mercredi 29 avril 2009



Je pense soudain à ce que je serais,
à ce que nous serions tous
si nous ne regardions plus nos manques et nos peines
comme des réalités fatales,
des objets tombés en nous depuis une réalité hostile,
mais si nous les lisions comme les signes de nos écarts,
de notre infidélité à la vie.
Et je suis ébloui.


Jacques Lusseyran


lundi 27 avril 2009

Eric Baret - Libre de tout dynamisme de vouloir changer quoi que ce soit



Le yoga n'est rien d'autre.
Sans aucun dynamisme, quelques mouvements sentis se réfèrent tout de suite à la vibration, à la tranquillité. La séance de yoga se termine là. Si le temps et les circonstances se présentent, on peut faire plus, pour la joie de faire, mais l'essentiel est accompli quand on sent ce corps vibrant, comme une chape de silence qui s'insinue dans toutes les couches du corps, l'espace devenu silencieux, le corps senti dans toutes les directions...
Dans cette dilatation, il y a clarté. Dès que je veux me trouver dans ce qui est dit, que je veux comprendre, que je veux quoi que ce soit, je quitte ce silence et de nouveau je me trouve dans le dynamisme mental.


Quand on a expérimenté cela quelques fois, on peut faire des économies! Ce n'est plus la peine de venir dans les séminaires. On reste chez soi, on fait quelques mouvements absurdes des bras, tranquillement. De nouveau, on se trouve dans ce silence, cette tranquillité. Cela suffit. Ce n'est pas la peine d'aller ailleurs pour trouver cela! Où que l'on soit, cette disponibilité demeure. Si, exceptionnellement, on replonge dans l'idée d'avoir une vie, un projet, un futur, on peut une dernière fois faire un séminaire pour retrouver cette évidence... Mais on ne peut pas passer sa vie à aller quelque part pour être tranquille. On est tranquille chez soi. La seule chose qui me fait quitter cette tranquillité, ce silence, c'est de me chercher dans la situation.

La non-clarté est la clarté en train de s'éveiller.
Vivre ce manque de clarté humblement, clairement, pratiquement, sans la moindre prétention qu'il devrait y avoir autre chose que cela. Dès lors que je veux enlever cette non-clarté pour obtenir la clarté, je m'échappe. Là est la véritable non-clarté.
Je sens en moi la non-clarté, la confusion. Je suis exactement comme je peux être, je ne peux pas être autrement. Je dis merci à ce ressenti, parce que je sais que c'est la clarté qui se cherche en moi. J'écoute, je me tais, je me tais de l'idée que je devrais être non confus. Je vibre à ma confusion, je suis présent. Je me rends compte alors que je ne suis pas confus - je sens la confusion. Je ne suis pas agité, je sens l'agitation. L'agitation est en moi, la confusion est en moi, la peur est en moi, le manque de clarté est en moi. Tout cela apparaît dans ma clarté, dans ma disponibilité. Je fais corps avec cela. Je suis libre de tout dynamisme de vouloir changer quoi que ce soit. C'est la seule porte. Il ne peut pas y en avoir d'autre. Ce n'est jamais devant, ce n'est jamais de faire, c'est toujours de revenir ici, présent, tranquille.
Je sens la résonance. Je ne m'occupe plus de la situation, du manque de clarté, du manque de ceci ou de cela. Je sens ce qui est là maintenant. La vérité est dans l'instant. Résonance, disponibilité. Là, un éclaircissement se fait. Si de nouveau - et quelle que soit la raison, parce que, profondément, il n'y a aucune raison - la non-clarté revient, la confusion revient, j'ai un respect profond pour cela.


Il est très important de se rendre compte que l'on n'est pas confus - on sent la confusion. Quelqu'un de vraiment confus ne sait pas qu'il l'est. Il se croit clair. Tous les « libérés » que l'on trouve sur le marché de la spiritualité et qui se croient clairs, voilà la confusion. Quand je sens la confusion, c'est que je vis la clarté. C'est parce que je suis clair que je perçois en moi la confusion, parce que je suis détendu que je perçois en moi la tension. Les gens tendus pensent être détendus. Quand on commence à être détendu, on se rend compte que l'on est tendu. Je me rends compte de la confusion, c'est la clarté en train de s'ouvrir en moi. Je reste là.
Ce qui doit s'accomplir s'accomplit, il n'y a rien à faire pour cela. Dès le moment où je veux me clarifier, là je suis dans la confusion. Je peux uniquement ajourner la confusion, la camoufler et me croire sage, libre ou autre chose. Donc je reviens à la résonance, à maintenant, à ce que je sens dans l'instant. Si c'est la tristesse, la tristesse est l'essentiel. Si c'est l'agitation, l'agitation est l'essentiel. Ce que je sens dans l'instant est ce qui est ultime. Il n'y a rien d'autre. Tout le reste, ce sont des histoires.
Si l'on joue avec le corps, c'est pour se familiariser avec cette évidence : je sens la tension, je ne suis pas tendu. Puis cela va se transposer. De cette résonance, de cette disponibilité au conflit va jaillir la résonance pour faire du yoga, pour manger convenablement, voir un thérapeute, changer de mari, acheter une nouvelle voiture... L’évidence est là. Je ne fais que la suivre, je n'agis pas dans un but ou un autre. Là est l'action véritable. Mais toute action intentionnelle est une forme d'enfantillage qui, à un moment donné, cesse de se présenter. Sans but à l'action, un véritable dynamisme non psychologique apparaît. Il contient toutes les actions possibles.


Eric Baret - Le seul désir - Editions Almora




mardi 21 avril 2009



Le Chemin est dépouillement.
Le Chemin que notre pas épouse, parfois dans la souffrance, passe, non par des schémas présupposés de rupture avec soi, et donc avec les autres, mais par des redécouvertes de soi que l'on a tôt fait de qualifier de ruptures, tant elles sont brutales, tant elles sont corrosives. Et l'ego, replié sur sa peur, les habille de souffrance.
Ces retrouvailles personnelles scellent notre recherche d'authenticité. Il est vrai que, dans l'instant, nous les vivons comme autant de fractures intimes. En ces temps actuels, le mental admet plus facilement les déséquilibres, les déchirements que les voies exigeantes et patientes de l'harmonie recréée. Le vocabulaire de la division est si commode... Notre malaise est un bon alibi! Et de là à penser que le Chemin, en lui-même, porte rupture et désunion, il n'y a qu'un pas, vite franchi.

Le Chemin est Vie.
Nul besoin de tenter d’expliquer, nul besoin de tenter de démontrer... Il n'y a pas la vie en dehors du Chemin, le Chemin en dehors de la vie. C'est dans la vie, la vôtre, à travers elle, qu'il s'expérimente, se crée et se vit. N'oublions pas sa réalité incarnée : il est plénitude et joie dans et à travers l'expérience quotidienne, vécue, ressentie, pétrie de notre splendide humanité.

Le Chemin est Unité.
Que nous soyons présent dans le regard de l'autre, cela ne nous appartient pas. Accepter ou refuser qu'entre ce regard et le nôtre la distance, la couleur du lien, l'intensité de l'échange puissent se modifier, cela par contre nous appartient. Acceptez la différence, la différenciation, le jeu duel de l'existence humaine, et, dans l'instant, surface et profondeur, endroit et envers, ombre et lumière en nous ne seront plus qu'un.

Le Chemin n'est que Confiance.
Il passe par le rayonnement de la plénitude qu'il nous est possible de pressentir et de goûter. Il passe par le rayonnement de cette plénitude dans la vie, à travers notre vie, jusqu'à baigner le regard et le cœur de l'autre.

Alors l'autre, retourné à lui-même, cheminera avec nous
et nous, revenu à nous-même, cheminerons avec lui.



Extraits de textes trouvés sur Internet



lundi 20 avril 2009



L’étreinte est une pratique de réconciliation
très profonde, dans le silence.

Quand nous serrons quelqu’un dans nos bras,
nos cœurs sont reliés
et nous savons que nous ne sommes pas des êtres séparés.

Embrasser avec notre pleine conscience
et notre concentration peut apporter la réconciliation,
la guérison, la compréhension et beaucoup de bonheur.


Quand nous nous embrassons de cette manière,
l’autre personne devient plus réelle et plus vivante.
Nous pouvons recevoir sa chaleur
et sa stabilité dans le moment présent.


Thich Nhat Hanh



lundi 6 avril 2009

Lorette Noblécourt - Consentement à l'essentiel

Lorette Noblécourt est écrivaine et nous livre dans ce récit introspectif et d'une exigence dépouillée, sa renaissance, passage de la névrose à l'Etre d'amour. Cheminement d'une grande limpidité de conscience, qui fait jaillir la lumière des ténèbres les plus oppressantes et délivre le regard du côté de la vie.


Nous savons qu’il n’y a rien à réussir car tout s’accomplit.

Chacun doit être défait de sa représentation pour être rendu seulement à ce qu’il est. Car être absolument ce que nous sommes c’est être beaucoup plus que ce que nous sommes. Devenir qui nous sommes c’est détruire en totalité la représentation que nous avons de nous-mêmes.

Cette vision exaltée de soi-même, cette identité idéale ; nous ne serons jamais celle ou celui que nous avons voulu être mais nous pouvons être enfin celle ou celui qui, en soi, devient. Cette défaite peut être notre plus grande victoire.

Cet homme qui croit être arrivé est un homme égaré. Toujours il faut recoudre les habits du voyage et repartir en soi même. Ce n’est pas s’élever dont il s’agit mais s’enfoncer. La véritable ascension relève, en réalité, d’une descente dans les profondeurs.

Et ce que nous appelons miracle est seulement la vie révélée dans son essence. La vie ce n’est ni scientifique, ni mystique ni magique ; c’est ontologique et poétique.

Et en éprouvant l’ombre et la lumière du monde, nous pressentons que l’ombre aussi a besoin d’amour.

Cette part inaltérable de l’Etre en nous, personne ne peut la posséder, y compris nous-même. Elle nous ouvre un accès continuel à la connaissance qui est un autre nom de l’amour.

La joie est la joie lorsqu’elle n’a aucune cause antérieure à elle-même. Comment chacun prend-il en charge son propre désir de vivre, comment chacun conduit-il ce désir vers la joie ? C’est la façon la plus humble que nous avons à notre portée d’appréhender les êtres.


Lorette Noblécourt - L'usure des jours - Editions Grasset





vendredi 3 avril 2009

Eric Baret - Disponible et présent ...



www.bhairava.ws


Votre sécurité, c'est ce qui se présente à vous… La sécurité, c'est d'être présent. Il n'y a que le présent. Dans le présent, personne ne manque! Vous êtes disponible : là, il y a la sécurité. Je me sens à la maison. Ma maison, c'est la disponibilité. Il n'y a pas de sécurité quelque part. De toute façon, la vie se charge de remettre en question la sécurité que représente votre mari, votre femme, votre enfant, votre corps ou votre compte en banque. La vie est très créative. La sécurité ne dépend pas d'une situation.

Ça ne veut pas dire que vous faites n'importe quoi! Vous respectez votre structure corporelle et psychologique. S'il vous est plus confortable physiologiquement de vivre avec un homme, avec une femme, avec un chien, vous le faites. S'il vous est plus confortable de manger une nourriture équilibrée, vous le faites. Mais vous ne vous cherchez plus là-dedans. Votre manière de vivre devient secondaire. Du fait que c'est secondaire, cela devient clair, donc facile. Où que vous soyez, il y a une facilité de vivre. Si vous avez énormément d'argent, vous gérez énormément d'argent. Si vous avez peu d'argent, vous gérez peu d'argent. Vous respectez le fonctionnement des choses. Vivre seul, vivre à deux, avoir des enfants : ces choses-là n'ont aucune importance. Il n'y a rien qui soit mieux.

Le fait que vous ne vous cherchiez plus là-dedans vous rend très sensible à ce qui éveille en vous une résonance. Quelque chose résonne autour de vous et vous trouvez l'environnement qui vous convient. Il n'y a pas de hasard. Ce que l'on fait, on le fait par résonance. Si l'on mange une nourriture saine, c'est pour la joie de la manger, pas parce que c'est bon pour la santé. La santé est un concept. Si demain je me fais écraser par un tracteur, que j'aie mangé des germes de blé ou du bifteck ne fera pas une grande différence...

Mais pour la joie, manger des graines germées, si vous en avez les moyens, si c'est possible, faites le. Si vous vous mariez, si vous avez des enfants, si vous faites du théâtre, du chant, de la musique, si vous travaillez, c'est pour la joie de le faire. On fait les choses pour la joie de les faire ; cela ne rapporte rien. Quand ce que je fais m'apporte quelque chose, je suis encore dans une histoire. Quand j'ai l'idéologie de vivre comme ceci ou comme cela, la moindre chose que je rencontre m'agresse. Si je n'ai pas d'histoire, je ne me sentirai pas agressé. Le corps peut être agressé. Mais vous ne vous sentez pas agressé. Quand il n'y a rien à manger, vous ne mangez pas : vous ne vous sentez pas agressé. Quant au corps, il réagira comme il réagira ; ce n'est pas un problème psychologique. Quand vous n'avez plus besoin d'homme ou de femme pour vivre avec vous, là vous pouvez vraiment vivre avec un homme ou une femme. Parce que vous n'avez plus rien à prendre.

Vous ne vivez pas une idylle, vous vivez ce qui est présent. Vous ne percevez pas l'autre tel qu'il devrait être, mais tel qu'il est. Il n'y a pas de surprise. Vous n'attendez rien : vous avez tout.
La joie, c'est de donner.


Eric Baret - Le seul désir - Editions Almora