www.francislucille.com
Parce que la peur est la personne et que la personne est la peur. Peur et désir sont une seule et même chose. Car une peur peut être exprimée en termes de désir et inversement. Par exemple, dire «je désire que tel événement se produise» revient à dire «je crains que tel événement ne se reproduise pas». L'ego en tant que tel, la pure pensée «Je», ne peut pas se maintenir ; elle se résorbe immédiatement dans sa source, la conscience.
Le mécanisme peur-désir permet de prêter à l'ego un faux-semblant de continuité. Tant que je vis dans l'attente de l'évènement souhaité ou craint, la personne qui attend se maintient en vie. Il en résulte que le seul remède contre l'ego, qui est par la même occasion un remède contre la peur et le désir, est la compréhension que nous ne sommes pas cet ego soumis à la peur et au désir.
Celle compréhension est le résultat d'une enquête en profondeur. Arriver à la clarté intellectuelle sur ce point est déjà un premier pas important, mais cette compréhension doit pénétrer plus profondément, parce que peur et désir ont un profond impact sur la structure et la texture corporelles. Lorsque nous ressentons la peur, nous devons l'accueillir complètement, sur tous les plans. Nous devons en voir la source, la notion d'être une entité personnelle, mais nous devons aussi la sentir corporellement. Nous ne devrions pas être effrayés d'elle. Nous devrions la laisser se déployer librement en nous afin de la voir pour ce qu'elle est en réalité : une série de sensations corporelles avec lesquelles nous nous identifions inconsciemment.
Francis Lucille "Le sens des choses". Editions Accarias L'Originel