dimanche 27 janvier 2008

Daniel Odier "Soyons comme une vague..."

Daniel Odier réunit dans son enseignement les deux voies qui le touchent le plus profondément, un bouddhisme laïc en prise directe avec la réalité quotidienne touchant l'essence du Chan et la transmission du tantrisme shivaïte. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages.
Dans le livre d'où est extrait ce texte, il expose une philosophie et une pratique de méditation essentielle, le Mahâmudra. Ce passage nous donne à percevoir la non saisie de tout moment de vie.


Nous faisons trop d’efforts, nous voulons trop un état à propos duquel nous développons toute une fantasmatique. Nous avons peur de perdre un état avant même de l’avoir touché et, dès que nous le touchons, nous le perdons effectivement. Ce n’est pas nous qui touchons l’état, c’est l’état qui nous touche. Ce n’est pas nous qui créons le silence, c’est le silence qui nous envahit. Laissons-lui la liberté de nous effleurer, de nous pénétrer, de s’installer quelques minutes en nous, de nous quitter, de revenir. Si lorsque le silence nous quitte nous avons l’impression d’un échec, la tension que la culpabilité produit prévient tout retour de l’état d’unité. C’est la chose la plus difficile à toucher : accepter le liberté du mouvement, la créativité de la vie, comprendre qu’un état fixe, aussi merveilleux soit-il, n’est pas compatible avec la vie. (…)
Entrons dans le grand mouvement sphérique, oublions la trajectoire rectiligne qui suppose une progression et l’atteinte d’un but. Soyons comme une vague qui accepte sa trajectoire, sa force, sa faiblesse, sa liberté, l’absence de choix.

Daniel Odier "L’incendie du cœur"- Edition Le Relié Poche, p 40
http://danielodier.com