Toujours l'ombre et la lumière vont de pair.
La Mère, compagne d'Aurobindo, insiste auprès de ses disciples pour dire : « Si vous découvrez une ombre très épaisse et très profonde, soyez sûr, quelque part en vous, d'une grande lumière. A vous de savoir utiliser l'une pour réaliser l’autre. C'est la moitié obscure de la Vérité » précise Aurobindo.
En Extrême-Orient, ce thème est bien connu : au centre de toutes nos ténèbres il y a un soleil ; au cœur de nos maux, il est un mystère inverse, chaque élément aussi obscur qu'il soit. Même l'erreur la plus grotesque, contient des abîmes de vérité. Le tout c'est de passer de l'un à l'autre ... et tous les yogas s'y évertuent.
Dans le christianisme ce passage, cette Pâque prend la figure de la croix, mais - on l'a parfois trop oublié en Occident, - de la croix transfigurée. L'acceptation libre de la mort ouvre sur la résurrection, les deux sont indissociables.
Toutes les traditions initiatiques en parlent, la réalisation de l'être passe toujours à travers une mort. Mais seul est capable de parler de la vie, de donner la vie et d'enseigner la vie, celui qui sait quelque chose de la mort et qui en a une certaine expérience. Mourir implique toutes les morts dans notre vie quotidienne : chaque perte qu'on accepte, chaque lien qui se brise ou qu'il faut briser, chaque renoncement choisi ou imposé et mille autres manières ... C'est toute une éducation, une ascèse qui est à la base de ce développement, de ce chemin initiatique.
Karlfried Graf Durckheim - Dialogue sur le chemin initiatique - Editions Albin Michel