.... Je vous disais tout à l'heure cette sorte de déception qui se produit quand on constate que l'autre n'est pas l'être extraordinaire qu'on avait supposé, dont on avait besoin. Mais, à ce moment-là, qu'est-ce qui commence à apparaître? L'autre commence à apparaître dans sa singularité, dans ses limites.
Si je peux accepter ma déception et si je peux vivre en rapport avec l'autre tel qu'il est dans ses limites, ce sont mes propres limites à moi qui vont venir, c'est ma propre singularité qui va venir, c'est la perception de la singularité de la rencontre.
Pourquoi ai-je eu tel partenaire? Pourquoi ai-je eu tel maître? Pourquoi ai-je cheminé avec tel analyste? C'est injustifiable, mais ça est.
Et l'on observe que c'est dans ces limites, dans la singularité de chacun et dans la perception de la singularité de l'autre, qu'en quelque sorte viennent, se tiennent et se vivent les ouvertures, les disponibilités aux énergies cosmiques, au savoir cosmique. Ça passe dans la relation et dans la relation interhumaine et ça passe dans la singularité de soi-même et la singularité de l'autre. Ceci me paraît être ce que l'être humain est en train de tenter à l'intérieur de la démarche analytique...
Elie Humbert - La dimension d'aimer - Editions Les cahiers jungiens de psychanalyse