'ego, qui n'a de cesse que d'assurer sa sécurité, son confort, sa santé ; la grande peur du moi étant, bien entendu, la mort.
Cette centration au niveau d'être qu'est l'ego est à l'origine du souci, de l'appréhension, de l'inquiétude, de l'agitation de l'âme, de l'angoisse qui entravent un bien-être quotidien.

A quoi bon méditer ?
Il est « bon » de méditer pour se centrer dans cet autre niveau d'être que le bouddhisme appelle notre vraie nature, que Dürckheim appelle notre être essentiel.

L'exercice de la méditation est la chance de faire l'expérience de cet autre pôle de nous-mêmes. Grâce à l'exercice de la méditation, nous évitons de nous replier sur nous-mêmes et de nous enfermer dans notre propre ego avec le danger d'en faire notre identité.

En pratiquant la méditation, nous apprenons à vivre en relation avec notre être profond, source de notre état de santé fondamental dont les symptômes sont la tranquillité du corps, la sérénité de l'esprit et la paix de l'âme.

Vous en doutez ?
Pour lever le doute, il est un moyen très simple : commencer la pratique méditative et, ce faisant, préparer les conditions qui permettent et favorisent cette expérience.


Jacques Castermane - Editorial de la newsletter du Centre Durckheim à Mirmande (
26) -