Qu'y a-t-il de mal à chercher l'agréable et se détourner du désagréable? La rivière de la vie coule entre les rives de la souffrance et du plaisir. Il n'y a de problème que si le mental refuse de couler avec la vie et reste cloué aux rives. Ce que j'entends par couler avec la vie, c'est l'acceptation, laisser venir ce qui vient et laisser aller ce qui va. Ne désirez pas, n'ayez pas peur, observez le présent tel qu'il est et quand il arrive, car vous n'êtes pas ce qui arrive, mais celui à qui ça arrive. Et au fond, vous n'êtes même pas l'observateur. Vous êtes la potentialité ultime dont la conscience qui embrasse tout est la manifestation et l'expression.
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Il n'y a rien dans l'événement présent qui le rende différent du passé ou du futur. Car le passé fut réel l'espace d'un instant et le futur le deviendra. Qu'est-ce qui rend le présent si différent? Ma présence, évidemment. Je suis réel parce que je suis toujours maintenant, dans le présent, et ce qui est avec moi, maintenant, participe de ma réalité. Le passé est dans la mémoire, le futur dans l'imagination. Il n'y a rien dans le présent lui-même qui le fasse ressortir comme réel. Ce peut être un fait banal, répétitif, comme le battement d'une horloge. Bien que nous sachions que chaque battement est identique aux autres, le battement présent est entièrement différent du précédent et du suivant, qui sont, eux, remémorés ou attendus. Une chose qui fixe mon attention dans le maintenant m'est présente parce que je suis toujours présent ; c'est ma propre réalité que je communique à l'événement présent.
Entretiens de Sri Nisagardatta, rassemblés dans un livre "JE SUIS" aux Editions Les Deux Océans