Notre société est traversée de tourbillons qui sont ceux du temps : la contestation sociale s'y mêle à l'inquiétude, la résignation au manque d'espoir, les calculs politiciens aux attentes déçues. Une certaine sinistrose habite ce vieux pays fatigué qui est pourtant une des régions de cocagne du monde, un lieu favorisé par sa situation et ses ressources naturelles.
On parle pourtant trop peu d'un courant puissant qui traverse toutes les couches de la société française et européenne et que je définirais comme une révolution silencieuse : celle-ci se compose de toutes ces personnes qui décident de ne pas se laisser avoir par le marasme ambiant ni par la dépression globale et individuelle, et qui font l'effort de se prendre en charge intérieurement pour au moins évoluer dans leur être propre, éclaircir leur conscience, se rendre capable d'actions justes afin d'essayer de vivre en harmonie avec soi-même et avec autrui.
Ces personnes-là apprennent à fabriquer du sens dans leur vie, à collectionner des moments heureux, à réveiller l'enthousiasme dans les cœurs et l'énergie vitale dans leur corps, bref à être bienfaisants au sens large, et pour eux-mêmes et pour autrui.
Cette révolution, sans bruit mais pas sans paroles ni actes, prend diverses formes et se banalise à petits pas : voir l'intérêt pour le bio et les médecines douces, le nombre de cours de yoga et de «gymnosophies» diverses pour comprendre qu'il se passe quelque chose de fort et qu'un besoin s'exprime là, comme si la sagesse inhérente à chaque être humain partait en quête d'elle-même.
Lassés de ce que la société propose en termes de santé, de mieux-être, de divertissement et surtout de prise en charge des problèmes personnels, à quoi s'ajoute une impression généralisée que tout va de travers, des gens de plus en plus nombreux prennent leur destin en main et partent en quête de sens.
Marc de Smedt - Extraits de l'Editorial du magazine Nouvelles Clefs