jeudi 17 mars 2011



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Jean Klein - Vision non-duelle et complémentarité harmonieuse



Lorsque vous abordez un problème du point de vue de l’égo, il y a une confrontation d’objet à objet qui est partielle et fragmentaire. C’est seulement lorsque vous occupez la toile de fond (Témoin) que l’on peut vraiment parler d’un point de vue synthétique et global.

Pour pouvoir comprendre la perspective non-duelle, il faut se rendre compte que l'on est prisonnier de certains clichés qui nous font toujours voir les choses d'une façon duelle et fragmentaire. Pour retrouver la vision non-duelle, il faut nous habituer à reconsidérer les «fragments -objets» de notre connaissance usuelle dans leur relation avec les autres «fragments-objets» de manière à obtenir une vision globale de plus en plus étendue dans laquelle les oppositions et les conflits se transforment en complémentarité harmonieuse.
Il faut étendre cette «globalité» au maximum. En tendant vers ce maximum, notre vision globale nous présentera une réalité de plus en plus harmonieuse pour aboutir à la limite, à la vision unitive.

On constatera dans ce processus que tous les problèmes et tous les conflits ont pour cause une vision fragmentaire. À mesure que notre vision est moins fragmentaire et par conséquent plus globale, nous voyons les contradictions se réduire en oppositions et les oppositions s'atténuer peu à peu pour devenir des complémentarités.
Les complémentarités apparaissent alors comme des aspects de l'unité. Arrivé à ce point on est à la dernière étape. On se trouve devant une unité objective saisie par un sujet. Il n'y a plus qu'un pas à faire pour comprendre que cette dualité sujet-objet est encore irréelle et que le Réel est «Un».

Jean Klein - La joie sans objet - Editions Almora



samedi 12 mars 2011

Osho - L'action dans la relaxation...


De nombreuses personnes voudraient se détendre, mais elles ne peuvent pas se détendre. La détente est comme une fleuraison, vous ne pouvez pas la forcer. Vous devez comprendre le phénomène tout entier : pourquoi vous êtes si actif, pourquoi tant d'occupation active, pourquoi êtes-vous obsédé par elle.

Souvenez-vous de deux mots : l'un est action, l'autre est activité. L'action n'est pas de l'activité. L'activité n'est pas de l'action. Leurs natures sont diamétralement opposées. L'action c'est lorsque la situation l'exige, vous agissez, vous répondez. L'activité c'est lorsque la situation importe peu, ce n'est pas une réponse, vous êtes si agité intérieurement, que la situation est juste une excuse pour être actif.

L'action émerge d'un mental silencieux. L'activité émane d'un esprit agité. Agissez plus et laissez les activités cesser d'elles-mêmes. Peu à peu une transformation se passera en vous. Cela prend du temps, cela a besoin de saisons, mais il n'y a également aucune hâte.

Maintenant vous pouvez comprendre ce que signifie la relaxation. Cela signifie aucun désir d'activité en vous. La relaxation vient à vous lorsqu'il n'y a aucun désir d'activité, l'énergie est "chez elle" - ne se déplaçant nulle part. Si une certaine situation surgit vous agirez, c'est tout, mais vous ne cherchez pas une certaine excuse pour agir. Vous êtes à l'aise avec vous-même. Relaxation veut dire : être à la maison. La relaxation est non seulement celle du corps, non seulement celle du mental, elle est celle de votre être tout entier.

Vous êtes trop dans l'activisme et bien sur, fatigué, dispersé, desséché, congelé. L'énergie de vie ne circule pas. Il y a seulement des blocages, des blocages et des blocages. Et toutes les fois où vous faites quelque chose vous le faites dans une folie. Naturellement la nécessité de se détendre se fait sentir.

La relaxation est une absence, une absence d'activité, pas une absence d'action. Ne faites rien ! Aucune posture de yoga n'est nécessaire, aucune déformation ni contorsion du corps ne sont nécessaires. "Ne faites Rien !". Seule l'absence d'activité est nécessaire. Et comment viendra-t-elle ? Elle viendra par la compréhension. La compréhension est la seule discipline. Comprenez votre activisme et soudain, au beau milieu de l'activité, si vous devenez conscient, cet activisme s'arrêtera. Si vous devenez conscient de pourquoi vous le faites, cela s'arrêtera.

La relaxation n'est pas une posture, la relaxation est une transformation totale de votre énergie.


Osho, Extrait de: Tantra: The Supreme Understanding




jeudi 10 mars 2011

Fabrice Midal - Laisser le "Ah!" surgir dans la vie

Fabrice Midal est enseignant de la tradition bouddhiste dans la lignée de Chogyam Trungpa. Il est aussi philosophe, écrivain et conférencier.


Ah! ... Il ne s’agit pas du « Ah » des vocalises, ou encore celui d’un cri de peur, mais celui qui peut survenir alors que, perdus dans nos pensées, nous revenons à nous-mêmes. Ce Ah ! marque un léger étonnement. Il survient aussi au moment précis où nous faisons l’épreuve de la vérité comme une sorte de secousse.
Nous lisons un texte, un poème, parlons avec un ami, écoutons un morceau de musique et d’un seul coup quelque chose nous parle d’une manière indiscutable qui nous donne le sentiment que le monde devient plus réel. Quelque chose s’ouvre qui n’est pas construit ou fabriqué — qui n’était pas prévu. Ah !
Le cœur de la voie bouddhique est cette ouverture non décidée qui, reconnue, peut changer entièrement le ton de la situation.

Le sens de la méditation n’est pas de chercher à atteindre un état de calme et de faire de cette décision un nouveau projet. La méditation consiste à être ouvert à ce qui survient pour laisser l’espace nous réveiller. Comprendre cette distinction est sans doute le point le plus important pour découvrir le sens authentique de la pratique de la méditation.

Nous n’avons pas à atteindre un état donné de paix, mais à apprendre à laisser être les moments d’ouverture quand ils surviennent. Et pour ce faire, le chemin consiste à cultiver une attitude d’accueil chaleureux. C’est cet accueil qui est la paix, non l’absence d’agitation et de conflit.

Il existe deux ententes contradictoires de la paix. Une paix qui cherche à éviter tout conflit, tout contraste et nous enferme dans une sorte d’univers cotonneux où nous serions à l’abri. Une telle perspective n’est pas loin de celle qui prétend que nous serons en paix quand nous aurons mis tous les étrangers dehors, quand on aura aboli toute insécurité, que le principe de précaution sera totalement appliqué, que plus rien ne nous fera souffrir. En caricaturant : que l’idéal serait de pouvoir installer un globe au-dessus de nos maisons pour éviter la pluie et tout autre désagrément. Vivre dans un centre commercial à chaque instant. Dans un programme de télévision.

Mais il existe une autre entente de la paix qui accepte qu’il pleuve, qu’il puisse y avoir un moment d’ennui, que les choses ne soient pas exactement comme on le voudrait — autrement dit qui est prête à laisser survenir le « Ah ». Cette paix n’est pas la pétrification de tout conflit, mais l’acceptation du mouvement même de l’existence. Elle ne refuse pas les échecs et les désillusions, les douleurs et les incertitudes mais en fait autant d’occasions de redécouvrir le verso des choses — la dimension musicale de l’espace.

Le Ah ! surgit dans la pratique, dans la vie. Il prend aussi au niveau externe, le visage de ces coïncidences que Jung nommait synchronicités. Ces coïncidences sont des moments où la situation semble d’elle-même faire « Ah », rapproche des gens et des paroles d’une manière fulgurante…

Lorsque le « Ah » surgit, on ne peut pas le prévoir. Soudain quelque chose s’ouvre. La plupart du temps on ne fait pas attention à ce « Ah ». On fait attention aux images qui apparaissent sur l’écran mais on ne voit pas l’écran. On fait attention aux plantes qui poussent dans le jardin, mais on ne voit pas la terre d’où elles surgissent. Le « Ah » est la manière dont l’espace ouvert surgit d’un seul coup.


Fabrice Midal - Extrait de sa Newsletter mars 2011


lundi 7 mars 2011

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Jean Klein - Devenir notre objet d'observation



... Voyez-vous, il y a un certain nombre de choses qui sont importantes. Et la première est de comprendre, parce que la compréhension vous situe différemment. Vous ne pouvez pas vous situer arbitrairement. C'est seulement la compréhension en profondeur qui opère le changement.

Ce qui pour vous est important, c'est de prendre conscience de votre corps, de vos émotions et de vos pensées, et d'observer combien celles-ci varient continuellement. Vous découvrirez ainsi dans cette variété un type de pensée, un cliché si vous voulez, qui se répète plus ou moins et autour duquel vous rôdez continuellement.

Mais avant tout, devenez votre objet d'observation, en vous abstenant de tout jugement, et de toute critique ou condamnation : constatez simplement.


La connaissance du Soi ne vient que par l'acceptation. Il faut d'abord et avant tout s'accepter parce que de cette acceptation naît la possibilité même de se connaître. Autrement, il y a toujours fuite.
Et quand vous arrivez à la connaissance de vous-même, à la connaissance de tous vos rouages, de vos clichés et de vos moules, sans vous en rendre compte, vous vous placez en dehors. C'est tout ce qu'on demande pour le moment. N'exigez rien d'autre!



Jean Klein - La joie sans objet - Editions Almora