vendredi 18 février 2011

Jean Klein - Nous laisser convier aux rappels de vigilance et de disponibilité




... Lorsqu'un objet apparaît dans la Conscience, il n'a aucune réalité dans le passé, et il n'en a pas dans le futur. C'est seulement ce qui est dans l'instant même qui a valeur et réalité. C'est uniquement dans chaque instant que nous pouvons trouver en nous cette résonance. Donc, vouloir toujours retourner dans le passé, ou nous loger dans un hypothétique futur n'amène aucune solution. La seule possibilité d'en sortir réside dans l'instant présent.

En vérité, ce qu'on appelle l'instant présent n'existe pas, car il est déjà le passé. Nous ne pouvons jamais saisir un présent, mais seulement être présents à nous-mêmes, c'est-à-dire être « l'éternelle » présence...

... Donc, cette discrimination, qui approche les choses de cette manière vous dégage de tous les conditionnements habituels. C’est ce qu'on peut appeler la méditation, mais c’est pour ainsi dire une méditation continuelle. Ce n'est pas une méditation organisée entre sept et huit. C'est une méditation qui crée des rappels.

De même que la paresse engendre la paresse, l'état vigilant engendre des rappels de vigilance . Il crée la disponibilité à cette vigilance.
Un homme qui a une approche saine vis-à-vis des choses, a de fréquents rappels de disponibilité. Et c'est la répétition, non organisée, de cette disponibilité qui apporte la détente et la capacité de faire face aux différents événements.
Entreprendre systématiquement des méditations en les considérant comme une espèce de devoir, n'est qu'une violence supplémentaire vis-à-vis de soi-même.

Vous verrez, après notre réunion, que du fait que nous étions tous attentifs à la recherche de cet Objet - qui n'en est pas un bien entendu, puisqu'il est l'ultime Sujet -, vous pourrez peut-être constater qu'en traversant la rue demain ou après-demain, un furtif rappel de ces choses surgira dans votre esprit. Et le principal est de vous laisser convier à ce rappel.


Lorsqu'on vit d'une façon intime avec soi-même il y a des invitations auxquelles il faut répondre. II faut se laisser prendre, commencer à converser, et faire commerce avec ces sollicitations qui deviendront de plus en plus fréquentes et rapprochées, jusqu'à ce que nous soyons dans une continuelle et profonde méditation. Voilà l'approche saine, organique, non violente, qu'il faut avoir vis-à-vis de la vie.
Toute autre approche nécessitant discipline, violence, ou efforts de détachement, que ces efforts soient physiques, alimentaires ou psychiques, est à déconseiller.


Jean Klein - La joie sans objet - Editions Almora