L'enseignement de Richard Moss est une exploration du discernement entre l'Etre et l'Ego. Entrer dans ce questionnement nous aide à élargir une ouverture de conscience très reliée aux évènements de la vie quotidienne et à notre qualité relationnelle avec nous-même, l'autre, la vie et le divin.
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Tout d’abord, qu’est-ce qu’une relation ?
Pour la définir simplement, considérons la relation comme un «espace» ou une dynamique énergétique créée entre deux personnes ou plus, selon le «point de départ» de chacun. Ce «point de départ» est la nature de notre psychologie personnelle – notre degré de connaissance de nous-mêmes, et la mesure dans laquelle nous habitons notre soi authentique – et ce que nous apportons à la relation à partir de cette psychologie. On peut avoir comme point de départ un sentiment de sécurité ou d’insécurité intérieures, diverses peurs, la dépendance ou la suffisance, la confiance ou la méfiance.
Une relation n’est pas une chose statique. Elle se construit et devient saine ou malsaine, instant après instant. Lorsqu’une relation semble être figée dans une énergie qui est toujours la même, par exemple lorsqu’il y a souvent des conflits, c’est parce que les deux personnes sont coincées dans des schémas qu’elles ne cessent de reproduire. Le point de départ psychologique reste toujours le même et nous arrivons toujours au même endroit – c’est à dire dans le même malheur relationnel, tout à fait prévisible. Notre conscience est portée sur la douleur et sur des attentes si souvent insatisfaites ; on considère que c’est la relation, et non pas nous-mêmes, qui est le «problème».
Une relation est plus que les individus qui la constituent. Elle a sa propre qualité unique qui peut nous permettre de nous sentir plus vivants ou plus désespérés que si nous étions seuls. Mais ce n’est pas par chance ou par malchance que les choses se passent ainsi. L’énergie de la relation dépend du point de départ en nous-mêmes et chez l’autre. En règle générale, nous ne nous connaissons pas aussi bien que nous l’imaginons. Nous avons rarement conscience de notre propre psychologie au début. Nous amenons donc beaucoup d’inconscience dans nos relations –croyances, protections, réactivité, projections – venant de notre passé, et en particulier, de notre enfance.
C’est ici où la relation peut nous aider à devenir plus conscients. L’atmosphère de la relation nous renvoie en miroir notre inconscience particulière, à savoir à quel point nous sommes déconnectés de notre soi véritable au niveau de notre pensée ou de notre comportement à un moment donné. C’est cette distance intérieure entre notre psychologie et notre essence qui fait que nous voyons l’autre comme étant quelqu’un en qui nous ne pouvons pas avoir confiance, qui nous met en colère, ou qui nous blesse. Mais en réalité, si nous sommes malheureux ou insatisfaits, l’autre n’en est jamais la véritable cause. C’est nous qui avons peur de revendiquer et de vivre à partir de notre soi véritable, et d’accepter les conséquences que cela crée dans la relation. Si nous communiquons avec honnêteté et nous exprimons nos vrais sentiments, cette authenticité et cette confiance vont guérir la relation et nous amener vers une plus grande plénitude, ou bien nous allons prendre clairement conscience que nous ne souhaitons plus être dans cette relation et nous devrons alors la lâcher et en faire le deuil.
Mais avant de nous précipiter à mettre fin à une relation, nous devons être honnêtes avec nous-mêmes : ce n’est jamais l’autre qui peut nous rendre misérables ni nous sauver. Si nous nous sentons dépendants, en colère ou jaloux, ou si nous imaginons que l’autre est notre âme-sœur, c’est à cause de la distance entre nous-mêmes et notre propre soi authentique. Nous avons envie de croire que l’autre est «la bonne personne» pour nous, ou encore que c’est à cause de l’autre qu’il y a tant de douleur – mais ce n’est jamais le cas.
Une relation qui nous élève et nous met dans un état de clarté, un sentiment de gratitude et de créativité renouvelée signifie que nous prenons le risque de dépasser notre psychologie d’enfance, et que notre point de départ est devenu quelque chose de plus authentique et de plus essentiel. Parallèlement, une relation qui nous appauvrit, dans laquelle nous nous sentons jaloux, en colère, inconsidéré et plein de jugements, et dans laquelle il y a beaucoup de conflits qui ne débouchent pas sur une compréhension approfondie et une meilleure connexion, est une relation dans laquelle le point de départ des deux personnes est faux, et elles ne le savent pas.
Une fois que nous aurons compris que ce n’est pas par hasard que la relation est malheureuse, et nous sommes prêts à accepter que ce n’est jamais complètement la faute de l’autre, nous pouvons commencer à faire évoluer la relation. Pour ce faire, il faut, bien entendu, travailler sur nous-mêmes et sur la relation, et spécifiquement sur notre manière d’écouter et de communiquer. Il faut prendre conscience du faux soi – la manière dont, enfant, nous avons refoulé certains sentiments menaçants, créant ainsi une persona plus ou moins positive pour déguiser notre insécurité et la cacher non seulement aux yeux des autres, mais surtout, aux nôtres. Le faux soi n’est pas réellement capable de vivre une vraie intimité. Il se manifeste inéluctablement à un certain stade de notre vie ; c’est lui qui crée les schémas destructeurs dans les relations. C’est notre faux soi qui nous fait croire que nous pouvons sauver l’autre ou que nous sommes indispensables, et c’est lui qui nous fait attendre la perfection, chez nous-mêmes ou chez l’autre. Il peut nous amener à créer une image héroïque de nous-mêmes qui nous pousse à être rebelles ou non-conformistes, ou bien stoïques sans avoir accès à nos vrais sentiments. Parfois il nous pousse à vivre dans un monde personnel fantasmé, ce qui nous amène à nous retirer ou à être distants et détachés. Lorsque nous vivons à partir de quelque chose en nous-mêmes qui n’est pas réel, nos relations ne peuvent pas vraiment réussir, et elles deviennent des relations malheureuses, tendues ou anesthésiées.
Lorsque nous devenons suffisamment matures pour nous rendre compte que «l’homme ou la femme parfait» qui va nous sauver n’existe pas, nous pouvons commencer alors à travailler sur nous-mêmes et faire évoluer des relations qui peuvent vraiment devenir merveilleuses. Faire consciemment évoluer nos relations est une des choses les plus créatives que nous puissions faire dans notre vie.
Interview réalisée par Jacques Durand, avec l'assistance de Deborah Bacon.
Une relation n’est pas une chose statique. Elle se construit et devient saine ou malsaine, instant après instant. Lorsqu’une relation semble être figée dans une énergie qui est toujours la même, par exemple lorsqu’il y a souvent des conflits, c’est parce que les deux personnes sont coincées dans des schémas qu’elles ne cessent de reproduire. Le point de départ psychologique reste toujours le même et nous arrivons toujours au même endroit – c’est à dire dans le même malheur relationnel, tout à fait prévisible. Notre conscience est portée sur la douleur et sur des attentes si souvent insatisfaites ; on considère que c’est la relation, et non pas nous-mêmes, qui est le «problème».
Une relation est plus que les individus qui la constituent. Elle a sa propre qualité unique qui peut nous permettre de nous sentir plus vivants ou plus désespérés que si nous étions seuls. Mais ce n’est pas par chance ou par malchance que les choses se passent ainsi. L’énergie de la relation dépend du point de départ en nous-mêmes et chez l’autre. En règle générale, nous ne nous connaissons pas aussi bien que nous l’imaginons. Nous avons rarement conscience de notre propre psychologie au début. Nous amenons donc beaucoup d’inconscience dans nos relations –croyances, protections, réactivité, projections – venant de notre passé, et en particulier, de notre enfance.
C’est ici où la relation peut nous aider à devenir plus conscients. L’atmosphère de la relation nous renvoie en miroir notre inconscience particulière, à savoir à quel point nous sommes déconnectés de notre soi véritable au niveau de notre pensée ou de notre comportement à un moment donné. C’est cette distance intérieure entre notre psychologie et notre essence qui fait que nous voyons l’autre comme étant quelqu’un en qui nous ne pouvons pas avoir confiance, qui nous met en colère, ou qui nous blesse. Mais en réalité, si nous sommes malheureux ou insatisfaits, l’autre n’en est jamais la véritable cause. C’est nous qui avons peur de revendiquer et de vivre à partir de notre soi véritable, et d’accepter les conséquences que cela crée dans la relation. Si nous communiquons avec honnêteté et nous exprimons nos vrais sentiments, cette authenticité et cette confiance vont guérir la relation et nous amener vers une plus grande plénitude, ou bien nous allons prendre clairement conscience que nous ne souhaitons plus être dans cette relation et nous devrons alors la lâcher et en faire le deuil.
Mais avant de nous précipiter à mettre fin à une relation, nous devons être honnêtes avec nous-mêmes : ce n’est jamais l’autre qui peut nous rendre misérables ni nous sauver. Si nous nous sentons dépendants, en colère ou jaloux, ou si nous imaginons que l’autre est notre âme-sœur, c’est à cause de la distance entre nous-mêmes et notre propre soi authentique. Nous avons envie de croire que l’autre est «la bonne personne» pour nous, ou encore que c’est à cause de l’autre qu’il y a tant de douleur – mais ce n’est jamais le cas.
Une relation qui nous élève et nous met dans un état de clarté, un sentiment de gratitude et de créativité renouvelée signifie que nous prenons le risque de dépasser notre psychologie d’enfance, et que notre point de départ est devenu quelque chose de plus authentique et de plus essentiel. Parallèlement, une relation qui nous appauvrit, dans laquelle nous nous sentons jaloux, en colère, inconsidéré et plein de jugements, et dans laquelle il y a beaucoup de conflits qui ne débouchent pas sur une compréhension approfondie et une meilleure connexion, est une relation dans laquelle le point de départ des deux personnes est faux, et elles ne le savent pas.
Une fois que nous aurons compris que ce n’est pas par hasard que la relation est malheureuse, et nous sommes prêts à accepter que ce n’est jamais complètement la faute de l’autre, nous pouvons commencer à faire évoluer la relation. Pour ce faire, il faut, bien entendu, travailler sur nous-mêmes et sur la relation, et spécifiquement sur notre manière d’écouter et de communiquer. Il faut prendre conscience du faux soi – la manière dont, enfant, nous avons refoulé certains sentiments menaçants, créant ainsi une persona plus ou moins positive pour déguiser notre insécurité et la cacher non seulement aux yeux des autres, mais surtout, aux nôtres. Le faux soi n’est pas réellement capable de vivre une vraie intimité. Il se manifeste inéluctablement à un certain stade de notre vie ; c’est lui qui crée les schémas destructeurs dans les relations. C’est notre faux soi qui nous fait croire que nous pouvons sauver l’autre ou que nous sommes indispensables, et c’est lui qui nous fait attendre la perfection, chez nous-mêmes ou chez l’autre. Il peut nous amener à créer une image héroïque de nous-mêmes qui nous pousse à être rebelles ou non-conformistes, ou bien stoïques sans avoir accès à nos vrais sentiments. Parfois il nous pousse à vivre dans un monde personnel fantasmé, ce qui nous amène à nous retirer ou à être distants et détachés. Lorsque nous vivons à partir de quelque chose en nous-mêmes qui n’est pas réel, nos relations ne peuvent pas vraiment réussir, et elles deviennent des relations malheureuses, tendues ou anesthésiées.
Lorsque nous devenons suffisamment matures pour nous rendre compte que «l’homme ou la femme parfait» qui va nous sauver n’existe pas, nous pouvons commencer alors à travailler sur nous-mêmes et faire évoluer des relations qui peuvent vraiment devenir merveilleuses. Faire consciemment évoluer nos relations est une des choses les plus créatives que nous puissions faire dans notre vie.
Interview réalisée par Jacques Durand, avec l'assistance de Deborah Bacon.